Pour le quatorzième anniversaire de la chute du dictateur Ben Ali en Tunisie, deux manifestations ont eu lieu dans le centre-ville de Tunis, mardi 14 janvier. La première, menée par la coalition politique le Front de salut national a réuni surtout des familles d'opposants politiques emprisonnés et des membres de partis. La seconde, l'après-midi, a rassemblé des jeunes issus de la société civile. Un anniversaire en demi-teinte face au resserrement politique que vit le pays.
Des cris encore puissants mais en nombre réduit. Parmi la centaine de manifestants du Front de salut national dans le centre de Tunis, beaucoup fêtent amèrement ce 14 janvier. Ahmed Nejib Chebbi, militant de gauche de 80 ans et vétéran de la politique compare la situation actuelle à celle dix ans après la révolution française.
« L'état d'esprit des Français était exactement celui des Tunisiens aujourd'hui. Un rejet de la convention, une méfiance à l'égard du politique. Donc, c'est des creux que connaissent les révolutions. Nous connaissons notre creux. Notre population a été déçue par la gestion du pouvoir pendant les dix années de transition mais l'aspiration à la liberté est très profondément enracinée en nous », lance l'activiste.
« Impossible de renoncer à la liberté »
Une soif de liberté, c'est ce qu'ont montré des jeunes militants de la société civile l'après-midi avec une seconde manifestation. Moins de quelques centaines de personnes se sont réunies, contrôlées par un grand déploiement sécuritaire.
« Moi je fais partie des jeunes qui ont grandi avec la révolution, avec la liberté d'expression. Je n'ai pas grandi avec des interdits sur les sujets politiques, donc c'est impossible pour moi, aujourd'hui, de renoncer à cette liberté », confie Lina Ben Snoussi, militante féministe de 21 ans.
Parmi les slogans, beaucoup ont rappelé les affaires concernant les opposants politiques en prison et la répression croissante des libertés.