Ile Maurice: Nawaf Salam, un Libanais engagé et ami du pays

Nawaf Salam, ancien président de la Cour internationale de justice de La Haye, qui était, en 2019, l'un des 13 juges sur 14 à avoir voté en faveur de Maurice pour la souveraineté des Chagos, est devenu le nouveau Premier ministre du Liban, lundi 13 janvier. Le même jour, il a quitté La Haye pour rejoindre son pays, et hier, il était attendu pour rencontrer le nouveau président du Liban, Joseph Aoun, fraîchement élu le 9 janvier. Ce mercredi, il rencontre les nouveaux députés et les blocs parlementaires pour prendre connaissance de leurs demandes et attentes afin de former le nouveau gouvernement.

«Lorsqu'il était aux Nations Unies, il a rencontré de nombreux Mauriciens», affirme un Libanais, qui côtoie le nouveau Premier ministre depuis plusieurs années et qui visite souvent Maurice. «Je le connais bien. C'est un ami de l'île Maurice», ajoute-t-il, le qualifiant de personne «très sérieuse», «honnête» et «cultivée», ayant poursuivi des études approfondies à l'étranger. «Il veut travailler pour le Liban. D'ailleurs, il a beaucoup œuvré pour l'humanité, notamment lorsqu'il était à New York, où il a tissé des liens avec de nombreuses personnes», souligne-t-il. «Nous félicitons le nouveau Premier ministre pour avoir accepté ce poste», indique t-il, avant de souligner que le Liban a désormais un nouveau président et un nouveau Premier ministre. Selon lui, ces deux nouvelles figures pourraient représenter une lueur d'espoir pour le pays, qui était sans dirigeant depuis deux ans et deux mois. En effet, le pays était dirigé par un gouvernement intérimaire sous la conduite de Najib Mikati.

Nawaf Salam, juge international âgé de 71 ans et diplomate d'expérience, qui était jusqu'à présent président de la Cour internationale de justice à La Haye, devra relever d'importants défis dans un Liban en pleine crise. Najib Mikati, également pressenti pour diriger le prochain gouvernement, n'a pas été retenu. Joseph Aoun, élu président du Liban le 9 janvier, a annoncé la nomination de Nawaf Salam à la tête du gouvernement après des consultations parlementaires.

Le système politique libanais repose sur un partage du pouvoir entre les communautés religieuses, avec un président de la République chrétien maronite, un Premier ministre musulman sunnite et un président du Parlement musulman chiite. Conformément à la Constitution libanaise, le chef de l'État consulte les représentants de toutes les formations parlementaires ainsi que les élus indépendants avant de nommer le Premier ministre soutenu par la majorité des députés. Au total, 84 députés sur 128 ont désigné Nawaf Salam, contre seulement neuf voix pour Najib Mikati, tandis que 35 parlementaires, dont ceux du Hezbollah, se sont abstenus de soutenir un candidat.

Firas Hamdane, l'un des députés élus à la suite des manifestations populaires de 2019, a salué la nomination de Nawaf Salam comme un «choix libanais, sans ingérence extérieure». Le député Gebran Bassil, quant à lui, a vu en lui un «visage réformiste». Le défi majeur pour le nouveau Premier ministre sera de réussir à mettre en place des réformes économiques nécessaires pour répondre aux attentes des donateurs internationaux et relancer l'économie libanaise après des années de crise.

Bio express de Nawaf Salam

Nawaf Salam possède un parcours académique remarquable, comprenant un doctorat d'État de Sciences-Po Paris, un doctorat en Histoire de la Sorbonne et un Master of Laws (LL.M) de l'Université Harvard. Sa carrière diplomatique a débuté en juillet 2007 lorsqu'il a été nommé représentant permanent du Liban auprès des Nations Unies à New York. Dans ce rôle important, il a représenté le Liban au Conseil de sécurité lors du mandat de deux ans du pays en tant que membre non permanent en 2010 et 2011. Au cours de cette période, il a également assumé la présidence tournante du Conseil en mai 2010 et septembre 2011.

De plus, l'Ambassadeur Salam a été élu Vice-Président de la 67e session de l'Assemblée générale des Nations Unies en juin 2012. Avant son entrée en diplomatie à New York, l'Ambassadeur Salam a exercé le droit depuis 1984. Il a également contribué au monde académique en enseignant l'histoire contemporaine à l'Université de la Sorbonne, ainsi que les relations internationales et le droit à l'Université américaine de Beyrouth, où il a occupé le poste de président du Département d'études politiques et de gestion publique.

Sur le dossier Chagos, Nawaf Salam avait souscrit à l'essentiel du raisonnement de la CIJ mais avait aussi fait ressortir que la Cour n'est pas allée assez loin, trouvant même «regrettable que celle-ci n'ait fait, dans ce contexte, aucune mention expresse de la question de l'indemnisation éventuelle des Chagossiens.

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