L'économie mondiale d'aujourd'hui a tout d'une bonne vieille telenovela, ses intrigues amoureuses, ses coups bas, et ses alliances inattendues qui défient toute logique. Chaque épisode apporte son lot de tensions, de drames et de retournements de situation, et la RDC pourrait y jouer un rôle clé. Pourtant, jusqu'ici, elle reste cantonnée à un rôle secondaire, comme une héroïne timide qu'on oublie dans la cuisine pendant que les personnages plus flamboyants s'accaparent la scène.
Pour JO M. Sekimonyo Mutabazi, il estime que sous ses airs modestes, la RDC cache un trésor qui pourrait bouleverser toute l'intrigue : le cobalt et le cuivre, les nouvelles épices incontournables de la transition énergétique mondiale.
Dans un contexte de dépolarisation économique et de guerres tarifaires où les superpuissances s'affrontent comme des demi-frères pour l'héritage familial, la RDC est à un carrefour stratégique. Va-t-elle continuer à fournir ses richesses naturelles sans broncher ou saisir l'occasion pour devenir une actrice majeure de ce grand soap opéra économique ?
SelonJO M. Sekimonyo Mutabazi, le décor est planté. Sur la scène internationale, Donald Trump, revenu à la charge à Washington, et Xi Jinping, toujours maître du jeu en Chine, ont déjà initié l'intention d'une bataille féroce à coups de tarifs douaniers, de subventions et de menaces plus ou moins voilées. Ces tensions, loin d'être anecdotiques, pourraient faire voler en éclats des chaînes d'approvisionnement qui, autrefois, fonctionnaient comme un dance floor un samedi soir. Désormais, chaque acteur joue pour soi, érigeant des barrières dignes des douves du Moyen Âge pour protéger ses propres intérêts.
Le gouvernement congolais, dépendant des revenus de ses matières premières, va se retrouver piégé dans cette recomposition chaotique. Ses débouchés traditionnels sont menacés par ces nouvelles forteresses protectionnistes.
Et comme si cela ne suffisait pas, les investisseurs étrangers, pourront être pris de panique face à l'instabilité géopolitique, fuiront probablement vers des marchés jugés plus « stables ». Résultat : Kinshasa doit déjà commencer se demander comment maintenir le train de vie dans la République de la Gombe et continuer à hypnotiser le reste alors que les capitaux nécessaires se volatilisent comme dans une scène dramatique où le fiancé quitte l'héroïne devant l'autel.
Rebondissement inattendu ?
Mais, comme dans toute télénovela qui se respecte, il y a toujours un rebondissement inattendu. Juste au moment où tout semble perdu, un événement imprévisible vient bouleverser le cours de l'histoire. Dans ce grand remaniement des relations commerciales, des portes insoupçonnées s'entrouvrent pour la RDC.
Les grandes puissances, en plein duel digne d'un western géopolitique, cherchent désespérément de nouveaux partenaires pour sécuriser leur approvisionnement en cobalt, ce métal magique qui fait vibrer les batteries électriques et alimente les rêves d'un avenir sans émissions. Avec 70 % des réserves mondiales de ce précieux métal bleu, on pourrait croire que c'est la carte maîtresse que tient la RDC pour s'imposer comme un acteur clé. En terme et aspects modernes de développement, non !
Mais encore, dans cette télénovela, la RDC joue encore le rôle du personnage qui ne réalise pas qu'il est le héros. Elle laisse passer l'occasion de dicter ses termes et de transformer ses ressources en levier stratégique. C'est un peu comme être invité à un bal de gala avec une robe de princesse et arriver en pantoufles. Les grandes puissances se pressent, veulent séduire, mais la RDC, pour l'instant, n'a pas encore trouvé le moyen de jouer pleinement son rôle de vedette.
A ce point, la question est de savoir si elle choisira de rester la servante dévouée, offrant ses trésors à des prix imposés par d'autres, ou si elle osera réécrire le scénario et se transformer en productrice qui impose ses conditions. Après tout, le monde ne pourra pas rouler vers un avenir vert sans les minerais congolais. Pourquoi ne pas négocier une place au sommet plutôt que de se contenter d'apparaître dans les remerciements de fin de générique ?
Une Révolution industrielle en devenir
Toutefois, vouloir ne suffit pas. Transformer localement le cobalt et le cuivre en batteries ou en puces électroniques, c'est un peu comme vouloir produire un blockbuster hollywoodien avec le budget d'un court-métrage étudiant, une caméra prêtée, et un acteur principal qui se perd en route pour le tournage. L'ambition est noble, mais la réalité est semée d'embûches.
La RDC manque de main-d'oeuvre qualifiée, de capitaux et d'infrastructures modernes pour mettre en oeuvre une révolution industrielle digne de ce nom. Les routes, souvent plus adaptées aux charrettes qu'aux camions, entravent la circulation des marchandises, tandis que l'accès à Internet, pourtant essentiel pour les entreprises innovantes, demeure un luxe. Non seulement le réseau est coûteux, mais il couvre à peine une fraction du territoire, privant de vastes régions d'une connexion fiable et limitant les opportunités de développement numérique.
Quant à l'éducation, elle reste dans un état déplorable, aggravée par un fossé béant en matière d'accès et de matériel didactique. Ce gap, déjà alarmant entre les riches et les pauvres, devient abyssal entre les zones urbaines et rurales, où les infrastructures éducatives sont souvent inexistantes ou inadaptées. Cette fracture éducative non seulement perpétue les inégalités, mais freine aussi la formation d'une main-d'oeuvre compétente, capable de répondre aux exigences d'une économie moderne.
En comparaison, l'Ethiopie, qui s'est lancée dans l'industrie textile, a dû tout construire à partir de zéro : des usines aux partenariats avec des marques internationales. Cela prouve que rien n'est impossible, mais que chaque pas demande une stratégie minutieuse et une bonne dose de persévérance.
Pour autant, ce n'est pas une raison de laisser le rêve industriel mourir dans l'oeuf. Plutôt que de viser des projets monumentaux dès le départ, la RDC pourrait miser sur la création de centres de recherche et d'application, des laboratoires innovants qui réuniraient experts locaux et internationaux pour développer de nouvelles technologies. Imaginez un centre à Kisangani où l'on mettrait au point des prototypes de batteries moins coûteuses, conçues spécifiquement pour les besoins locaux, tout en préparant la main-d'oeuvre congolaise à maîtriser ces technologies.
Inspirons-nous de la Corée du Sud, qui, dans les années 1970, a investi massivement dans la recherche pour devenir un leader mondial de l'innovation. Avec des centres comme celui-là, la RDC pourrait non seulement attirer des investisseurs étrangers, mais aussi poser les bases d'une industrie technologique robuste. Ce n'est pas un sprint, mais une série de petits pas bien planifiés. Avec une touche d'audace et un zeste de pragmatisme, la RDC pourrait prouver qu'elle n'est pas juste un terrain d'exploitation, mais une actrice majeure sur la scène industrielle mondiale.
Stratégies à petit budget
Une voie plus audacieuse, pourrait être d'unir ses forces à celles de ses voisins. Imaginons une « OPEP » des minerais stratégiques, regroupant la RDC, la Zambie (pour le cuivre) et l'Afrique du Sud (pour le platine). Ensemble, ces nations pourraient contrôler l'offre mondiale, fixer des quotas, et négocier collectivement avec les grandes puissances, imposant leurs propres règles sur des ressources essentielles à l'économie verte.
Un tel cartel minier aurait des effets révolutionnaires. Au lieu de subir passivement les fluctuations des marchés boursiers pilotés depuis Londres ou New York, les pays africains dicteraient enfin leurs propres conditions. Ce serait un peu comme si les figurants d'une série décidaient soudain d'improviser leurs répliques et de voler la vedette aux personnages principaux.
Les minerais comme le cobalt, le cuivre et le platine deviendraient des leviers pour exiger des accords plus équitables et des retombées économiques concrètes, notamment en termes de création d'emplois et de développement local. Avec une telle alliance, les pays africains cesseraient d'être des fournisseurs invisibles et deviendraient des acteurs incontournables dans la nouvelle économie mondiale.
Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Imaginez la RDC se doter de son propre centre de négoce des minerais, une sorte de « Wall Street du cobalt » flamboyant, niché à Gemena ou Kata kokombe. Un lieu où les traders internationaux, habitués à leurs salles climatisées de Londres ou de Dubaï, se retrouveraient soudain à négocier sous un soleil de plomb, costume-cravate dégoulinant de sueur, ou mieux, via des plateformes en ligne développées localement.
Ce hub deviendrait le coeur battant du commerce des ressources stratégiques, où les négociants congolais pourraient enfin vendre leurs minerais directement aux industriels, en éjectant cette myriade d'intermédiaires bien trop gourmands qui se goinfrent depuis trop longtemps. Finies les transactions à la « prix imposé », place à un marché transparent où les prix seraient fixés par les vrais maîtres du jeu : ceux qui extraient, pas ceux qui observent derrière un écran à Wall Street.
On peut déjà imaginer le choc culturel : des financiers internationaux jonglant entre tablettes et chèches pour se protéger du soleil, négociant fébrilement avec des entrepreneurs congolais à l'ombre d'un manguier. Pendant ce temps, la RDC, bien assise dans son fauteuil de décisionnaire, fixerait ses propres règles, redistribuant enfin les cartes du commerce mondial des minerais.
Mais ce centre ne serait pas qu'un marché : ce serait un symbole puissant, une déclaration d'indépendance économique. Fini le rôle du figurant dans le théâtre économique mondial ; la RDC entrerait dans le cercle des faiseurs de prix. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, un trader américain ou chinois se vanterait dans les soirées mondaines de New York ou Shanghai d'avoir scellé un deal historique au marché des matières premières à Gemena ... et pas à Londres.
Le Coup de Théâtre Politique
Politiquement, ce serait une révolution théâtrale digne d'un acte final où le rideau se lève enfin sur un nouveau rôle pour la RDC. Du figurant tragique relégué aux marges du récit mondial, elle pourrait émerger comme un protagoniste audacieux, écrivant son propre scénario. Trop longtemps, la RDC a été brandie comme l'incarnation de la « malédiction des ressources », ce paradoxe cruel où l'abondance de richesses minières ne fait qu'alimenter conflits et corruption, laissant la prospérité collective à l'état de rêve lointain.
Mais les rêves, même les plus fragiles, méritent une chance. Pour inverser ce script désespérant, il ne suffira pas d'un simple coup de pioche, mais d'un coup de génie, d'une stratégie lucide et concertée qui s'appuierait sur une ressource souvent oubliée : son peuple.
Car là où le sous-sol congolais regorge de trésors, la surface recèle un autre potentiel, peut-être encore plus précieux : un vaste vivier de jeunes esprits brillants, pleins de créativité et d'énergie, mais jusqu'ici sous-estimés, inexploités, parfois même oubliés. Ces millions de jeunes, coincés dans une économie qui ne leur offre que peu d'opportunités, pourraient devenir la carte maîtresse de la RDC si elle choisissait d'investir en eux.
Et c'est là que réside une certaine tristesse : tant de potentiel inexprimé, tant de rêves étouffés par un système qui privilégie l'extraction brute à la construction intellectuelle. Pourtant, l'histoire n'est pas encore écrite. Avec une vision audacieuse et des politiques tournées vers l'éducation, l'innovation, et l'autonomisation, la RDC pourrait enfin montrer au monde que ses véritables richesses ne se trouvent pas seulement dans ses minerais, mais dans son peuple.
Toutefois, dans ce nouveau scénario, les grandes puissances réaliseraient peut-être un peu tard que sous-estimer un pays aussi riche en ressources et en talents est une erreur. Ce n'est pas seulement une question de posséder les cartes, mais de savoir les jouer avec audace et intelligence.
L'Avenir de la RDC : Prendre les rênes
Au final, la RDC se tient à la croisée des chemins, comme un personnage dans une telenovela où tout semble suspendu à une décision cruciale. Va-t-elle continuer à servir de simple décor dans ce grand feuilleton économique mondial, laissant les grandes puissances récolter les fruits de ses ressources, en spectatrice passive de son propre destin ?
Ou choisira-t-elle de monter sur scène, d'affronter les projecteurs, et de revendiquer un rôle central ? Ce moment de doute, presque tragique, est teinté de l'ombre de ses choix passés : des décennies à voir son immense richesse extraite, transformée ailleurs, et retournée sous forme de promesses non tenues. Le potentiel est là, immense et palpable, mais il est comme une rivière stagnante, puissante mais contenue.
Et pourtant, les tensions géopolitiques et les guerres tarifaires, qui pourraient sembler être des obstacles insurmontables, sont peut-être le tremplin dont la RDC a besoin pour enclencher une métamorphose. C'est dans le chaos que naissent les opportunités, et la RDC, avec ses ressources stratégiques et sa position centrale sur le continent, a tous les atouts pour se réinventer.
Mais ce chemin demande du courage, de la vision, et une rupture avec les habitudes du passé. Il y a une certaine tristesse à penser qu'un tel moment charnière pourrait être manqué, qu'un destin si grand pourrait rester à jamais inachevé. Mais si elle ose franchir le pas, si elle choisit de prendre son destin en main, alors la RDC pourrait non seulement transformer son avenir, mais aussi changer le cours de l'histoire économique mondiale.
Reste à savoir si Kinshasa pourra faire preuve d'audace et mobiliser les talents nécessaires pour écrire ce nouveau chapitre. Après tout, chaque télénovela réserve un happy end aux personnages qui osent prendre des risques... et la RDC a tout intérêt à s'inviter dans les saisons à venir, sous peine de rester à jamais dans l'ombre des grands metteurs en scène de l'économie mondiale.