Dans une boucle WhatsApp confidentielle consultée par Africa Intelligence, le général de division et chef d'état-major de l'armée de terre, Jocelyn Rakotoson, a ordonné, le 11 janvier, la "consignation au cantonnement" de toutes les unités.
S'adressant aux commandants de brigade, commandants de bataillons et chefs de corps, il leur enjoint de veiller à ce que les formations affiliées à l'armée de terre ne quittent pas leur caserne et que "tous les militaires [soient] en tenue de combat". Le général de division recommande aussi de renforcer la surveillance aux abords des cantonnements, afin de contrôler les mouvements d'entrée et de sortie.
Cette décision s'inscrit dans un contexte de défiance à l'égard du président Andry Rajoelina : celui-ci doit affronter le mécontentement croissant de la population en raison d'une imminente hausse des prix du carburant (AI du 19/11/24), ainsi que l'augmentation généralisée du coût des produits de première nécessité. Le chef de l'État s'est d'ailleurs engagé, lors du conseil des ministres du 8 janvier, à faire baisser le prix du riz d'ici à un mois. La conjoncture défavorable à Andry Rajoelina est d'ailleurs décrite en ces termes par le général Rakotoson au début de sa communication : "Vu la précarité de la situation politique qui prévaut sur tout le territoire et que celle-ci semble perdurer [...]."
Andry Rajoelina se méfie également des cadres de l'armée, dont il connaît bien les rouages. En 2009, il était arrivé au pouvoir à la suite d'une mutinerie au sein du Corps d'administration des personnels et services de l'armée de terre (Capsat) à Antananarivo. Cet événement avait renversé le rapport de force dans l'armée et conduit à l'éviction de l'ancien chef de l'État, Marc Ravalomanana (2002-2009). Contacté, Richard Ravalomanana, le président du Sénat, ancien secrétaire d'État à la gendarmerie et proche d'Andry Rajoelina, a démenti toute mesure de cantonnement.