Île-aux-Bénitiers, joyau naturel de Maurice, fait face à une crise écologique sans précédent. Située à l'Ouest de l'île principale, cette petite terre de deux kilomètres sur cinq cents mètres, autrefois symbole de beauté naturelle et de biodiversité, est aujourd'hui menacée par des problèmes écologiques profonds et des activités humaines non réglementées. Face à cette situation alarmante, l'association #Savetheblu lance un appel urgent pour une intervention coordonnée afin de sauver cet écosystème fragile.
Dégradation alarmante
Autrefois vantée dans les brochures touristiques pour ses eaux turquoise, son sable immaculé et son lagon parsemé de roches coralliennes, l'île-aux-Bénitiers est, aujourd'hui, loin de l'image paradisiaque promue. Les coraux sont morts, les poissons malades et les amateurs de plongée n'y trouvent plus que des vestiges d'une biodiversité en déclin. La sur-fréquentation touristique et les constructions illégales ont contribué à la destruction progressive de cet écosystème unique.
L'une des principales causes de cette dégradation est la pollution. Chaque année, des milliers de visiteurs laissent derrière eux des déchets, allant des plastiques aux détritus alimentaires, en passant par des métaux, du verre, et même des objets sanitaires tels que des serviettes hygiéniques ou des préservatifs. Ces déchets s'accumulent sur les plages et dans la forêt de l'île, créant un véritable chaos environnemental.
Modèle de gestion à revoir
Lors de plusieurs sessions de réflexion organisées par #Savetheblu, les participants ont unanimement souligné la nécessité de réinventer le modèle de gestion de l'île. L'une des propositions phares de l'association est de diviser l'île en deux zones bien distinctes. Une première partie serait dédiée aux activités touristiques et de loisirs mais avec des règles strictes et des activités limitées à certaines saisons pour réduire la pression écologique. L'autre partie serait transformée en réserve naturelle hautement protégée, permettant à la faune et à la flore endémique de se régénérer sans interférence humaine.
Dans cette réserve, les interactions entre humains et animaux seraient strictement limitées, sauf à des fins scientifiques. L'objectif est de créer un sanctuaire naturel où les espèces locales, notamment les oiseaux marins et certains mammifères marins, pourraient prospérer.
Initiatives pour restaurer l'écosystème marin
L'association préconise également des projets innovants pour restaurer l'écosystème marin autour de l'île. Parmi ces projets, la mise en place de fermes coralliennes pourrait permettre de régénérer les récifs endommagés. Inspirée de modèles internationaux, cette initiative impliquerait la culture de coraux dans des nurseries sous-marines, avant de les réimplanter dans le lagon. Les touristes et visiteurs locaux pourraient être invités à participer à ces programmes de restauration, favorisant ainsi un sentiment de responsabilité collective envers la nature.
Parallèlement, la culture de mangroves et d'herbiers marins est recommandée pour renforcer les écosystèmes côtiers. Ces habitats jouent un rôle crucial dans la stabilisation des littoraux, la filtration de l'eau et la captation du carbone. Ils constituent également un refuge essentiel pour de nombreuses espèces marines.
Valorisation des ressources locales
#Savetheblu met en évidence le potentiel économique des ressources locales, notamment les algues. En effet, certaines variétés comme le Sargassum, riches en propriétés médicinales, pourraient être cultivées à des fins pharmaceutiques. Cette initiative permettrait non seulement de diversifier les activités économiques mais aussi de créer de nouvelles opportunités d'emploi pour les communautés locales.
Amélioration des infrastructures et gestion des déchets
Pour répondre au problème récurrent des déchets, #Savetheblu recommande l'installation de toilettes écologiques fonctionnant sans eau ni électricité. Ces installations, alimentées par l'énergie solaire et éolienne, offriraient une solution durable aux problèmes sanitaires sur l'île. De plus, un système de collecte et de transport des déchets vers la terre ferme serait mis en place, évitant ainsi les décharges sauvages.
L'association appelle également à un contrôle plus strict des espèces invasives telles que les rongeurs, qui menacent les écosystèmes locaux. Des stratégies innovantes, comme l'utilisation d'espèces prédatrices naturelles, pourraient être envisagées pour contenir ces populations.
Appel à l'engagement des autorités
L'association insiste sur le rôle crucial du gouvernement et des autorités locales dans la mise en oeuvre de ces recommandations. Elle appelle à une révision des lois et règlements concernant la gestion des petites îles et à une coordination accrue entre les différents acteurs impliqués. Une session de concertation est prévue en février auprès de la communauté de Le Morne, rassemblant des représentants du gouvernement, des organisations non gouvernementales, des scientifiques et des entrepreneurs locaux.