Ile Maurice: Libération provisoire de deux suspects faute d'accusation formelle

Les deux suspects, Jean David Legentil et Benjamin Yoel Ismael, qui paraissait le 10 janvier devant la Bail and Remand Court, ont été libérés sous caution par la magistrate Zeenat Cassamally, après plus d'un an de détention préventive. Cette décision intervient après une longue période d'incertitude et de retards dans l'enquête concernant les accusations qui pèsent sur eux, liées à un prétendu complot en lien avec un trafic de drogue d'une valeur de Rs 375 millions.

Les deux requérants avaient sollicité leur libération sous caution à plusieurs reprises au cours de l'année 2024. Jean David Legentil, assisté de Me Samad Golamaully, avait vu sa demande rejetée le 30 juillet 2024, tandis que Benjamin Yoel Ismael, défendu par Me Sanjeev Teeluckdharry, se voyait refuser la liberté sous caution dans une décision rendue le 4 octobre 2024. Les deux décisions stipulaient néanmoins que, si aucune accusation formelle n'était déposée contre eux d'ici le 30 décembre 2024, et en l'absence de justification raisonnable pour leur détention, ils devraient être libérés sous caution.

Le 30 décembre 2024, les enquêteurs, en l'occurrence, le sergent Muckdoombukus et l'inspecteur Mohesswa ont informé la Cour que l'affaire principale n'avait toujours pas été déposée contre les suspects, et que l'enquête stagnait, notamment à cause de l'absence d'ordonnances judiciaires pour accéder à des preuves cruciales, comme les téléphones des suspects. Ce retard a été attribué en partie à des problèmes administratifs, tels que la nécessité de l'aide du Bureau du directeur des poursuites publiques pour obtenir une ordonnance d'un juge pour accéder aux téléphones de l'un des suspects, Benjamin Yoel Ismael.

Jusqu'à présent, la police semble, observe la magistrate, s'appuyer essentiellement sur la version des officiers de la National Coast Guard (NCG) selon laquelle l'un des suspects, Boodhun, trouvé sur le bateau des requérants, a déclaré que lui et ses camarades allaient récupérer de la drogue et un bateau malgache avait été retrouvé à proximité du point GPS avec de la drogue. Il est pertinent de noter que l'opération avait été menée par les agents de la NCG, et que les enquêteurs de la brigade antidrogue (ADSU), n'étaient pas présents sur les lieux lors de l'interception des suspects, ainsi que le sergent Muckdoombacus.

De plus, le rapport médicolégal sur la drogue trouvée sur le bateau malgache, d'une valeur Rs 375 millions, ne montre pas en soi la conspiration entre les occupants du bateau mauricien et les occupants du bateau malgache car aucune drogue n'a été trouvée chez les demandeurs et leur compagnons. La magistrate note aussi que si les autorités ont fait état de rapports médico-légaux et d'analyses de drogue en attente, ceux-ci n'ont pas permis de démontrer un lien direct entre les suspects et un complot criminel.

Certaines incohérences ont été soulevées, à savoir comment le bateau mauricien pouvait se diriger vers Maurice et se diriger vers le bateau malgache, qui se trouvait à plus de 200 milles, pour récupérer la drogue. En outre, la Cour note qu'un an s'est écoulé depuis l'arrestation des requérants, que rien n'indique quand une accusation formelle sera déposée contre eux et que l'enquêteur a déclaré que l'enquête serait peutêtre achevée dans six mois ou moins, mais sans aucun engagement formel.

«Malgré ces éléments, la Cour a estimé que le retard dans l'enquête n'était pas justifié et que la détention prolongée des suspects, Jean David Legentil et Benjamin Yoel Ismael, devenait de plus en plus insoutenable. La Cour a donc décidé, en tenant compte des circonstances et des éléments de preuve présentés, de libérer les deux hommes sous caution, comme l'exigeaient les décisions précédentes», a indiqué la magistrate qui a fixé le montant des cautions à Rs 300 000 chacune pour le premier suspect et à Rs 200 000 chacune pour Benjamin Yoel Ismael.

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