Ile Maurice: L'enregistrement des animaux essentiel pour la gestion de la population

Le problème est épineux. La population des chiens errants a atteint les 300 000, et malgré les efforts, la solution semble lointaine. Le ministère de l'Agro-industrie est en présence d'un plan d'action pour améliorer le système en place. Cependant, sur le terrain, les professionnels et activistes estiment qu'il faut absolument un système d'identification obligatoire des propriétaires pour arriver à bout du problème des chiens errants.

Changements positifs

Sandia Mathoora, animal welfare promoter et volontaire à la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) explique que, malgré les critiques, l'institution a fait d'énormes progrès dans le domaine du bien-être des animaux sous la direction de Julien Georges. «Par exemple, il y a eu l'abrogation de la clause de la loi autorisant l'euthanasie immédiate des chiens trouvés dans des endroits stratégiques, comme l'aéroport ou les hôpitaux.» Au-delà des chiens errants de ces zones, la pratique de Catch and Kill a aussi été abandonnée et a été remplacée par le Sustainable Project of the Dog Population Control in Mauritius.

Ce projet inclut la stérilisation des chiens et chats domestiques et errants. «Cela a été un tournant dans la prise en charge des animaux errants à Maurice, car pour la première fois, la vie des chiens sans abri a été traitée avec compassion et la stérilisation des animaux errants est devenu une pratique officiellement reconnue par la loi», explique Sandia Mathoora. Pour que cela marche, elle avance que l'équipe vétérinaire de la MSAW a travaillé avec des vétérinaires privés pour mener des campagnes de stérilisation à travers l'île.

▪ Sandia Mathoora

Puis, il y a aussi des changements légaux pour renforcer les sanctions en cas de maltraitance. «Les amendes ont été considérablement augmentées, passant de Rs 15 000 à Rs 500 000, et les peines de prison varient désormais de six mois à 10 ans. En plus, la loi permet désormais aux officiers de la MSAW d'avoir les mêmes pouvoirs que ceux de l'Animal Welfare Unit. Ils peuvent entrer dans les cours et sanctionner les propriétaires en cas de maltraitance animale», ajoute-t-elle.

«Catch, Neuter and Release » : avancée majeure

La mise en place du Catch, Neuter and Release pour les chiens errants n'a pas été simple. Laxita Bhuruth, qui était responsable de la mise en place du contrôle durable de la population des chiens errants, avance que si certains membres du public comprennent la démarche, d'autres estiment que ces chiens ne doivent pas être relâchés. «Selon le projet, les chiens sont relâchés à l'endroit où ils ont été capturés. Il a fallu et il faut encore des campagnes de sensibilisation pour expliquer aux gens l'importance d'une telle démarche.» Elle précise que seuls les chiens trouvés dans les zones stratégiques sont relâchés ailleurs.

▪ Laxita Bhuruth

Après la stérilisation, ces chiens ont une période de récupération, où ils sont suivis par des vétérinaires, avant d'être remis en liberté. «De toute façon, nous sommes obligés de les remettre dans leur environnement car nous n'avons pas assez de personnes, ni de place, ni de fonds pour prendre soin de ces milliers de chiens.» D'ailleurs, le plan du ministère comprend la mise en place de bureaux régionaux de la MSAW pour s'occuper des chiens errants, avec des soins gratuits et des bénévoles. Sandia Mathoora fait ressortir que plusieurs améliorations ont déjà été apportées dans les centres existants, à Rose-Hill ou Plaine-Magnien.

Puis, il y a aussi eu tout le volet de la numérisation, à l'instar de l'introduction de bons de stérilisation gratuits en ligne, permettant aux propriétaires de faire stériliser leurs chiens et chats soit à la MSAW, soit dans des cliniques vétérinaires privées accréditées, élargissant ainsi l'accès aux services essentiels ou encore, l'introduction d'un système de plaintes en ligne pour signaler des cas de cruauté.

L'humain : source du problème

Cependant, malgré les changements, le problème reste entier. Sandia Mathoora avance que pour résoudre le problème, il faut remonter à la source et non s'attaquer aux symptômes. La source du problème, dit-elle, c'est l'humain. Elle explique que la loi dit qu'un animal errant est un animal qui n'est pas sous le contrôle ou la responsabilité de quiconque. «Donc, même un chien avec un collier, qui se balade en liberté et retourne de temps en temps chez son maître, est considéré comme errant.» Selon elle, l'ancienne direction de la MSAW a pris le temps pour bien étudier le problème.

Mais toujours est-il que pour arriver à bien gérer la situation à Maurice, il faut un socle solide d'identification des chiens. «L'ancienne direction avait mis en avant l'importance de l'enregistrement obligatoire, mais la loi qui n'a toujours pas été promulguée. Les campagnes de stérilisation gratuites pour les chiens ayant un propriétaire ont été très souvent critiquées, car certains ne comprenaient pas que ces chiens errants font souvent partie d'un groupe mixte, composé de chiens avec et sans propriétaire. Il est donc essentiel de pouvoir déterminer si un chien a un propriétaire ou s'il est vraiment sans foyer», dit-elle. Laxita Bhuruth explique qu'il y a eu plusieurs échanges avec le ministère à ce sujet, et à chaque fois, la réponse était que c'était à l'étude. Raison pour laquelle la loi a tardé à être promulguée.

Mais il y a encore de l'ordre à mettre. Sandia Mathoora explique qu'au moment de l'enregistrement lors des campagnes de Catch, Neuter, Release, une puce unique est insérée sur l'animal. Il est identifié comme un chien errant sans propriétaire vivant dans une certaine zone, stérilisé et ear-notched avant d'être relâché. «L'idée de faire venir des vétérinaires étrangers pour la stérilisation de masse est une initiative positive, mais le projet CNR doit être strictement réservé à ceux qui n'ont pas de propriétaires» dit-elle. Raison pour laquelle la Mandatory Registration of Dog Owners doit être une réalité au plus vite. «Sinon, nous risquons de capturer un trop grand nombre de chiens qui ont des maîtres, de les placer dans des refuges, de les stériliser, de les marquer, puis de les relâcher. Cela mobilise des ressources énormes alors qu'il suffit que le propriétaire garde son chien dans sa cour.»

L'autre problème est qu'une fois identifiés comme errants, ces chiens avec des maîtres faussent les chiffres. «Puis, sans l'enregistrement des propriétaires, l'identification des chiens est impossible. Et sans identification, impossible de sanctionner les propriétaires en cas de maltraitance ou abandon.» Le but est de diminuer le nombre des owned dogs allowed to stray pour pouvoir stériliser uniquement les chiens errants.

Avant d'arriver à la stérilisation, les chiens doivent être capturés. Les recommandations soumises au ministère comprennent l'élimination de l'usage des filets et l'utilisation de fléchettes anesthésiantes. Laxita Bhuruth explique qu'il y a plusieurs contraintes à cela. Tout d'abord, le produit utilisé pour endormir les animaux est un produit contrôlé. «Donc, est-ce que les dog-handlers pourront les utiliser», demandet-elle. Pour elle, l'utilisation des filets n'est pas le problème. C'est surtout la manière qui est importante. «Si l'animal est capturé, soulevé et mis dans un chenil, il n'y aura pas de souci. Le problème survient lorsque les animaux sont traînés sur une longue distance dans le filet», dit-elle.

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