Bénin: Le discours embarrassant de Macron

16 Janvier 2025
analyse

S’il ya un pays de la CEDEAO dont les relations avec ses voisins et par ailleurs membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) sont empreintes de suspicion, c’est bien le Bénin et à plusieurs titres. Le discours prononcé par le Président français, lors de la traditionnelle conférence des ambassadeurs qui s’est tenue à Paris, les lundi 6 et mardi 7 janvier 2025, est venue en rajouter une couche

Faut-il le rappeler, le principal grief que le Niger a fait jusqu’à présent à son voisin du Bénin, était d’abriter sur son territoire des bases militaires françaises aux fins de mener des tentatives de déstabilisation du pays du général Tiani, en proie à la menace Djihadiste, qui sévit à sa frontière, et qui vient de faire 28 victimes dans les rangs de l’armée béninoise, notamment dans cette zone dite du « point Triple » frontalière du Burkina Faso et du Niger.

Naturellement au niveau de Cotonou les démentis constants ont été des plus fermes jusqu’à présent, à la limite les autorités béninoises ont même tourné en dérision ces allégations du pouvoir de Niamey. Il est vrai, que le contexte de tension entre les deux pays, suite à l’incident survenu au Terminal du Pipe Line de Sémé kpodji, qui devait servir à l’exportation du pétrole Nigérien à partir de ce port béninois, pouvait à la limite faire croire à des accusations liées à ce précédent. Il faut dire qu’on était en pleine crise diplomatique entre ces deux pays et des officiels nigériens avaient même été arrêtés et jugés devant les juridictions béninoises.

Deux anciens présidents béninois avaient à l’époque joué aux bons offices entre les deux pays, mais n’avait pu apurer un passif très lourd, qui date de la fermeture unilatérale par le Bénin de sa frontière avec le Niger, décidée par la BCEAO, suite au coup d’Etat qui a renversé le Président Bazoum.

Aujourd’hui, la déclaration du Président Macron devant les ambassadeurs de France, vient lever le voile sur ce qui jusqu’à présent était perçu comme de simples accusations. En effet le Président français est très explicite dans ses propos. Il confirme « l’existence de bases militaires stratégiques dans plusieurs pays d’Afrique dont le Bénin et le Nigéria ». Il déclarait aussi que « la mise en place de ces bases répondrait au nouveau partenariat de sécurité et de défense adopté par la France « depuis quelques années ».

La précision de Macron est de taille. C’est là où ça devient intéressant, du point de vue des craintes Nigériennes de déstabilisation venant du Bénin. En effet, si ce que dit le Président Macron est vrai, et il n’ya aucune raison d’en douter ; d’autant qu’il n’y a pas de démenti du gouvernement béninois, les Nigériens avaient raison. Tout au moins, il est établi que la France dispose d’une base militaire au Bénin « depuis quelques années », sans toutefois peser sur la sécurité de ce pays qui vient d’être lourdement endeuillé.

Pendant ce temps, les autres pays voisins (notamment ceux de l’AES) triment dure avec les terroristes, qui viennent encore de frapper au Niger, remettant au goût du jour l’appel pressant, y compris celui de la société civile Béninoise, pour une mutualisation de la lutte contre le terrorisme par tous les états de la zone en dépit de leur divergences profondes sur la stratégie à mettre en œuvre, notamment avec l’appui de la coopération militaire Française.

Nul doute que cette perspective n’est envisageable, que si le Bénin, au regard des récents développement qui entrainent la fin décidée, de la présence des troupes françaises sur le territoire de la quasi-totalité des pays francophone, change sa position, en renonçant à la présence des soldats français dans son pays.

Difficile à dire qu’à faire. Les sous-entendus du discours du Président français devant ses ambassadeurs laissent croire que cette affaire n’a pas livré ses derniers secrets.

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