Tunisie: Verrouillage draconien de l'espace civique

communiqué de presse

Beyrouth — La répression de l'opposition politique et de la société civile s'est intensifiée en 2024

Le gouvernement tunisien a accentué son musèlement des voix critiques et accéléré la répression des associations de la société civile, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui dans son Rapport mondial 2025. Les autorités ont sapé l'intégrité de l'élection présidentielle en multipliant les arrestations et détentions arbitraires à motif politique, en ciblant notamment des concurrents potentiels du président sortant, et en modifiant la loi électorale quelques jours seulement avant le scrutin.

Dans la 35e édition de son Rapport mondial, qui comprend 546 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques relatives aux droits humains dans près de cent pays. Dans une grande partie du monde, écrit la directrice exécutive Tirana Hassan dans son essai introductif, les gouvernements ont réprimé, arrêté et emprisonné à tort des opposants politiques, des activistes et des journalistes. Des groupes armés et des forces étatiques ont illégalement tué des civils, forcé beaucoup d'entre eux à quitter leur foyer et les ont empêchés d'accéder à l'aide humanitaire. Dans de nombreux cas parmi plus de 70 élections nationales tenues en 2024, des dirigeants autoritaires ont gagné du terrain sur la base de rhétoriques et de programmes politiques discriminatoires.

« Il est évident que les autorités tunisiennes ont déployé tous leurs efforts pour poursuivre et emprisonner les opposants au président Kais Saied, et réduire au silence les voix critiques », a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Elles ont ciblé simultanément des membres de la société civile et des médias qui osaient remettre en question sa politique, resserrant de fait l'étau sur un espace civique tunisien durement acquis. »

  • Au mois de novembre, on comptait plus de 80 personnes détenues pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits, notamment des opposants politiques, des activistes, des avocats, des journalistes, des défenseurs des droits humains et des utilisateurs des médias sociaux.
  • Les forces de sécurité ont continué à commettre, en toute impunité, des abus à l'encontre des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés, comme les Nations Unies l'ont dénoncé en octobre. Les décès en mer de réfugiés et de migrants fuyant vers l'Europe se sont poursuivis. En mai, les autorités ont arrêté arbitrairement des membres d'organisations apportant de l'aide aux demandeurs d'asile et aux réfugiés. En dépit de ces violations continues, l'Union européenne a continué à soutenir les autorités tunisiennes pour servir leurs objectifs de contrôle de l'immigration.
  • La Tunisie fait toujours face à une crise économique marquée par une dette publique très élevée et une inflation qui affecte les droits économiques, sociaux et culturels des Tunisiens. Au mois de juin, au moins plusieurs centaines de personnes étaient en prison uniquement pour avoir émis des chèques qu'elles n'ont pas pu honorer par la suite. Cependant, une nouvelle loi adoptée en juillet a mis en place d'importantes réformes, ouvrant la voie à la libération de plus de 500 personnes.

Human Rights Watch appelle les autorités tunisiennes à libérer les personnes arbitrairement détenues et à permettre aux organisations de la société civile et aux médias de travailler librement. Les partenaires internationaux de la Tunisie devraient s'exprimer et exhorter le gouvernement à respecter les droits humains. Ils devraient également cesser de financer des mécanismes abusifs de contrôle des migrations.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.