Ile Maurice: Chagos - L'arrogance de l'Alliance du changement...

...va-t-elle faire tout capoter ?

Parce qu'ils avaient un agenda bien en main, les acteurs et actrices de l'Alliance du changement n'avaient voulu rien entendre de la «victoire» de l'ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, du 3 octobre 2024 concernant la reconnaissance longtemps attendue du Royaume-Uni sur la souveraineté de Maurice sur l'archipel des Chagos, y compris Diego Garcia. Démagogie oblige, l'équipe du Dr Navin Ramgoolam a tout fait pour décrédibiliser cette avancée historique et une partie de leur campagne électorale était notamment axée sur la soi-disant non-souveraineté de Maurice sur l'île de Diego Garcia avec le projet de location à bail de l'île pour la base militaire étasunienne. Mauvaise foi absolue et/ou ignorance réelle de la question de souveraineté, ils avaient tout faux!

Arrivée au pouvoir le 11 novembre dernier par la plus grande porte que le système électoral mauricien puisse offrir, l'équipe de l'Alliance du changement a tout d'abord tardé à former un gouvernement (neuf jours après la prestation de serment du nouveau premier ministre Navin Ramgoolam), et ensuite, le nouveau gouvernement a donné l'impression de tâtonner, de marquer ses pas, probablement emporté par la liesse du troisième 60-0 de l'histoire. Médiatiquement parlant du moins, personne n'a eu le sentiment que le quatrième gouvernement de Navin Ramgoolam avait pour priorité la question du traité à être signé avec le Royaume-Uni sur non seulement la souveraineté de Maurice sur l'ensemble de l'archipel des Chagos mais aussi sur les conditions de la location à bail de l'île de Diego Garcia pour le maintien de la base militaire des États-Unis (option décriée par le parti Lalit).

Cette marche à pas de tortues du nouveau gouvernement de Navin Ramgoolam a laissé des chances réelles de signer le traité (l'accord avait été signé déjà début octobre entre les autorités britannique et mauricienne) avant la mise en place de l'équipe du nouveau président étasunien républicain Donald Trump, élu le 5 novembre 2024, soit à quelques jours des élections législatives à Maurice. Cet accord «historique» de Pravind Jugnauth avec les Britanniques avait, bien entendu, obtenu les faveurs de l'administration du président démocrate Joe Biden, et pour des raisons bassement politiciennes et peutêtre aussi par une certaine étroitesse d'esprit, l'équipe de l'Alliance du changement a voulu absolument revoir les tenants et aboutissants de cet accord pour arriver au fameux traité qui devrait légaliser tous les aspects de l'accord d'octobre 2024. Le gouvernement l'équipe de l'Alliance du changement doit comprendre que sur des raisons d'intégrité territoriale et de souveraineté nationale, il n'y a pas de possibilité de division ou de divergence entre les acteurs et actrices politiques.

Le fait d'avoir voulu revoir des aspects de l'accord (pour des raisons vraiment insignifiantes), l'État mauricien a non seulement raté l'opportunité de signer le traité sous l'administration Biden mais avec le désir de changement absolu, la lenteur connue, et la méfiance de toujours de Navin Ramgoolam, on est arrivé en janvier 2025 où le Président Trump sera officiellement investi le lundi 20 janvier prochain, avec une issue maintenant incertaine quant à la position officielle de la future administration Trump sur la question de souveraineté mauricienne sur les Chagos. Et il y a bien des raisons de s'inquiéter car les acolytes de Donald Trump n'ont pas été positifs sur la question jusqu'ici, tout comme leurs alliés britanniques nationalistes et de la droite conservatrice.

Leur raison : les relations privilégiées ou de partenariat étroit de Maurice avec la Chine qui, faut-il le rappeler, est une des ennemies en vue de l'Amérique du Nord, plus particulièrement des États-Unis et du Canada. Une raison complètement farfelue au vu des relations diplomatiques très fortes et de toujours de Maurice tant avec l'Occident qu'avec les partenaires et pays amis asiatiques. En vérité, cette question de soi-disant proximité avec la Chine est une rhétorique bien connue et qui fait mouche dans les milieux conservateurs au Royaume-Uni et dans le camp républicain, plus particulièrement, aux États-Unis. Un discours qui conforte les Conservateurs et les Républicains qui s'opposent à la rétrocession de la souveraineté mauricienne sur les Chagos.

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, aurait pu marquer, lui aussi, l'histoire en signant le traité de souveraineté sur les Chagos en novembre ou en décembre, une fois arrivé au pouvoir, mais il a choisi la voie de nouvelles négociations. Le nouveau procureur général (Attorney General) Gavin Glover - novice en politique - fait des allers-retours à Londres pour arriver à un consensus entre les parties britannique et mauricienne, mais rien de concret n'est dit publiquement, sauf que maintenant le Royaume-Uni veut donner «une chance» au nouveau Président Trump de se prononcer dessus.

Nous ne pouvons que souhaiter que la nouvelle administration étasunienne ne fasse pas défaut sur la question, mais avec un Elon Musk (d'origine sud-africaine) à ses côtés, on est en droit de s'attendre à tout du fantasque Donald Trump, c'est-à-dire un veto de la nouvelle administration républicaine ou un long délai de réponse ! Si ce sera le cas, et nous ne le souhaitons nullement, Navin Ramgoolam n'aura pas de choix que de se mordre les doigts fort de ses œillères politiques. Quant à Gavin Glover, il a intérêt à être plus politique en communiquant plus dans l'intérêt du pays, et non pas être le sous-fifre discret du Premier ministre qui, nous le savons, a été son client au barreau pendant de longues années.

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