Gabon: Le SAMU social de Libreville - Une attente insupportable au laboratoire

17 Janvier 2025

Le mardi 14 janvier 2024 restera gravé dans la mémoire de nombreux Gabonais comme une journée éprouvante au SAMU social de Libreville, un service censé offrir des soins d'urgence mais critiqué pour sa lenteur excessive et son organisation chaotique.

Des conditions difficiles pour les malades

Dès les premières heures du matin, plus d'une centaine de patients, venus de divers quartiers de la capitale, ont afflué au laboratoire du SAMU pour réaliser des analyses médicales. Beaucoup d'entre eux, ayant reçu leurs bons d'examen le 13 janvier après des consultations tardives, espéraient une prise en charge rapide. Mais le constat fut amer : une attente interminable qui a fini par épuiser certains.

Un patient, visiblement abattu, raconte : « Nous sommes là depuis 5h, l'enfant est fatiguée, et on ne nous a même pas encore prélevés. » La situation est encore plus dramatique pour ceux qui, faute de moyens, dépendent des structures publiques comme le SAMU, espérant que la gratuité du service allégerait leurs difficultés. La réalité semble bien différente.

Un accès aux soins de plus en plus difficile.

Les témoignages des patients sont unanimes : l'accès aux soins au Gabon, particulièrement à Libreville, est devenu un véritable parcours du combattant pour les plus démunis. « Aller à l'hôpital est un luxe. Seules les personnes ayant beaucoup d'argent peuvent encore se le permettre », s'indigne une dame venue avec son enfant malade. « Ici, au moins, on ne paye pas, mais nous sommes obligés d'attendre. C'est la vie du "ngori" », comme pour dire que, puisque c'est gratuit, ils n'ont pas d'autre choix que de subir.

Des cas de convulsions constatés

Cette journée chaotique a suscité de nombreuses réactions indignées, illustrant le mécontentement général face à un système perçu comme défaillant. Deux cas de convulsions ont été observés, dont celui d'une jeune fille épuisée après plusieurs heures d'attente sous le soleil. « Il a fallu qu'un malade s'évanouisse pour qu'ils réagissent », déplore un témoin de la scène.

Un manque d'informations frustrant

De nombreux usagers se sont plaints de l'absence de précisions concernant les examens réalisés par le SAMU. « Vous avez dit que vous faisiez tous les tests ici, mais certains ne sont même pas réalisés. J'en ai demandé trois, et vous n'avez effectué qu'un seul. Vous êtes incapables de me le communiquer », dénonce une mère de famille, visiblement dépitée, après avoir passé toute une journée pour un unique test.

En conséquence, Plusieurs d'entre eux ont dû récupérer leurs documents car certains examens ne se faisaient pas au laboratoire. Cette mauvaise communication génère encore plus de mécontentement parmi les usagers. « Nous avons passé presque toute la journée ici, et c'est à 12h qu'on vient nous dire que ces tests ne se font pas », s'indigne un patient.

Des résultats remis bien trop tard

De nombreux malades présents ce jour-là ont récupéré leurs résultats très tard, vers 19h ou 20h, bien qu'ils aient été prélevés dès 13h. Cette situation a encore intensifié le mécontentement des malades. Certains, venus pour la première fois au SAMU social, ont affirmé qu'ils ne reviendraient plus en raison de cette expérience désastreuse. « J'aurais dû aller ailleurs, mais on m'avait tellement bien parlé de cet endroit que je suis venue. Malheureusement, c'est tout le contraire de ce que j'ai vu à la télé et entendu. Plus jamais ici », s'est indignée une femme.

Un autre malade a déclaré : « Seigneur, de 6h à 18h, c'est maintenant que je reçois mon résultat. Quel médecin va-t-il l'interpréter à cette heure ? Je ne savais pas que c'était comme ça ici », déplorant une situation désespérante.

Un personnel débordé mais engagé

Malgré les plaintes, le personnel semble faire de son mieux pour gérer la situation. À 18h, un technicien du laboratoire s'est excusé : « Je fais le travail de dix personnes. Je vous demande d'être patients. Vos résultats seront disponibles ».

Cette situation soulève une question cruciale : qu'en est-il de la qualité des examens , lorsque le personnel est en sous-effectif et doit gérer un tel volume de travail ?

Face à ce calvaire vécu par les usagers, il est impératif que les responsables du SAMU social réexaminent leur organisation. Une meilleure gestion des flux, un renforcement des effectifs et une communication plus précise sur les services offerts pourraient considérablement améliorer l'expérience des patients. Ce mardi chaotique doit servir de signal d'alarme : l'accès aux soins pour les plus démunis ne peut plus être un véritable parcours du combattant.

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