Ile Maurice: Le sort des chiens errants sous les projecteurs

Maurice compte 300 000 chiens errants. La gestion de cette population devient urgente. Alors que le plan d'action soumis au ministère de l'Agro-Industrie dessine les grandes lignes pour résoudre le problème des chiens errants, les activistes, eux, sont partagés. Alors que certains estiment que le rapport ne contient rien de nouveau, d'autres avancent que le chiffre avancé ne reflète pas la réalité car l'identification canine n'est pas au point.

Le rapport soumis au ministère de l'Agro-Industrie préconise l'ouverture de branches régionales pour accueillir les animaux malades, maltraités ou abandonnés. Le but n'est pas simplement de les soigner, mais aussi d'oeuvrer à leur réinsertion. La stérilisation de masse reste centrale à la gestion de la population canine. Les chiens errants adultes et en bonne santé seraient relâchés à leur lieu de capture après la stérilisation et des feeding stations seraient installées pour permettre aux volontaires et organisations non gouvernementales (ONG) de les nourrir sans causer de pollution.

Quant aux lois, plusieurs doivent être modifiées et inclure des mesures strictes pour encadrer l'élevage et l'importation de chiens de race. Par rapport à l'importation, le document propose une interdiction ou l'instauration de taxes dissuasives. L'idée de la baisse des taxes sur la nourriture pour animaux produite localement et sur les médicaments courants est aussi lancée, avec l'obligation aux commerçants et supermarchés de donner leurs invendus, tels que pâtes, riz et viande, aux refuges et ONG, au lieu de les jeter. Selon le document, la logistique pour ce processus est réalisable.

Voix du terrain

Sur le terrain, le chiffre avancé de 300 000 chiens errants est contesté. Le problème réside dans l'identification canine. Sandia Mathoora, animal welfare promoter et volontaire à la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), explique qu'un chien errant est défini comme un chien, qui n'est sous la responsabilité de personne. De ce fait, même un chien qui a un propriétaire et porte un collier, mais qui se balade dans la rue, est considéré comme errant. «Le problème est avant tout ces propriétaires qui laissent leur chien errer en public», explique-t-elle. D'où l'importance de pouvoir identifier ces animaux et les lier à leur propriétaire.

D'ailleurs, deux applications avaient déjà été lancées par la MSAW à cet effet. «C'est la raison pour laquelle les campagnes de stérilisation gratuites pour les chiens ayant un propriétaire ont été critiquées. Certains ne comprenaient pas que ces chiens errants fassent souvent partie d'un groupe mixte, composé de chiens avec et sans propriétaire», ajoute-t-elle.

L'enregistrement et l'identification permettra de déterminer si un chien a un propriétaire ou s'il est vraiment sans foyer. Mansa Daby, de la plateforme Monkey Massacre estime que la MSAW soit une organisation structurée et reconnue à l'internationale ; ainsi tous les chiens et chats sans maître devraient être répertoriés dans une base de données en ligne afin de leur donner la chance d'être adoptés, comme c'est le cas dans d'autres pays.

L'avenir des chiens stérilisés est un autre sujet abordé par Laxita Buruth, qui était responsable de la mise en place du contrôle durable de la population des chiens errants. Elle explique qu'après la stérilisation, les chiens sont relâchés dans les endroits où ils ont été capturés, sauf si c'était dans des zones stratégiques, car il n'y a ni les fonds ni l'espace pour tous ces chiens. C'est d'ailleurs ce que le rapport préconise. Mais Linley Mootien, de l'ONG 4 Tilapat, est catégorique. Les rues ne sont pas appropriées pour les chiens errants. C'est pour cela que depuis longtemps, il a lancé l'idée d'un sanctuaire pour recueillir non seulement les chiens, mais tous les animaux maltraités. D'ailleurs, il avait déjà formulé une demande pour 60 arpents afin de le créer. Selon lui, ce lieu serait géré par des volontaires, qui maîtrisent le sujet et sont sur le terrain.

Le rapport avance que la capture des chiens reste le plus gros obstacle à la gestion de la population canine et dans la foulée, évoque l'idée d'utiliser des fléchettes anesthésiantes au lieu de filets. Mansa Daby se montre sceptique à ce sujet. «Une fois popularisée, ce sera très utile dans la capture des singes», met-elle en garde. Quant à Laxita Bhuruth, elle explique qu'il y a plusieurs contraintes à ce système, tellles les autorisations pour utiliser des produits contrôlées.

Lois pas respectées

En ce qu'il s'agit des lois, Sandia Mathoora explique qu'il y a eu plusieurs changements qu'elle considère comme positifs déjà. Par exemple, les amendes sont passées de Rs 15 000 à Rs 500 000 et les peines de prison varient désormais de six mois à 10 ans. De plus, la loi donne aux officiers de la MSAW les mêmes pouvoirs que ceux de l'Animal Welfare Unit. Ils peuvent entrer dans les cours et sanctionner les propriétaires en cas de maltraitance animale.

Mais encore une fois, Mansa Daby estime qu'avant d'évoquer d'autres changements, il faut que les lois existantes soient appliquées. Elle explique qu'il y a un écart entre les lois et leur application. La solution, précise-t-elle, serait la création d'une unité de police nationale pour les animaux, similaire à l'unité de la police de l'environnement et d'inclure le droit des animaux dans la Constitution. Concernant la non-application des législations, Linley Mootien rappelle que l'Animal Welfare Act interdit déjà de causer «suffering, distress and pain» aux animaux, mais que rien n'est respecté dans le cas de l'exportation des singes.

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