Les artistes menaçaient de manifester devant l'Office national des médias audiovisuels.
Instituée par la loi 005 de 2003, portant protection du droit d'auteur, des droits voisins et des expressions du folklore, ce droit conféré aux artistes tchadiens n'est pas régulier. Les associations regroupant les artistes disent qu'elles sont obligées de hausser le ton pour attirer l'attention des autorités.
« C'est vraiment pour vous dire que la situation nous préoccupe tous. En commençant par le président de la république le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno qui accorde une attention particulière au bien être des artistes tchadiens », assure Saleh Mahamat Ahmat, Coordonnateur général de la Maison des Patrimoines culturels du Tchad.
Il fait aussi des efforts menés par son institution pour soulager la souffrance des artistes. Il affirme : « Tant que les gens ne sont pas rentrés dans leur droit, il ne sert à rien de dire à chaque fois qu'on est en train de faire des efforts. Et puisque les démarches dans ce sens sont en cours et que connaissant la situation sociale des uns et des autres qui attendent et que l'attente devient de plus en plus longue, on a de commun accord avec les trois corporations des artistes décidé de payer le peu que le BUDRA a pu mobiliser. Donc c'est juste une solution aléatoire en attendant que le paiement de la redevance soit effectif »
Le financement des droits d'auteur repose essentiellement sur les cotisations forfaitaires de 50.000 Fcfa par an prélevées auprès des petits usagers, tels que les bars, restaurants, discothèques et autres lieux diffusant des oeuvres artistiques. L'ONAMA qui devait consacrer 6% de son budget annuel au droit d'auteur pour son rôle majeur dans la diffusion de la musique et des créations des artistes, n'a pas honoré ses engagements.
« Les musiciens ont des pourcentages plus élevés parce que c'est leur musique sont le plus utilisée ; les arts dramatiques et cinéma viennent en deuxième position et la littérature et arts plastiques en troisième position. Donc dans chaque catégorie les montants sont les mêmes pour le moment », explique Dounia Tog-yangar, coordonnateur des plateformes des artistes.
« Nous avons dit aux artistes de prendre ce qu'ils appellent les miettes tout en comptant sur la bonne foi de l'ONAMA de verser les 195 millions qui nous reviennent de droit. S'ils pensent qu'ils ont déjà payé et qu'ils ne vont pas bouger, nous allons porter l'affaire au plus haut niveau », ajoute-t-il.
Les bénéficiaires dénoncent ce qu'ils considèrent comme un manque de respect.
« Ce n'est pas ce que nous attendons, ils donnent 45 000 FCfa à tous les artistes. Dit-on c'est l'argent collecté des bars et alimentations, la grosse part qui doit être versée par l'ONAMA n'est pas faite et cette situation dure depuis 3 ou 4 ans déjà. C'est fait mal et ça fait pitié en même temps », lance un artiste.
« Ça va mais normalement ça doit être automatique. Mais attendre à ce que les artistes manifestent leur colère d'abord avant que la situation soit décantée et ce n'est pas bon. Un 25 000 ou 45 000 pour toute l'année c'est vraiment maigre. Prenez ça en attendant et la suite viendra, c'est le refrain de tous les jours mais on ne voit rien. Pour cette fois-ci attendons de voir est-ce qu'ils vont changer », assène-t-il.
Les plateformes d'artistes n'entendent pas s'arrêter là. Elles menacent de se tourner dans les jours à venir vers les radios privées pour exiger le versement de leur cotisation forfaitaire annuelle de 50000 Fcfa au bureau du droit d'auteur.