Ile Maurice: Vérités et transparences

Personne, ou presque, n'a demandé à être tenu au courant des détails des discussions qui se finalisaient avec Londres pour les Chagos. Il s'agissait de discussions et tout le monde comprend qu'il faut, en ces circonstances-là, manoeuvrer avec dextérité et que trop de transparence peut faire déraper des discussions déjà compliquées. Cependant, une fois l'accord déterminé et signé, il y aura un devoir clair de le rendre public.

L'Alliance du changement nous aura promis «la gouvernance dans la transparence» et jusqu'ici, la population n'aura vu que la publication du rapport accablant sur les dialysés, morts de négligences diverses pendant la pandémie de Covid-19. Ce n'est pas peu, mais ça ne suffira pas !

Le rapport judiciaire sur la mort de Kistnen, bloqué par le gouvernement précédent qui a, de plus, systématiquement désavoué des fuites partielles de ce document, est toujours au secret. Quelle est la complication ? Est-ce normal ?

L'accord «secret» sur Agaléga, signé entre Maurice et l'Inde, dont l'opposition d'avant le 10 novembre dernier réclamait la publication à cor et à cris, n'a toujours pas été rendu public. Y a-t-il une raison à cela alors que la ministre des Affaires étrangères indiennes, Mme Sushma Swaraj, n'y avait trouvé, selon Arvin Boolell, aucune objection, d'autant plus que l'on affirmait que l'on n'y planifiait pas, apparemment, une base militaire (*). Quelque chose aurait-il changé depuis, qui rendrait impossible la publication de nos accords avec l'Inde ?

De même, le cabinet ministériel Jugnauth décidait, en décembre 2022, et sans donner de raisons, que le rapport de la commission d'enquête sur le naufrage du MV Wakashio ne serait pas publié. Il s'agissait pourtant de la plus sérieuse catastrophe écologique connue dans ce pays, une catastrophe qui avait mobilisé une bonne partie de ses citoyens, surtout des jeunes, à agir promptement pour protéger ce qui pouvait encore l'être au moment des faits et qui avait mené, quelques jours plus tard, le samedi 29 août 2020, à une manifestation monstre de 75 000 personnes à Port-Louis ! Quand est-ce que ce rapport-là sera publié ? Ajoutons-y aussi le rapport de la commission d'enquête sur le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan Duval.

Postulons : la vérité libère et l'opacité fait fermenter les cervelles des citoyens à qui, en démocratie, on doit pourtant des comptes complets ! L'alliance Lepep a goûté à la leçon...

De nombreuses autres «enquêtes» ou bilans doivent être rendus publics si l'on veut vraiment concrétiser un CHANGEMENT de mentalité dans ce pays : les enquêtes sur les prisonniers torturés ou ceux qui sont restés en prison pendant des mois, parfois des années, sur des provisional charges que l'on ne pouvait étayer ; l'enquête initiée sur les écoutes téléphoniques de Missie Moustass ; les contrats d'approvisionnement de pétrole de la STC ainsi que le bilan de cette même STC sur les contrats d'affrètement de bateaux pour transporter ce pétrole (et le comparatif face à ce que le contrat du Red Eagle aurait coûté, surtout pendant les perturbations Covid...).

Ajoutez-y un bilan détaillé sur l'opération du lait Amul ou des produits Smatch, entre autres, pour ainsi aider le nouveau ministre du Commerce, Michael Sik Yuen, qui veut concurrencer les importateurs privés, dans le but louable de faire baisser les prix, à prendre de bonnes décisions. Comment fait la STC pour acheter le riz «ration» de ce pays ? Y a-t-il un appel d'offres comme pour la farine ? Les contrats sont-ils «secret défense» ? À quand les conclusions d'enquête sur les achats «en urgence» et sans procès-verbaux pendant la pandémie de Covid-19 ? Molnupiravir et Pack n Blister en tête de pont...

LIBÉREZ, SVP, LE PAYS DU CLOAQUE D'OPACITÉ QUI FAVORISE LES GERMES DE LA CORRUPTION ET LES VAPEURS DE L'INCOMPÉTENCE !

L'interview de M. Sunil Banymandhub, présenté comme un des principaux actionnaires de Gas Transport ltd, distributeur de Shell Gas (gaz bleu) dans Le Mauricien de lundi dernier, est intéressant et un «breath of fresh air» à plus d'un titre.

Il explique la pénurie actuelle de gaz ménager en rappelant que, depuis septembre 2021, de nombreux «rational economic men» mauriciens se défendent face aux prix de l'essence et du diesel, en convertissant leur véhicule au gaz, profitant ainsi de la forte subvention du gouvernement.

Les fortes subventions déforment les marchés, c'est bien connu ! Je revois un vieil oncle qui laissait couler son robinet 24/7 dans une tranchée, dans son gazon, pour abreuver un peu de cresson; l'eau, à ce moment-là coûtant «moins que le pipi de chat», disait-il! Vous connaissez tous sûrement quelqu'un qui nourrit son chien ou sa bassecour, au moins en partie, avec le riz ration subventionné de la STC ? Et qui n'a pas été tenté, au moins une fois dans sa vie, de rejoindre les rangs des «petits planteurs» de canne, tellement les subventions pour ceux-ci étaient généreuses ?

Le gaz coûte Rs 600 la bonbonne et se vend à Rs 190 ! De nombreux citoyens, le plus rationnellement du monde, convertissent donc leur voiture pour rouler au gaz afin de profiter de cette subvention. On parle de voitures roulant pour une roupie au kilomètre... Le résultat, explique Mr Banymandhub, est que la demande explose, car si on ne cuisine pas plus au gaz, on en brûle bien plus dans les véhicules ! Même si c'est parfois dangereux et que les véhicules prennent feu !

Par ailleurs, on ne peut qu'être d'accord avec M. Banymandhub quand il s'insurge contre les subventions généralisées qui masquent la réalité des coûts et qui dénaturent et défigurent les marchés. Dans le temps, il faudrait stabiliser la roupie, maîtriser l'inflation et en parallèle de l'élimination des subventions de toutes sortes, augmenter les pouvoirs d'achat, idéalement sur un lit de productivité améliorée. Tout un programme ! Mais qui, si réussi, aiderait à réduire les subventions dépensées de l'État, tout en donnant les moyens au citoyen de choisir librement sur quoi, à prix réel, il préfèrerait dépenser son argent.

Peut-être même qu'ainsi, on réussirait à réduire nos importations d'essence et de gaz au profit de voitures électriques, ce qui serait tout bénef si nous avions, en plus, atteint, jusque-là, l'objectif déclaré de 50 % d'énergie renouvelable pour le CEB ? Tout un programme, en effet !

On démarre quand ?

Je lis, vendredi, dans l'express, le réquisitoire du Dr Shafick Osman, docteur en géopolitique, Paris Sorbonne, contre ce qu'il appelle l'arrogance de l'Alliance du changement sur le dossier Chagos et ne peut que souligner le suivant : 3 octobre : communiqué reconnaissant la souveraineté de Maurice aux Chagos// 6 Novembre : élection de Trump// 11 Novembre : élection de Ramgoolam. QUAND donc Ramgoolam et Starmer auraient ils pu signer l'accord tel quel, pour ne pas risquer l'opinion de Trump ? Seul Jugnauth pouvait le faire. Avant le 6 novembre.

Yuval Noah Hariri (Sapiens, Nexus) souligne comment l'humanité a évolué de la certitude des livres sacrés et des «encyclopédies ambulantes» du siècle des lumières, à la science d'investigation dont la découverte principale est sans doute la découverte de... l'ignorance ! Ce qui n'a malheureusement pas ajouté de dose majeure d'humilité à notre espèce...

Donc, après moult réflexions, ma république de Maurice a décidé, dans la tradition... fraîchement établie du moment, d'annexer, qu'ils le veuillent ou non, plusieurs de nos voisins afin d'assurer leur stabilité, leur prospérité, leur sécurité et tout bonnement leur bonheur. Ainsi que de rendre au territoire mauricien sa gloire d'antan (laquelle ? pas sûr !)

D'abord Madagascar pour assurer notre lebensraum et notre sécurité alimentaire, puisque nous sommes de plus en plus à l'étroit à Maurice, que les voitures et le béton débordent de partout et que les expatriés se font bien trop nombreux, selon certains. De plus, le roumazave au zébu, ça sent bien bon ! Ensuite, les Seychelles, même si nous ne serons pas trop gourmands. Ayant, en effet, déjà annexé nos frères malgaches, nous ne prendrons le contrôle que de quelques îles, les plus belles pour sûr, afin de solidifier notre avenir touristique à nous deux, en binôme, évidemment. On se contentera, pour commencer, de Praslin, de Farquhar et de Denis... ce qui facilitera d'ailleurs à l'avenir nos revendications maritimes ZEE. On reconnaitra ici notre appétit modeste actuel et nos frères seychellois ne devraient pas être trop incommodés puisqu'ils possèdent quand même 115 îles différentes pour un dixième de notre population !

Ensuite les Maldives. Comme pour les Seychelles, nous ne ferons pas acte de gourmandise et il y aura même un fondement légal à nos revendications, car notre souveraineté aux Chagos nous donne maintenant le droit de revendiquer, dans leur sud, environ 0,8 % des 1 192 îles qu'ils possèdent et dont ils font un faible usage. Finalement, le Sri Lanka, ou plutôt, Ceylan, puisque nous voulons évidemment MMGA et que leur équipe de cricket nous intéresse au plus haut point. La côte ouest de l'Australie nous paraît un peu loin à gérer, la Réunion, Hmmmm... et le Mozambique, pour le moment, paraît bien trop bordélique... Tromelin, caillou presque inutile, nous appartient déjà à 50 %. Ça suffit !

Nous aurons peut-être, pour assouvir ces ambitions, quelques frais à payer sous forme d'achat de diverses marchandises signées par Trump (**) ? Mais sans investissement, comment s'attendre à des dividendes, surtout d'ordre foncier ? Quant aux moyens de persuasion nécessaires, nos locataires-flingueurs sont à Diego !

(**) Tapez «Donald Trump merchandise Amazon» sur Google pour voir. Je vous recommande les «novelty dollar bills» en particulier ! Il n'y a plus de steaks....

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