Guinée: Conseil National de la Transition - Quand l'appétit de pouvoir étouffe la démocratie

20 Janvier 2025

Il y a des démissions qui sonnent comme un coup de tonnerre, d'autres comme un soupir. Celle de Me Mohamed Traoré, le 14 janvier dernier, s'apparente à une secousse sismique dans ce temple vacillant qu'est le Conseil National de la Transition (CNT). Une démission courageuse qui a jeté une lumière crue sur l'indécence feutrée de cette instance censée incarner le souffle démocratique d'une Guinée en quête de rédemption.

Car oui, derrière les murs de cet organe, on envoie davantage l'arôme doucereux des intérêts personnels que le parfum vivifiant du retour à l'ordre constitutionnel. Me Traoré, en claquant la porte, a révélé l'amère vérité : certains conseillers nationaux, englués dans un confort indécent, préfèrent la stagnation à la mutation. Ces derniers s'accrochent à leurs privilèges comme des naufragés à une planche pourrie, sacrifiant sans honte les aspirations collectives sur l'autel de leurs appétits égoïstes.

Les héritiers d'une médiocrité en patrimoine

Faut-il vraiment s'étonner ? Les Guinéens ont la mémoire longue, et cette mélodie désenchantée rappelle les relents d'une autre époque : celle de l'Assemblée nationale issue des législatives de 2013, ces parlementaires ayant abusé de leur mandat comme d'un droit divin, continuant à siéger deux ans de plus après sa péremption. Une farce institutionnelle répétée aujourd'hui par les conseillers nationaux du CNT mis en place après le putsch du 5 septembre 2021, tout aussi désinvoltes, tout aussi déconnectés.Ces « conseillers », au lieu de répondre à l'appel de leurs bases, préfèrent bâillonner leur conscience dans le confort hypocrite d'un silence complice.

Et que dire de leurs contorsions juridiques ? Une mascarade, un carnaval grotesque où les arguments légaux ne sont que des oripeaux dissimulant une malhonnêteté intellectuelle criante. Ces discours lénifiants n'abusent plus personne, et surtout pas une population exsangue, qui voit chaque jour s'éloigner un peu plus l'espoir d'une véritable transition.

Le Barreau de Guinée : des robes bien légères

Le désespoir est encore plus poignant lorsqu'on observe le Barreau de Guinée. Ce dernier, trouvant sans rechigner un remplaçant au démissionnaire Me Mohamed Traoré comme on remplace une pièce défectueuse, illustre à merveille l'absence de courage dans nos élites juridiques. Remplacer sans réfléchir, obéir sans questionner : voilà leur leitmotiv. Une posture désespérément apathique dans un pays où le mot « État de droit » ne semble plus être qu'un slogan vide.

Comment espérer un changement, quand ceux censés porter la justice sont incapables d'un minimum de résistance ? Une transition sans réflexion est une trahison en actes, et la Guinée mérite mieux que cette parodie de gouvernance.

La politique du ventre : poison national

Soyons clairs : la Guinée n'a pas besoin de conseillers ventripotents, de gardiens d'un statu quo qui nous étouffe. Ce pays a un socle de dirigeants intégrés, capables d'élever la voix pour défendre la justice, la transparence et le retour à l'ordre constitutionnel. Ceux qui se complaisent dans leur position actuelle sont des obstacles vivants au progrès et des artisans silencieux de la perpétuation de notre inertie nationale. Ils choisissent de nourrir la stagnation plutôt que de nourrir le changement, d'empêcher le souffle du renouveau plutôt que de l'accepter. Leur confort personnel devient un rempart contre l'évolution, une barrière infranchissable pour une nation en quête de réformes profondes.

Alors oui, il est temps. Temps de dire à ces conseillers qu'ils sont de trop, temps de leur rappeler que leur mission est sacrée. La nation ne les regarde plus avec espoir, mais avec mépris. Leur inaction et leur égoïsme ont tissé les fils de cet échec imminent, et la responsabilité en incombera entièrement à ceux qui, au lieu de saisir l'opportunité de réformer, ont préféré préserver leurs intérêts personnels au détriment du Peuple

Le peuple de Guinée, lui, continue de crier. Sa voix résonne, malgré les murs sourds du CNT. Qui osera enfin l'écouter, briser le silence coupable et entendre l'appel désespéré d'une nation qui se débat dans l'attente de dirigeants à la hauteur de ses espoirs ? Les échos de ce cri s'amplifient chaque jour, et tôt ou tard, il faudra que cette voix soit entendue, sous peine de voir la Guinée s'enliser davantage dans la crise, perdant à chaque instant un peu plus de son âme et de son avenir.

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