Les situations exceptionnelles convoquent des hommes d'exception ; ce fut le cas tout au long de l'histoire des humanités, et c'est davantage le cas pour notre pays le Gabon aujourd'hui. Car, l'histoire du Gabon est marquée par une série de rendez-vous manqués avec l'Histoire. Cependant, le 30 août 2023, le peuple gabonais était présent lors de sa rencontre avec son destin ; il était déterminé à reprendre en main le cours de sa marche vers la félicité, rêve des pères de la nation, qui a été interrompu par ses ennemis de toujours : les profito-situationnistes de la politique gabonaise.
Barack Obama a affirmé à Accra, au Ghana, en 2009, que « l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais de fortes d'institutions » ; c'est à notre sens, une double erreur. D'abord parce que les aspirations profondes des peuples africains en général, et du peuple gabonais en particulier, ne peuvent pas être inspirées de l'extérieur ; et enfin parce que les institutions ne peuvent être fortes que si les personnes qui les incarnent sont fortes.
Les institutions américaines par exemple, ne sont fortes que parce qu'elles ont pu s'appuyer sur des hommes tels que Georges Washington, ou encore Abraham Lincoln, pour ne citer que ceux-ci ; qui ont donné à ces institutions la forme et le prestige que nous leur reconnaissons aujourd'hui. Aux moments les plus importants de l'histoire des États-Unis, lorsque le projet de naissance de cet État était compromis, ou lorsqu'il a fallu l'unifier et lui donner sa forme actuelle, ils ont pu compter sur des hommes de conviction, suffisamment charismatiques pour mener à bien le projet ambitieux de construire, la plus puissante et la plus riche nation du monde.
D'autres pays à l'instar de la France ont dû avoir recours à des hommes d'exception tels que le Général Charles de Gaulle, lorsque le pays s'est retrouvé en difficulté, et qu'il a fallu le secourir rapidement, pour éviter l'effondrement de la République Française. Nous pourrions en citer des centaines, mais l'idée est de dire que chaque pays, lorsqu'il est confronté à des difficultés existentielles, doit recourir à ses plus valeureux filles et fils.
Les peuples bantous ont une autre compréhension du pouvoir, qui repose sur la conviction que leur chef peut garantir leur sécurité et leur bien-être ; tout en étant le symbole de leur force et de leur capacité à s'affirmer face à l'adversité. Á cet égard, ils ont besoin de pouvoir s'identifier dans un homme ou une femme, qui leur ressemble et qui connaît le fond de ce qu'ils sont ; c'est-à-dire des femmes et des hommes fiers, liés à leur terre et à leur histoire par une union sacrée avec leurs ancêtres.
Mépriser cette dimension de leur identité, c'est risquer de s'attirer leurs foudres ; leur chef doit donc être en communion non seulement avec leurs corps, mais aussi avec leurs volontés. C'est pour cela qu'il n'est par exemple pas incongru que le chef danse avec son peuple, ou qu'il pleure avec lui, ou encore qu'il le recadre lorsque cela est nécessaire.
Le chef bantou accueille tout le monde, écoute tout le monde, défend tout le monde, agit avec justice, et sans calculs mesquins. Le chef bantou veille aux provisions, à la sécurité, à la manifestation de la vérité, à l'harmonie entre les hommes eux-mêmes, et entre les hommes et la Nature.
Arrivé à un point de non-retour, avec ceux qui ont précédemment incarné le pouvoir et les institutions de la nation gabonaise, le peuple gabonais a profondément aspiré à un changement significatif de personnes et de système à la tête de l'État ; c'est-à-dire de mode de fonctionnement.
Il n'est pas inadéquat pour une femme ou un homme bantou, de recommencer lorsque cela est nécessaire ; bien au contraire, les cycles de fin et de recommencement sont profondément inscrits dans l'âme et la culture bantous. C'est par ce procédé que nous avons entamé une longue épopée à travers les montages, les vallées, les savanes et les forêts, les eaux et déserts, avant de nous retrouver sur cette terre bénie que nous appelons le Gabon. Á la tête de ces groupes, se trouvaient des guerriers ; des personnes qui incarnaient en même temps la décision politique, et la stratégie militaire ; personnages dont nous racontons encore les hauts faits aujourd'hui, étant entendu que cette longue marche fut parsemée d'embûches.
C'est dans ce même élan que nous essayons, depuis un peu plus de 60 ans, c'est-à-dire depuis l'avènement de l'indépendance de notre pays, de conquérir notre souveraineté, lâchement retenue par des ennemis de l'intérieur, appuyés par des forces extérieures, qui prétendaient inscrire notre pays dans un cycle sans fin de luttes inachevées et de rêves brisés.
Qui, dans ce contexte problématique, pouvait mieux que l'un des corps les plus sacrés de la nation, l'armée, dénouer cet écheveau, sans risquer de rompre les liens sacrés qui forment le tissu social et spirituel du Gabon ? Cette armée, longtemps redoutée et qualifiée comme étant aux ordres du pouvoir, et de ses affidés depuis des décennies, cette armée dont nous pensions qu'elle n'était plus républicaine, cette armée négligée et sous-estimée ; c'est cette armée autrefois sacrifiée mais aujourd'hui sacrée, qui a arraché le peuple gabonais des griffes des manipulateurs de la politique gabonaise.
Personne n'y croyait ce fameux 30 août 2023 ; mais plus les heures défilaient, plus le rêve devenait réalité : nos frères en treillis, réunis au sein du CTRI, ont rempli leur devoir républicain, sans verser, grâce à Dieu et à nos ancêtres, une seule goutte du sang précieux des gabonais.
En nous dirigeant vers la fin de la transition en 2025, année de grands défis et de profonds changements dans notre pays, il est de la responsabilité de chaque gabonais, de veiller à maintenir en place les fondements de notre vivre ensemble. Le tissu social et spirituel gabonais est en effet riche d'une mosaïque ethnique importante, et beau de par toutes ses composantes ; il ne sert donc à rien de donner du grain à moudre à ces moulins à paroles, qui n'ont jamais rien fait pour faire évoluer le Gabon d'une part, et qui d'autre part l'on plutôt ruiné ; qui semblent cependant s'être découverts des talents de juges et d'opposants. Ils sont cachés en plein jour, et leurs actes témoignent contre eux, les accusant perpétuellement d'avoir été les architectes de l'échec des politiques des premiers présidents du Gabon.
Ils sont encore là, ces semeurs de poison, qui n'ont finalement jamais connu les Gabonais, puisqu'ils les regardaient du haut de leurs piédestaux comme de misérables sujets de leur règne brutal et criminel. Ils sont encore présents, apeurés à l'idée qu'un vrai gabonais, un digne fils de la terre de nos ancêtres, animé d'une volonté pure, puisse mettre à jour leurs magouilles et leurs crimes.
Dans leur langage transparaît déjà leur fourberie et leurs desseins macabres, soutenus par des forces obscures, qui depuis les jours saints où notre pays a obtenu son droit à l'autodétermination, n'ont jamais accepté que cela devienne une réalité. Le Gabon est assiégé, et le pire est qu'il est également infiltré ; il lui faut donc un maître dans l'art de débusquer les ennemis et d'organiser sa défense.
Il serait donc naïf pour nous, les gabonais, de baisser notre vigilance et de dormir sur nos lauriers ; car la lutte ne fait que commencer, et c'est une lutte pour notre liberté et notre prospérité. Cependant, que se produirait-il si nous interrompions cet effort de libération ? Rappelons- nous les ravages économiques, sociaux, politiques, moraux auxquels nous assistons depuis qu'une certaine classe politique a prétendu pouvoir gérer et gouverner le Gabon.
Souvenons-nous des femmes qui accouchent au sol dans des hôpitaux mal équipés, des enfants qui font cours sur ce même sol, dans des salles de classe insalubres, de l'insécurité dans nos quartiers puants plongés dans le noir, des brimades et des réquisitions infondées des biens des gabonais, du vol massif et de la disparition de lignes budgétaires entières, des salaires impayés, de l'état de nos villes et de nos villages, en un mot du sacrifice du Gabon et des gabonais.
Demandons- nous, où est allé tout cet argent ? Qui avait la charge de ces projets ? Qui nous a nargués pendant toutes ces décennies ? Voulons-nous replonger dans ce marasme ? Les gabonais ne peuvent pas être dupes ; il y a des forces des ténèbres qui complotent et travaillent contre nous. Et c'est normal, puisqu'elles n'ont jamais travaillé dans l'intérêt des gabonais ; car, pour être du côté du peuple, il faut appartenir au peuple ; il faut avoir les mêmes goûts et les mêmes amertumes que ce corps social et politique, lié par l'histoire et l'appartenance à une même nature.
La grande et véritable transition va donc consister, après le « OUI » au référendum constitutionnel dernier, à non seulement nous doter de textes de lois solides et gravés dans le marbre, mais aussi à choisir dès maintenant qui va être le garant de cette constitution pour les sept prochaines années. Aujourd'hui l'enjeu est nettement plus important ; car en réalité, ce que nous préparons c'est les 35 prochaines années de notre vivre ensemble.
Nous sommes en train de nous équiper pour affronter les défis auxquels nous devrons faire face jusqu'à l'an 2060 au moins ; c'est le Gabon dont vont hériter nos enfants, et leurs enfants après eux, un Gabon qui sera désormais centenaire, que nous essayons de bâtir. Nous n'y parviendrons que si nous décidons ensemble de faire taire les sorciers, ces perfides trompeurs, qui se servent de notre magnanimité pour essayer de nous manipuler, afin de nous enfoncer davantage.
Le problème du Gabon a de tous temps été les femmes et les hommes, qui devaient incarner les institutions et protéger notre ordre juridique, et en premier lieu notre loi fondamentale. Il est en effet facile d'accuser les institutions, car elles sont muettes et ne peuvent donc pas se défendre ; or il faut regarder les hommes et bien les regarder.
Nonobstant, il ne faut pas seulement les regarder, mais aussi les interroger en leur demandant tout simplement : « qu'avez-vous fait du Gabon ? » Nous étions convaincus par le passé qu'ils auraient ainsi honte de leurs actions, et iraient se cacher dans l'ombre, où est leur véritable place ; mais l'histoire qui s'écrit devant nous prouve que l'expression « avoir vendu la honte aux chiens », ne qualifiait personne d'autre que ces politiciens éhontés et calculateurs, auxquels nous avons eu le malheur un jour de confier notre bien le plus précieux, le Gabon.
Nulle aurait été la résilience des gabonais, ce pays aurait sombré depuis longtemps comme la malheureuse Haïti ; rongé par des politiques corrompus, soutenus par leurs maîtres étrangers, et intéressés par les richesses dont regorge chaque parcelle de notre éden.
Il ne s'agit donc pas ici d'un choix cornélien. En effet, le choix est plutôt simple ; il consiste à décider soit de condamner cette façon lâche de faire de la politique, qui nous a emmenés jusqu'à cette situation chaotique, et de passer à un mode de fonctionnement plus sain, ou alors de persévérer dans ces manoeuvres politiciennes et risquer l'implosion de notre pays.
Dans l'esprit de chaque gabonais, la réponse devrait être évidente et se dégager d'elle-même. Nous devons, eu égard à nos 267.667 kilomètres carrés de superficie, et nos un peu plus de 2 millions d'habitants, penser à protéger ce lieu sacré, et à sanctuariser cette terre bénie de Dieu.
Cela ne peut être fait que par un homme qui comprend ces enjeux, et qui n'agit pas par populisme, mais par la conviction que le Gabon peut et doit devenir la grande nation qu'il est destiné naturellement à être. Il faut à la tête de ce pays quelqu'un qui est habitué à faire des gardes et à veiller sur les intérêts des gabonais ; c'est d'un homme solide et déterminé, qui ne mâche pas ses mots et qui sait se faire respecter dont nous avons besoin. Ce qui est proposé aux gabonais d'aujourd'hui, c'est le choix de la raison. Ce vers quoi doivent converger nos énergies, c'est l'accompagnement d'un homme, qui a réellement risqué sa vie au nom de l'intérêt supérieur de la nation.
Par le passé, nous avons accordé notre confiance à des personnes qui nous avaient déjà trahis, et nous nous en sommes mordus les doigts. Maintenant, la raison, c'est-à-dire la capacité à juger entre ce qui est bon pour nous et ce qui ne l'est pas, nous commande de faire un choix logique. Et si nous faisons ce choix en tant que peuple, nul n'a le droit de le remettre en question, puisqu'il n'engage que nous, nos descendants, et notre terre sacrée. Ce choix logique consiste à accompagner le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, en adjoignant à la légitimité historique et populaire qu'il a déjà, une légitimité politique.
En le préservant des tracas liés à la politique destructrice et de division, à laquelle est habituée la classe politique gabonaise, nous allons l'aider à se concentrer sur l'essentiel ; en clair, il nous appartient de faire pour lui ce qu'il a fait pour nous, c'est-à-dire le protéger pour qu'il puisse continuer à faire ce pour quoi il semble être très doué : diriger notre pays le Gabon.
Il nous faut faire passer Brice Clotaire Oligui Nguema, du treillis à la toge ; il portera toujours un uniforme, mais ce ne sera plus le même.
Que vive le Gabon, que vivent les gabonaises et les gabonais dans la concorde et la paix.
Giovanni MBADINGA-ZIHOU,