Du 29 au 31 mars, Madagascar vibrera au rythme de l'Alahamadibe ou Taombaovao Malagasy. Tsiry Rakotonjanahary, gardien de la tradition, revient sur l'importance de cet événement qui lie la culture malgache à ses racines royales, tout en rappelant la nécessité de préserver les rites sacrés pour les générations futures.
Pourquoi célèbre-t-on l'Alahamadibe ?
L'Alahamadibe, l'un des quatre mois sacrés du calendrier malgache appelé renimbitana, revêt une importance particulière. Le premier jour de l'Alahamady est un moment festif, similaire à la célébration du Nouvel An dans le calendrier grégorien. Ce mois particulier marque aussi l'introduction de la viande chez les Malgaches.
Mais plus encore, l'Alahamadibe rend hommage à trois grands rois de l'histoire de Madagascar : Ralambo, Andriamasinavalona et Andrianampoinimerina. Ces anniversaires royaux, célébrés à travers le pays, représentent un moment crucial pour se rappeler les racines historiques et culturelles.
Où sont les lieux de célébration ?
L'Alahamadibe peut être célébré partout, mais il trouve une résonance particulière dans des lieux empreints d'histoire et de spiritualité tels que les Tranobe, Rova, Doany et Lapa Masina. Ce sont ces espaces sacrés qui accueillent les cérémonies, permettant à chaque participant de ressentir la force des traditions ancestrales, de se reconnecter aux racines de la nation et de formuler un voeu de prospérité pour l'année à venir.
Quels sont les rites associés à l'Alahamadibe ?
Les rites s'inspirent des coutumes des royaumes anciens, et l'objectif est de maintenir ces traditions vivantes. Tout commence par un rituel de purification, suivi d'une prière sollicitant la bénédiction du Créateur. Vient ensuite le Sorona, un moment de remerciements pour les bénédictions passées, suivi du Zara Hasina et de la bénédiction ou Fafy Rano pour le peuple. Le Dihin'ny Ntaolo est chanté pour souhaiter une année pleine de bonheur et de prospérité, avant de conclure avec un discours solennel, élevant ainsi cette célébration au rang d'un acte collectif d'hommage et de gratitude.
Pourquoi y a-t-il un désaccord sur la date de l'Alahamadibe entre les gardiens de la tradition ?
Madagascar est un pays riche en ethnies, et chaque groupe célèbre l'Alahamadibe à sa manière. Le « Fanandroana », le calendrier astrologique traditionnel, varie selon les régions, et chaque communauté peut suivre des rites légèrement différents, tout en restant fidèle à son propre héritage. Cela peut créer des divergences sur la date exacte de cette grande fête, mais l'idée d'un jour commun reste une aspiration pour l'avenir.
Pourquoi est-il si important dans la tradition ?
Chaque culture, chaque nation, a ses coutumes qui font partie de son identité. Lorsque l'on choisit de ne pas suivre une tradition, celle-ci peut lentement disparaître. Les gardiens de la tradition se battent pour préserver ce qui a été transmis par nos ancêtres, car ne pas le faire, c'est risquer d'effacer une part de notre héritage.
Lors de l'Alahamadibe, le partage de Vary amin-dronono tondrahan-tantely symbolise la bénédiction de l'année à venir, et ceux qui ne participent pas à cette cérémonie se privent de cette bénédiction précieuse. De plus, l'eau bénite de l'Alahamadibe est un vecteur d'énergie et de vitalité, qui apporte force et sérénité à ceux qui la reçoivent. L'Alahamadibe, bien plus qu'une simple fête, est un moment de communion avec les ancêtres et un pilier fondamental de l'identité malgache.