Madagascar: L'Église catholique prend la tête du Conseil oecuménique

La Cathédrale d'Antananarivo

Ce week-end, le FFKM, le Conseil oecuménique qui réunit les quatre grandes Églises chrétiennes de Madagascar, a changé de représentant. Dans le cadre de la présidence tournante, c'est désormais l'Église catholique avec à sa tête l'archevêque d'Antananarivo, monseigneur Jean De Dieu Raoelison, qui dirigera l'instance oecuménique pour une durée d'un an. Un changement qui pourrait en provoquer d'autres, dans le pays : l'Église catholique, très conciliante ces dernières années, s'est montrée particulièrement critique envers le pouvoir depuis quelques mois, en raison de la situation d'extrême pauvreté à laquelle la population fait face aujourd'hui.

Les paroles de monseigneur Jean De Dieu Raoelison seront scrutées et décortiquées. En toute logique, le Prélat qui préside désormais le conseil oecuménique des Églises chrétiennes devrait suivre les instructions données par la conférence épiscopale de Madagascar. Or, ces derniers mois, l'organe suprême des catholiques sur l'île n'a pas mâché ses mots et a pris des positions très tranchées.

Dans son communiqué du mois de novembre, les évêques ont pointé du doigt les manquements du régime, à commencer par les problèmes d'eau et d'électricité « qui ne sont pas résolus après tant d'années ». Une inefficacité « que l'on peut considérer » énonce le communiqué « comme une forme d'homicide indirect ». Les évêques se sont également insurgés contre ceux qui « osent encore affirmer que le pays progresse et que les dirigeants sont efficaces. Existent-ils des gens payés pour faire l'éloge des dirigeants tout en étant indifférents devant les souffrances du peuple ? », s'indignent les auteurs.

« Tout a une fin », préviennent-ils enfin, dans la version malgache du communiqué. « Nous sommes tous responsables [de la pauvreté sur l'île], que nous soyons grands ou petits, ne rejetons pas nos responsabilités sur les autres », a martelé de son côté le cardinal Désiré Tsarahazana, lors de sa prononciation des voeux à la population, début janvier.

« C'est le réveil de notre Église »

Ces jours-ci, l'ordre a été donné aux laïcs catholiques de « prendre leurs responsabilités ». « C'est le réveil de notre Église » se réjouit un pratiquant très engagé. « Elle en a fini avec son indulgence vis-à-vis de toutes les dérives du pouvoir en place, et nous présente aujourd'hui un discours sans ambiguïté, qui fait du bien », confie le laïc.

Historiquement, l'Église catholique malgache a toujours joué un rôle majeur durant les crises de 91, 2002 et 2009 qui ont conduit à des changements soudains de régime. Depuis une quinzaine d'années, toutefois, l'Église s'était faite plus discrète et ses prises de position étaient restées consensuelles. Quitte à laisser penser au plus grand nombre qu'elle avait perdu de son influence.

Ce revirement dans sa communication semble marquer une rupture avec le régime actuel et avec le président de la République - de confession catholique - que l'Église a, jusque-là, toujours pris soin de protéger.

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