Afrique de l'Ouest: Sahel - Ce que disent les récents enlèvements attribués à l'État islamique au Sahel

Quatre Marocains qui ont été enlevés au Burkina Faso, samedi 18 janvier ; un Espagnol enlevé en Algérie, la semaine dernière ; une Autrichienne et un Nigérien - ancien directeur de l'office des produits vivriers du Niger (OPVN) - kidnappés au Niger, le 11 janvier... Aucun de ces enlèvements n'a été revendiqué, mais les sources locales pointent toute la responsabilité de la branche sahélienne du groupe État islamique.

La branche sahélienne du groupe État islamique pointée du doigt. C'est aussi ce que confirme le chercheur Guillaume Soto-Mayor, affilié au Middle East Institute et spécialiste des groupes armés au Sahel.

Joint par RFI, il analyse ces enlèvements successifs.

« Une telle proximité de dates indique une coordination d'un point de vue opérationnel, explique le chercheur, et ce que cela envoie comme message, de la part de l'État islamique, à ses concurrents locaux d'al-Qaïda, c'est que le groupe existe bel et bien encore, malgré une période où al-Qaïda avait l'initiative dans toute la zone. Cela indique, poursuit Guillaume Soto-Mayor, que l'État islamique au Sahel dispose d'un certain nombre d'appuis, de relais, aussi bien dans certaines communautés locales que dans des points clefs, notamment au niveau des frontières entre l'Algérie, le Mali et le Niger. »

À la question de savoir si cela signifie que la branche sahélienne du groupe État islamique fait, dorénavant, de la prise d'otages, un mode de financement, le chercheur Guillaume Soto-Mayor rappelle que « L'État islamique au Sahel et l'État islamique en Afrique de l'Ouest [deux sous-groupes distincts affiliés à l'État islamique "central", NDLR] n'ont pas été les leaders de cette industrie qui était plutôt l'apanage d'al-Qaïda », avant d'ajouter qu'« ici, ce que cela nous indique, c'est que le groupe avait des besoins financiers, mais aussi qu'il veut montrer qu'il a des capacités importantes et qu'il va falloir compter sur lui également dans les prochaines années. C'est donc un message très fort qui est envoyé, aussi bien aux communautés locales qu'à tous ceux qui suivent la galaxie jihadiste, au-delà des frontières sahéliennes et ouest-africaines. »

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