Afrique: Donald Trump de retour à la Maison blanche - Quelles perspectives pour la RDC et le continent africain ? (Analyse)

21 Janvier 2025
analyse

Donald Trump, leader républicain, a été investi le 20 janvier comme 47e président des Etats-Unis, quatre ans après avoir quitté la Maison blanche, après sa défaite face au démocrate Joe Biden. Ce retour du milliardaire dans le Bureau ovale suscite des interrogations et des attentes en République démocratique du Congo. Nombreux misent sur l'impact potentiel de ce changement à la tête de la première puissance mondiale pour résoudre le conflit à l'Est, alimenté par la convoitise des ressources naturelles stratégiques.

Pour Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir, le retour de Donald Trump pourrait marquer un tournant, bien que la politique américaine à l'égard de l'Afrique ait historiquement été constante.

« Je crois que pendant longtemps, la politique américaine à l'égard de l'Afrique a été ce qu'on appelle bipartisane, c'est-à-dire qu'elle était la même, que l'on soit démocrate ou républicain. Je crois cependant que le phénomène de Donald Trump, la personnalité de Donald Trump, est différente », disait la journaliste lors de l'émission Regards sur l'actualité de la semaine à Radio Okapi.

La proximité de Donald Trump avec des industriels américains : une nouvelle donne ?

La journaliste belge, spécialiste de la région des Grands Lacs, souligne l'intérêt croissant des États-Unis pour les ressources naturelles congolaises. Cet intérêt se manifeste notamment par leur implication dans le développement du corridor ferroviaire de Lobito, en Angola, un axe stratégique pour l'exportation du cobalt et du cuivre de la RDC vers les États-Unis. L'intérêt des industriels américains dont certains sont proches du nouveau locataire de la Maison blanche, pourrait influencer une implication plus directe de Washington dans la région.

« Elon Musk est le bras droit de Trump. Il dépend pour son industrie ou ses industries informatiques, pour ses voitures électriques, etc., des matières premières qui se trouvent en grande partie en Afrique et surtout au Congo », explique la journaliste.

Cette proximité de Donald Trump avec des milliardaires de la Silicon valley intéressés par des minerais stratégiques utilisés par l'industrie des nouvelles technologies, pourrait changer la donne, analyse Colette Braeckman :

« Jusqu'à présent, on a fait croire aux Américains qu'il était plus facile et plus rentable d'arracher les matières premières au Congo de la manière que l'on connaît par le pillage, par le trafic illicite, et puis de les revendre par des plateformes qui sont dans les pays voisins. Donc, si on présente aux Américains une solution rentable, rapide, sécurisée pour exporter les minerais dont ils ont besoin, ils pourraient très bien se dire qu'au fond, cette guerre à l'Est avec des proxies des pays intermédiaires, que cette guerre est inutile et qu'il vaut mieux y mettre fin ».

Une approche pragmatique pour la crise dans l'Est

Dismas Kitenge, président du groupe Lotus et militant des droits de l'homme, reste sceptique quant à l'impact d'un changement d'administration américaine si les Congolais eux-mêmes ne prennent pas les devants.

«Donald Trump c'est « America first ». D'abord les intérêts américains. Nous aussi, nous devons nous battre pour faire valoir nos intérêts et pour montrer que nos richesses doivent nous profiter et il faut que les autres tiennent compte de nous et non laisser à Donald Trump et à son administration de faire tout à notre place », indiquait-il sur les antennes de Radio Okapi.

Willy Kalengayi, journaliste et directeur général du magazine Géopolis, spécialisé dans les ressources naturelles, pense également que Donald Trump va privilégier les intérêts américains. Il estime néanmoins que le côté pragmatique du 47ème président des Etats-Unis pourrait jouer en faveur d'une résolution du conflit dans l'Est de la RDC si des intérêts américains étaient alignés avec ceux de la RDC :

« Le Congo doit se vendre pour dire « vous n'avez pas besoin de venir ici violemment pour obtenir les avantages économiques. Nous pouvons nous organiser en faisant des réformes et ces réformes vont rencontrer les intérêts du Congo et les intérêts des Etats-Unis ».

Donc, « c'est au Congo d'anticiper sur la diplomatie », conseille le journaliste.

Le retour de Donald Trump ne garantit pas forcément un engagement accru des États-Unis en RDC. Mais le retour du milliardaire républicain dans le Bureau ovale pourrait offrir une opportunité pour repenser la stratégie d'exploitation des ressources naturelles congolaises et envisager une résolution pragmatique du conflit qui déchire l'Est de la RDC, souligne Willy Kalengayi. Cependant, comme le rappelle Dismas Kitenge : « Soyons réalistes. Nous devons continuer à nous battre et que le combat continue ».

Des personnalités congolaises à l'investiture de Trump

Quelques médias dont Africa intelligence ont rapporté la présence des personnalités congolaises au Capitol pour la cérémonie d'investiture de Donald Trump à la présidence américaine. Ce médias, relayé par d'autres, cite notamment l'opposant Moise Katumbi et l'ancien Haut représentant du Président Felix Tshisekedi, Serge Tshibangu. Des sources proches de ce dernier ont confirmé à Radio Okapi sa présence au Capitol lundi 20 janvier.

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