Tunisie: David Bettoni, ex-entraîneur adjoint du Real Madrid, prend son envol au Club Africain

Connu pour son rôle d'adjoint de Zinédine Zidane au Real Madrid, - ensemble ils ont formé un duo gagnant, accumulant notamment trois Ligues des champions -, David Bettoni (53 ans) fait aujourd'hui les beaux jours du mythique Club Africain à Tunis, actuellement deuxième du championnat à un point du Stade Tunisien.

Le Club Africain, qui sort d'une saison ratée sans qualification continentale à la clef, était un sacré défi pour David Bettoni, propulsé à la tête d'une équipe pour la première fois de sa carrière de coach dès le début de saison. En tant qu'entraîneur principal, sa seule expérience à ce poste s'est déroulée en cours de saison au FC Sion en Suisse lors de la fin de l'exercice 2023-2024.

Petit retour en arrière. Quand il tourne la page de sa carrière de joueur en 2004, encouragé par la direction de l'AS Cannes, David Bettoni devient dans la foulée formateur du club cannois où il commence par s'occuper des moins de 13 ans et des moins de 14 ans. Ensuite, il passe ses diplômes d'entraîneur professionnel à l'institut national du football de Clairefontaine.

Rester dans le foot semblait vital pour celui qui est né dans la banlieue lyonnaise. « Même quand j'étais joueur, j'observais tout, je parlais souvent à mes entraîneurs. Je crois que j'ai tout de suite eu envie de faire progresser les jeunes quand j'ai cessé de jouer moi-même », avoue d'emblée David Bettoni qui finit par se dire que l'on peut progresser à tout âge.

La transmission comme mantra

Son passage au Real aux côtés de Zinédine Zidane - entre 2014 et 2018 puis entre 2019 et 2021 -, il ne s'y attendait pas. « C'est un tour à 360 degrés », lâche-t-il. « Avec le haut niveau, avec les grands joueurs, c'est surtout un travail sur le détail. » Mais le plus important pour lui, c'est la transmission.

Ce qu'il fait volontiers au Club Africain, dont le dernier titre en championnat remonte à 2015. Et son passage dans la capitale espagnole lui donne un éventail de solutions pour mener à bien son projet. « Le club voulait repartir à zéro et ce qui était important, c'était de comprendre leur projet sur le court et moyen terme. Surtout, il fallait redonner des couleurs à ce club très populaire à Tunis », avance David Bettoni qui a très vite tenu compte de cet environnement « sulfureux » et « passionnel ».

Et pour vivre une histoire avec cette équipe, David Bettoni entend mettre en place une méthodologie de travail avec des joueurs qui n'ont pas de cursus européen au niveau de la formation.

« Je les fais réfléchir sur le jeu, je veux qu'ils soient assez autonomes, créatifs, précise-t-il. Je me suis vite rendu compte qu'ils étaient très demandeurs. » Le technicien utilise alors son expérience du haut niveau pour demander à ses joueurs de se concentrer sur les moyens et pas sur le fait uniquement de vouloir gagner.

« Avoir juste cela dans la tête, c'est contre productif, explique le technicien français. Il faut avant tout se focaliser sur comment faire pour y arriver. Pour être concret, le joueur doit optimiser sa performance plutôt que de vouloir à tout prix gagner son match. Par exemple, il faut commencer par comprendre comment progresser dans la conservation de balle, dans le jeu offensif. Du coup le joueur ne se sent pas dans l'obligation de tout faire correctement tout de suite ».

Diluer les responsabilités

En plus de vouloir transmettre un état d'esprit et un bagage technique à son équipe, David Bettoni s'attache aussi à l'humain.

« Dans le foot, il faut se rendre compte que les joueurs ont beaucoup de responsabilités et beaucoup de pression. En plus de leur famille, beaucoup de gens comptent sur eux. Il faut diluer les responsabilités à travers l'équipe pour que chaque joueur ne porte pas un fardeau sur ses épaules. Et je fais la même chose avec le staff du club », explicite le coach, qui a fait en sorte qu'en cinq mois un groupe reconstitué à 80% avec 24 ans de moyenne d'âge réussisse la première partie de saison. « Ce n'est pas de la chance, c'est du travail ». Surtout, pour David Bettoni il faut chercher à comprendre ce qui ne fonctionne pas plutôt que de porter des jugements définitifs, comme une forme de bienveillance dans le coaching.

C'est vrai, David Bettoni a remporté trois Ligues des champions européennes (2016, 2017, 2018) comme ami et adjoint de « Zizou ». Au-delà de la belle image, son autorité et sa compétence ont tout de suite été reconnues. Un avantage pour gagner du temps. Mais lui veut garder à l'esprit la façon dont ces C1 ont été gagnées tactiquement ou encore physiquement. Et surtout l'appliquer dans son quotidien à Tunis. Au Real, il étudiait notamment les adversaires à l'aide de longues séances vidéo.

Faire jouer n'importe quel soliste

« Je peux dire que grâce à toutes ces années à Madrid, je suis un entraîneur performant au Club Africain. Quand je parle à un joueur de foot, je ne regarde pas qui il est. En Espagne c'était Benzema, aujourd'hui c'est Bilel Aït Malek (ailier gauche, ndlr). Je sais juste qu'il a besoin de moi pour être performant et que l'on a besoin de lui pour que l'équipe tourne bien. Si l'environnement est différent, le but est le même », argumente David Bettoni.

A l'image d'un chef d'orchestre, le coach, amoureux de la tactique, doit être capable de faire jouer n'importe quel soliste. Après six mois au Club Africain, David Bettoni, « affectif » avec ses joueurs, est déjà fier d'une chose : leur progression.

Mais aussi de la richesse d'avoir côtoyé autant des joueurs d'expériences au Real comme Cristiano Ronaldo ou Luka Modric, que de jeunes apprentis à Cannes et des joueurs du continent africain. « J'ai appris beaucoup de choses en peu de temps et surtout dans des univers si différents ». Des expériences qu'il n'imaginait pas et qui lui ont permis de comprendre quelle personne il voulait être, avec un capital culturel et footballistique qui ne cesse de croître.

Il y a eu le travail dans l'ombre au Real, loin des projecteurs. En Tunisie, où il se sent comme un poisson dans l'eau, David Bettoni commence à prendre la lumière.

Lors de l'exercice 2013-2014, avant d'être au premier plan, Zinédine Zidane était l'adjoint de l'Italien Carlo Ancelotti. « Il m'a expliqué à quel point c'était un bonheur de gagner des titres comme coach principal et je souhaite vivre la même chose », conclut David Bettoni. Pourquoi pas au Club Africain ?

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