Lors d'une interview, un membre du gouvernement a affirmé qu'il n'existe aucun lien de causalité entre la pauvreté et l'échec scolaire. Une déclaration empreinte non seulement de mépris, mais constitue également un aveu d'échec au regard de son statut de Ministre.
L'analyse d'un lien de causalité entre pauvreté et échec scolaire nécessite de circonscrire au préalable les significations des notions de pauvreté et d'échec scolaire.
La pauvreté est une condition où les ressources économiques et matérielles sont insuffisantes pour satisfaire les besoins primaires. Tandis que l'échec scolaire se caractérise par l'incapacité à atteindre les standards éducatifs attendus.
Selon l'Organisation des Nations Unies(ONU), en 2024, le taux d'échec au Gabon avoisinait les 36%. Un taux plus élevé, bien au-dessus du Sénégal (11%) et du Cameroun (25%). Ce qui représente un problème majeur pour notre société. Quel lien peut-on établir entre échec scolaire et pauvreté ?
La pauvreté affecte directement et indirectement les processus éducatifs. En effet, la précarité peut limiter l'accès aux ressources pédagogiques, telles que les manuels scolaires, le soutien scolaire et autres moyens d'éveil culturel, les outils numériques... et peut entraver l'apprentissage. Les familles à faible revenu investissent souvent moins dans l'éducation des enfants en raison des restrictions budgétaires.
Aussi, la prise d'un petit déjeuner à un effet positif sur le niveau d'énergie, la mémoire, la capacité à résoudre des problèmes. Ne dit-on pas qu' « un ventre affamé n'a pas d'oreilles » !
Les familles pauvres ne disposent pas toujours d'un environnement adéquat pour soutenir l'apprentissage à la maison. Certains enfants de familles pauvres, mal logées ne disposent pas d'un lieu approprié pour faire leurs devoirs à la maison. C'est le cas des familles qui habitent un logement surpeuplé ou qui vivent une situation de très grande précarité. Les conditions difficiles, toutes choses liées à la pauvreté agissent sur la capacité des parents à offrir un soutien suffisant à leurs enfants et de meilleures conditions d'apprentissage.
De plus, le stress lié à l'incertitude financière impacte la concentration et l'assiduité scolaire. Ce qui peut compromettre le rendement de l'élève.
C'est dans cette perspective que Davaillon et Nauze-Fichet (2004) dévoilent qu'un enfant, vivant dans un ménage pauvre, connait à priori, des conditions moins propices à la réussite scolaire. Car, les enfants pauvres cumulent plus de retards en termes d'âge et d'acquis. L'Etude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ) quant à elle, démontre que les enfants issus des milieux plus défavorisés présentent des difficultés d'apprentissage.
Dans le même ordre d'idées, le rapport de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), met en évidence, le lien de causalité entre la pauvreté et l'échec scolaire. Les résultats de ce rapport soulignent des défis auxquels se heurtent les familles modestes et traduisent la nécessité pour les gouvernements d'agir sur cette question. Il existe donc un lien de causalité entre la pauvreté et l'échec scolaire.