La révocation du permis Environmental Impact Assessment (EIA) d'Atalian Global Services pour un projet hôtelier aux Salines, par le ministère de l'Environnement le mercredi 15 janvier, représente un signal fort, selon la militante de l'environnement, Carina Gounden (photo). Elle insiste sur l'urgence de préserver le littoral face aux menaces climatiques et appelle à une gestion responsable et durable de ces espaces fragiles.
Le projet d'Atalian Global Services n'était qu'un exemple parmi d'autres projets prévus aux Salines. «La péninsule des Salines est un site écologiquement sensible, avec des écosystèmes uniques, comprenant des dunes, des mangroves et des zones humides. Autoriser de tels projets revient à commettre un crime écologique. Cette décision doit marquer le début d'une politique de tolérance zéro envers les projets destructeurs sur le littoral», soutient la militante, membre de l'ONG mru2025 et de la plateforme citoyenne Aret Kokin Nu Laplaz.
Elle estime qu'il est crucial de renforcer, protéger et préparer nos côtes face à la montée des eaux et aux événements climatiques extrêmes. «Nous avons besoin d'une gestion du littoral inclusive, réfléchie et adaptée aux urgences liées aux changements climatiques. Cela passera par des décisions courageuses, fondées sur l'intérêt public, et non plus par la construction à tout prix.»
Carina Gounden ajoute que chaque jour de retard dans cette lutte expose davantage l'île Maurice aux effets dévastateurs de l'érosion, des tempêtes et de la montée des eaux. Si la société civile continuera de jouer son rôle en dénonçant les abus, elle insiste sur le fait que «l'État doit désormais démontrer un véritable leadership». La préservation du littoral, selon elle, nécessite des mesures immédiates et structurantes pour empêcher la réalisation de projets destructeurs.
La militante cite un autre exemple qu'elle qualifie d'«alarmant» : un projet de 220 villas de luxe sur 150 hectares aux Salines. «Alors que le littoral de Maurice est déjà gravement touché par l'érosion et les impacts des changements climatiques, de tels projets sont tout simplement irresponsables.» Elle appelle à repenser notre gestion du littoral en interdisant toute nouvelle forme de bétonisation.
La révocation du permis EIA d'Atalian Global Services «s'inscrit dans une série d'actions urgentes et nécessaires pour protéger notre littoral, un patrimoine fragile et menacé». La militante déplore que ce projet ait fait partie de développements irresponsables qui n'auraient jamais dû être autorisés.
Pour elle, les projets prévus sur le littoral sont «irresponsables et irréalistes dans le contexte actuel de dégradation de nos écosystèmes». Elle estime que les promoteurs de tels projets «vont à l'encontre du développement durable de notre pays» et appelle les banques et compagnies d'assurances à cesser de soutenir ces projets destructeurs, qui fragilisent encore davantage un littoral déjà vulnérable.
Décisions saluées et attentes
Depuis le début de l'année, plusieurs décisions positives ont été prises. Elle cite notamment la réintroduction des exigences d'EIA pour les projets situés à moins d'un kilomètre du high water mark, lorsqu'ils concernent moins de 50 unités. Cependant, elle reconnaît qu'il reste encore beaucoup à faire.
Au-delà de ces mesures ponctuelles, Carina Gounden estime qu'il est essentiel de lancer une évaluation stratégique environnementale (Strategic Environmental Assessment) pour l'ensemble du littoral. «Cela permettrait d'intégrer une vision à long terme dans la planification territoriale, en alignant les décisions avec les objectifs de durabilité et de résilience climatique», précise-t-elle.
Carina Gounden se dit impatiente de découvrir la nouvelle National Land Development Strategy pour les 20 prochaines années. Elle espère que le ministre des Terres saura intégrer cette réalité dans la stratégie, à savoir que l'État perd progressivement ses terres sur le littoral. Ces actifs, déjà impactés par les changements climatiques, se détérioreront encore plus rapidement si l'extension du béton sur nos côtes n'est pas stoppée, car elle aggrave et accélère l'érosion.