Ile Maurice: Une menace pour la production agricole et l'approvisionnement local

La sécheresse persistante a des conséquences graves sur la production de légumes, perturbant ainsi l'approvisionnement local et menaçant de faire grimper les prix pour les consommateurs. Depuis décembre, la situation a été particulièrement critique dans le nord et l'est de l'île. «Dans le nord et l'est, on n'a pas pu faire de plantations, d'autant plus que l'irrigation est régulée. Cela a été particulièrement difficile pour les planteurs de ces régions», explique Krit Beeharry, de l'Association des planteurs de l'île Maurice. Ce manque d'eau a empêché les cultivateurs de lancer de nouvelles plantations. Cependant, sur le plateau central et dans le sud, les conditions ont permis de maintenir une production à environ 60 à 70 % de la normale. «Bien que nous ayons eu de la pluie dans ces régions, cela reste insuffisant pour compenser la période de sécheresse prolongée.»

Il constate que bien qu'il ait plu un peu sur le plateau central et dans le sud, l'eau disponible pour l'irrigation reste insuffisante pour démarrer de nouvelles cultures. «Il y a un manque d'eau en général et bien que nous ayons eu quelques pluies, cela ne suffit pas pour commencer de nouvelles cultures. Ce sont les anciennes plantations qui nous permettent de fournir le marché», précise-t-il.

Kreepalloo Sunghoon, président de la Small Planters Association, partage le même constat. Selon lui, les nouvelles plantations sont particulièrement vulnérables. «Les nouvelles plantations ne survivent pas. Avec la chaleur intense et le manque d'eau, il est très difficile de maintenir les plantes en vie. Certains légumes, comme l'aubergine et le brède songe, sont plus résistants à la sécheresse, mais les plantes filantes sont les plus difficiles à cultiver.» Certains agriculteurs essaient de compenser ce manque en achetant de l'eau en citerne et en embauchant des personnes pour arroser manuellement leurs champs, mais ces solutions restent coûteuses. «C'est un coût supplémentaire, mais ils n'ont pas d'autre choix pour maintenir un minimum de production. C'est leur gagne-pain», explique-t-il.

En outre, le président de la Small Planters Association évoque une baisse continue de la production dans les jours à venir si la sécheresse persiste. «La production va diminuer et les prix vont augmenter. C'est inévitable», prédit-il. Cette hausse des prix pourrait toucher directement les consommateurs, qui sont confrontés à des prix ayant déjà commencé à prendre l'ascenseur.

Cependant, Krit Beeharry se montre plus optimiste, espérant que la situation pourra se redresser s'il pleut raisonnablement. «S'il pleut dans les prochains jours, la production pourra reprendre, mais si des cyclones ou des inondations surviennent, cela compliquera encore la situation.» Un véritable soulagement pour les consommateurs n'est attendu qu'en hiver.

Canne à sucre

La canne à sucre n'est pas épargnée par la sécheresse actuelle. Kailash Ramdharry, membre du Mouvement Ti Planter Canne, explique que «n'importe quelle plante demande de l'eau», bien que la canne soit relativement tolérante. Toutefois, il souligne que «nous traversons une sécheresse trop longue», ce qui rend la situation préoccupante. La coupe de la canne s'est terminée début décembre. À cette période, les planteurs de canne à sucre commencent habituellement à fertiliser leurs champs, en attendant les pluies pour que les fertilisants se dissolvent et que la canne commence à pousser. Cependant, de nombreux planteurs hésitent à fertiliser leurs champs, craignant que les fertilisants ne soient perdus sous l'effet du soleil, explique-t-il. «Il y a ceux qui ont fertilisé, et le fertilisant s'est volatilisé.»

Pour lui, il est encore trop tôt pour annoncer une baisse significative de la production. Kailash Ramdharry soutient qu'il «est possible qu'il y ait un impact sur la coupe de cette année et que le rendement baisse d'un certain pourcentage», mais que cela dépendra du nombre de planteurs ayant fertilisé leurs champs. Il ajoute, en essayant de rester optimiste, que si la pluie survient dans les semaines à venir, le retard accumulé pourrait être rattrapé.

Par ailleurs, lundi, une session interactive a eu lieu au Mauritius Cane Industry Authority Complex, au cours de laquelle le ministre de l'Agro-industrie, Arvin Boolell, a rencontré plus de 200 planteurs de canne pour discuter de leurs préoccupations, y compris l'impact de la sécheresse. Toutes les institutions concernées étaient présentes pour cette rencontre, qui a donné lieu à une séance de questions-réponses. Arvin Boolell a assuré aux planteurs que le ministère fournirait tout le soutien nécessaire à la survie du secteur de la canne à sucre.

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