Minova, désormais contrôlée par les rebelles du M23, était la dernière ville à encore approvisionner Goma en denrées alimentaires dans l'est de la RDC.
La guerre dans l'est de la République démocratique du Congo, entre l'armée loyaliste, soutenue par des milices d'autodéfense, et les rebelles du M23, prend de nouveau une dimension dramatique dans la province du Nord-Kivu, mais aussi, au-delà, dans la province voisine du Sud-Kivu.
Ce mardi 21 janvier, les rebelles ont pris le contrôle de la cité de Minova, dans la province du Sud-Kivu, étendant leur contrôle sur le lac Kivu, qui forme la frontière avec le Nord-Kivu
Des tirs d'artillerie ont été entendus depuis le début de la matinée, ce qui a poussé plusieurs centaines de familles vivant à Minova et dans les villages environnants à fuir, en empruntant la seule voie disponible vers la ville de Goma : sur le lac Kivu.
Goma prise au piège
Ces personnes, dont la plupart sont des agriculteurs, affluent vers Goma, abandonnant leurs champs et laissant le chef-lieu du Nord-Kivu à court de vivres.
Parmi eux, Bauma Baseme explique être "arrivé dans le camp de Nzulo, et maintenant je fuis vers un autre camp, à Mugunga. Avant, j'avais un refuge ici à Nzulo, mais à Nzulo aussi la situation devient tendue, ce qui me pousse à aller à Mugunga".
La crainte de pénuries alimentaires à Goma est grande, d'autant plus que les habitants se sentent déjà pris au piège, toutes les voies d'accès à la ville ayant déjà été bloquées par les rebelles.
L'aggravation de la situation dans la région ne devrait donc pas seulement être ressentie par les déplacés, mais par tous les habitants, comme l'explique Mirindi Ngaboyeka, une résidente de Goma.
Selon elle, "maintenant que Minova a été prise par les rebelles, alors que c'est la ville qui approvisionnait Goma en nourriture, et que Rutshuru a déjà été prise aussi, le gouvernement devrait s'occuper de tous les habitants, parce qu'il n'y a pas que ceux qui sont dans les camps de déplacés qui souffrent. Certains d'entre nous sont chez eux et souffrent plus que ceux qui sont dans les camps."
Les écoles ferment leurs portes
Les écoles, dans la partie ouest de la ville de Goma, ont du mal à fonctionner en raison du danger que font peser les tirs d'armes lourdes. Face à cette situation, les écoles commencent à fermer, afin de protéger les enfants.
"Ils nous ont fait quitter l'école et rentrer chez nous, parce que des bombes sont lancées quand nous sommes à l'école, explique Charmant Basaundi, un élève de l'institut Lubumira. Nous entendons des détonations et nous avons peur. Nous demandons aux autorités de rétablir la paix pour que nous puissions étudier. Même hier, nous n'avons pas étudié".
Réagissant à la prise de Minova et à l'isolement de la ville de Goma, la Coordination de la société civile de la province du Nord-Kivu est très inquiète et demande au gouvernement de dépêcher le ministre de la Défense et le chef d'état-major général de l'armée pour suivre de près la situation.