Le M23 aurait massacré au moins 200 civils au cours des dernières semaines, selon les autorités du territoire de Kalehe.
Dans un communiqué datant du 22 janvier, l'administrateur du territoire de Kalehe, en République démocratique du Congo, déplore l'occupation illégale par les rebelles de certaines zones, en violation des accords de cessez-le-feu de Luanda.
Il invite la population à rester calme et à "accompagner" sur la ligne de front l'armée congolaise et les milices Wazalendo qui combattent à ses côtés.
Mais le bilan de 200 civils tués n'est pas confirmé.
L'Acled, une organisation qui recense les conflits dans le monde, parle pour sa part de 73 civils tués par le M23 au cours des quatre dernières semaines. Ses estimations s'arrêtent au 17 janvier.
Des personnes qui vivent à Minova, une ville dans le territoire de Kalehe, dans le Sud-Kivu, ont livré leur témoignage à la DW. Minova est actuellement entre les mains du M23.
"Ils ont donné l'autorisation de circuler 24h/24"
Daniel Mushomo est membre de la société civile de cette ville. Il affirme que dix militaires et deux civils ont été tués lors des affrontements entre l'armée et le M23.
Il explique aussi quele M23 est entré dans la ville sans être inquiété car les militaires s'étaient repliés avant son arrivée. Depuis, il n'y aurait aucun incident à déplorer, selon lui.
"Nous étions avec eux hier dans une réunion et, dans cette réunion, ils ont dit qu'ils allaient coordonner la zone, raconte Daniel Mushomo. Ils ont donné l'autorisation de circuler 24h/24. Ils ont dit qu'ils sont là pour la paix, rien que ça ! Depuis ce matin, nous n'avons pas entendu de coups de feu, nous n'avons pas enregistré de bavures. Nous sommes dans la zone sans toutefois être inquiétés. Peut-être que cela peut arriver d'un moment à l'autre, mais depuis que le M23 est arrivé, il n'y a pas de soucis."
Si Daniel Mushomo a accepté de livrer son témoignage, d'autres personnes, en revanche, ont refusé de s'exprimer par peur de représailles.
En finir avec la violence
Le défenseur des droits de l'Homme Jean-Claude Katende estime pour sa part que les exactions et les violations des droits de l'Homme dont se rendent coupables le M23 et l'armée du Rwanda, dans l'est de la RDC, sont la conséquence de l'impunité qui existe dans cette partie du pays, depuis 1993.
"Tant que nous aurons ce président-là, il y aura toujours des problèmes, estime Jean-Claude Katende. Tant que la justice au niveau des Etats ne va pas agir, tant qu'en République démocratique du Congo certaines personnalités qui ont été impliquées dans la guerre de l'AFDL (L'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), dans la guerre du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), comme dans la guerre du M23, seront encore dans les institutions, ou seront congratulés dans les services de renseignement, dans l'armée, dans la police, au sein du gouvernement, (cette situation durera). Il faut que notre pays mette fin à ce mauvais exemple."
Rompre Le cycle d'impunité
Un tribunal spécial pour juger ces méfaits reste la solution pour Jean-Claude Katende.
"Le tribunal international pour la RDC, que la société civile a toujours réclamé, ne se met pas en place pour ne fut-ce qu'examiner les cas soulevés par le rapport Mapping, identifier les auteurs et les traduire en justice. Ce défaut de tribunal pour la RDC consolide la conviction du M23 et des troupes rwandaises qu'ils ne seront jamais poursuivis. "
Mgr. François Xavier Maroy, archevêque de Bukavu, a lancé un message de réconfort à la population, suite aux affrontements qui opposent actuellementles FARDC et le M23 dans le territoire de Kalehe, dans le Sud-Kivu :
"Rien ne saurait légitimer une agression contre des populations civiles et la guerre ne fait que détruire à la racine tout effort de dialogue, de tolérance et de fraternité."