Ce n'est pas trop tôt. Plusieurs mois après la sortie du décret d'application de la nouvelle loi sur les viols, le premier condamné à la castration a été annoncé par la cour criminelle ordinaire de Toamasina. Ce n'est donc pas Dawilly ni Dodol, les deux violeurs les plus célèbres, mais un homme âgé de 28 ans. La sentence a été prononcée il y a quelques jours mais est passée presque inaperçue. On attendait pourtant depuis longtemps la mise en application de cette loi pour servir d'exemple. On aurait donc dû « matraquer » cette nouvelle.
On ne comprend pas pourquoi les autorités ont laissé passer l'occasion de montrer qu'on ne badine pas et que les juges seront impitoyables. C'est d'autant plus vrai que malgré la mise en détention provisoire systématique des auteurs de viol, cela ne semble pas décourager les violeurs en herbe. À preuve, l'affaire Dodol qui a scandalisé l'opinion, et la recrudescence des viols sur mineurs qui inondent les journaux. À croire que la nouvelle loi aurait dopé les violences sexuelles.
Ce qui est certain, c'est que les violeurs vivent complètement déconnectés des réalités et de l'actualité. Ils ignorent quelles sont les peines encourues par les auteurs de ce genre de crime et il y a fort à parier qu'ils ne sont pas au courant qu'une nouvelle loi a été votée. Ils ignorent même qu'il s'agit d'un crime. C'est ce qui complique la lutte contre les viols. Il y a toute une armée de violeurs en puissance qui attendent dans la chambre d'appel. On aura beau attraper, castrer ceux qui se font prendre en flagrant délit, la relève est déjà prête pour prendre la place laissée vide par les violeurs malchanceux.
Aussi longtemps que 80% de la population sont pauvres et peu instruits pour être réceptifs aux initiatives de sensibilisation. Le fait est qu'ici, c'est plutôt « tout le monde est censé ignorer la loi » et non autre chose, étant donné le niveau déplorable d'éducation.
On craint donc que le durcissement des peines n'ait pas l'effet escompté pour réduire, voire annihiler, les viols. On souhaite que ce soit le contraire, mais l'actualité montre déjà les limites de la nouvelle loi. Même le rétablissement de la peine de mort, qu'une partie de l'opinion réclame, risque de ne pas pouvoir éteindre les pulsions bestiales des violeurs impénitents.