Afrique: James Kwesi Appiah, le stratège derrière l'exploit soudanais vers la CAN 2025

interview

James Kwasi Appiah, icône du football ghanéen, continue de marquer l'histoire du football africain avec des exploits mémorables.

En tant que sélectionneur du Soudan, Appiah a réussi un véritable tour de force : guider une nation déchirée par une guerre civile vers une qualification pour la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies,, prévue au Maroc.

Dans un contexte d'instabilité où les Soudanais ont dû disputer tous leurs matchs de qualification hors de leurs frontières, le leadership et la vision tactique d'Appiah ont insufflé un souffle d'espoir à une population éprouvée.

Fait notable, cet exploit s'est réalisé au détriment de son pays natal, le Ghana, ajoutant une dimension à la fois poignante et exceptionnelle à cette réussite.

Ancien capitaine des Black Stars et sélectionneur ghanéen lors de la Coupe du monde 2014, Appiah entame désormais un nouveau chapitre de sa carrière. Il s'apprête à mener le Soudan dans l'arène de la plus prestigieuse compétition de football en Afrique.

À quelques jours du tirage au sort final de la CAN 2025, prévu lundi au Maroc, Kwesi Appiah s'est livré dans une interview exclusive pour CAFOnline.com. Il y raconte son aventure avec le Soudan, les obstacles surmontés et ses aspirations pour le tournoi à venir.

CAFOnline.com : Tout d'abord, félicitations pour cet exploit incroyable, qui ramène le Soudan à la CAN après de nombreuses années d'absence. Comment vous sentez-vous à l'idée de revenir sur cette scène avec une équipe que beaucoup ne voyaient pas capable d'y arriver dans un contexte si difficile ?

James Kwesi Appiah : Merci beaucoup pour ce compliment. Je suis très heureux que, depuis un certain temps, le peuple soudanais puisse enfin ressentir de la joie après cette qualification historique. C'est une immense fierté pour moi de faire partie de cette aventure.

Que pensez-vous du tirage à venir ? Y a-t-il des équipes que vous préférez éviter ou affronter ?

Une fois la qualification pour la CAN obtenue, il n'est plus question d'avoir des préférences en tant qu'entraîneur. Il faut être disposé à affronter n'importe quel adversaire. Craindre une équipe signifie que l'on n'a pas sa place dans ce tournoi. La clé réside dans une préparation rigoureuse et une confiance totale en ses capacités.

Lorsque vous avez pris les rênes de l'équipe soudanaise, quel était votre message aux joueurs ?

Dès le départ, mon message était clair : nous étions là pour qualifier le Soudan à la CAN et également viser la Coupe du Monde. Avant même de signer mon contrat, j'avais posé cette exigence auprès des autorités sportives soudanaises. Une fois l'accord trouvé, j'ai transmis le même objectif aux joueurs en leur disant : « C'est la mission que j'ai acceptée, mais c'est vous qui allez la réaliser. Si vous ne vous en sentez pas capables, dites-le-moi, et je m'en irai. » Heureusement, ils ont accepté ce défi avec détermination, et nous avons travaillé ensemble pour atteindre nos objectifs.

Comment avez-vous adapté votre style d'entraîneur à la culture et au style de jeu des joueurs soudanais ?

En 2014 et 2015, j'ai entraîné un club au Soudan, ce qui m'a permis de comprendre leur culture et leur façon de jouer. À cette époque, j'avais repéré de jeunes joueurs qui sont aujourd'hui des cadres de l'équipe nationale. Cette familiarité a grandement facilité l'adoption de ma philosophie de jeu.

Le Soudan traverse des temps extrêmement difficiles. Comment avez-vous réussi à maintenir la motivation de l'équipe malgré la guerre et l'absence de championnat local ?

Chaque fois qu'un joueur perdait un proche à cause de la guerre, c'était un moment déchirant pour toute l'équipe. Mais je leur rappelais que leur rôle allait bien au-delà du football : ils étaient les porteurs de joie pour tout un peuple. Cette idée a donné un sens particulier à chaque match, et les joueurs ont tout donné pour leur pays.

Vous avez éliminé le Ghana, votre propre pays, pour décrocher cette qualification. Quels sentiments cela a-t-il éveillés en vous ?

Honnêtement, c'était un mélange d'émotions. J'aurais aimé que le Ghana se qualifie aussi. Mais cela montre que le football évolue, et il faut être bien préparé. J'espère que le Ghana tirera les leçons de cette élimination et reviendra plus fort.

Enfin, quel est votre message au peuple soudanais, qu'il soit au pays ou à l'étranger ?

Mon message est simple : continuez à soutenir votre équipe et luttez pour la paix. Le football peut être une force unificatrice, et j'espère que cette qualification apportera un peu de lumière dans ces temps sombres.

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