Des tirs ont été entendus jusqu'au centre-ville de la capitale du Nord-Kivu, cernée par le M23 et les soldats rwandais. Dimanche, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a clairement mis en cause Kigali après une nouvelle journée de combats dans l'Est de la RDC. Une rencontre entre les présidents de la RDC et du Rwanda doit avoir lieu à l'initiative de la Communauté d'Afrique de l'Est.
Des habitants nous signalent ce lundi matin que des coups de feu sont entendus dans les quartiers nord de Goma et en centre-ville. Les habitants sont terrés chez eux, l'eau et l'électricité sont coupées. Hier déjà, dans l'après-midi, des tirs d'armes automatiques étaient entendus dans la ville, comme nous le raconte cet habitant.
Guillaume Thibault Selon nos informations, les hommes du M23 étaient aux abords de Goma hier en début de soirée et des tirs ont été entendus ensuite jusque dans les quartiers centraux de la ville, non loin donc de l'aéroport. Selon Bintou Keita, la responsable de la mission de l'Onu en RDC qui participait dimanche à la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en RDC, l'aéroport n'était plus fonctionnel pour des évacuations ou pour des opérations humanitaires et les routes menant à Goma étaient coupées.
Le Kenya annonce un sommet de la Communauté d'Afrique de l'Est, avec Tshisekedi et Kagame
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué réunir « dans les prochaines 48 heures » un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) en présence des présidents Félix Tshisekedi de la RDC et du Rwanda Paul Kagame.
Les habitants fuient la ville
L'intensification des combats dans la soirée près de Goma puis les tirs dans la ville ont poussé également des habitants de la capitale provinciale à traverser la frontière vers le Rwanda, dans la ville frontalière de Gisenyi, dans le district de Rubavu, où se trouve notre correspondante, Lucie Mouillaud.
Devant la Grande Barrière, Nathan et sa famille font partie des derniers habitants de Goma à traverser avant la fermeture de la frontière dimanche, en milieu d'après-midi : « Goma maintenant, c'est un champ désert, il n'y a plus de courant, il n'y a plus d'eau, la population fait du mieux possible pour pouvoir survivre. Les bombes se font entendre de plus en plus fort ! Il y a même des coups de feu, j'étais dans ma chambre et j'ai commencé à entendre des coups de feu. Je crois que c'est ce qui a alerté mon père pour qu'on puisse traverser et évacuer la ville. »
« La peur, elle est là, on laisse nos biens, je viens qu'avec mon petit sac et la famille. On a tout laissé là-bas, on est venu tel qu'on est là, on n'est pas stable. On ne sait pas combien de temps, on va rester ici, on attend la situation, dès qu'elle finit, on va retourner à Goma, c'est chez nous » témoigne Alain Hemedi qui a, lui aussi, quitté la ville.
Pour beaucoup, le passage de la frontière n'est qu'une étape avant de prendre la route pour rejoindre Bukavu ou d'autres villes au Burundi ou en Ouganda. « On ne peut qu'espérer, ce qu'on souhaite, c'est que la paix soit rétablie. On ne vit que de ça, depuis notre enfance, donc on espère que la paix soit rétablie, en tout cas, c'est le souhait de tout le monde », affirme Axel Cikomero, commerçant de Goma.