Le réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety, connu pour Touki Bouki, prix de la critique internationale à Cannes en 1973 et Hyènes, aurait eu 80 ans aujourd'hui. Il est mort en 1998 à Paris, et laisse une oeuvre compacte, mais adorée par ses fans. Et son héritage continue à être perpétué par ses anciens compagnons qui se surnomment les Mambety Boys.
Ils se sont donné rendez-vous sur l'île de Ngor, à Keur Yaadikoone, du nom de la fondation que le cinéaste avait créée pour les enfants et la nature. Autour d'un café, les Mambety Boys, mais également son fils Teemour, refont le monde et se souviennent de Djibril Diop Mambety.
Celui qui a organisé cette journée de commémorations, c'est Alassane Samb. Il a grandi aux côtés de Djibril Diop Mambety, et essaye de faire vivre son héritage. À Keur Yaadikoone, il organise des expositions et des évènements culturels : « On faisait du cinéma itinérant avec Djibril. On prenait un car rapide, on déroulait la bache et on faisait des projections en plein milieu du village. Et deux ou trois après qu'il soit parti, je me suis dit : "Djibril avait vraiment aimé faire du cinéma itinérant, pourquoi pas recommencer". Ce n'est pas si simple, mais à chaque fois que l'on fait des projections, ça réussit. » Alassane continue aussi à offrir chaque jour un repas à partager aux enfants et habitants de l'île.
Pour Abdoulaye Soumaré, écrivain qui a longtemps côtoyé Mambety, ses films très humanistes résonnent encore aujourd'hui. « Ce serait bien si la jeune génération réfléchie à ses oeuvres, parce que ça aide à transcender les différends qu'il y a entre l'Europe, l'Afrique et le reste du monde.
L'artiste dont le visage s'affiche sur les murs de l'île de Ngor et le nom sur les pirogues laisse une oeuvre inachevée. Il est mort avant d'avoir pu terminer sa trilogie Histoire de petites gens et tourné son film Malaïka.
Ce film a été mal accueilli parce que les critiques de l'époque n'avaient d'yeux que pour le cinéma de Sembene, plus classique. Et cela les a déroutés [...]. Ce film est resté dans les tiroirs pendant dix ans.