Le très attendu affidavit de 644 pages, déposé par Marie-Queenie Adam dans le cadre de l'affaire Menlo Park/Pulse Analytics, circule désormais en ligne. Des hard copies ont été remises au bureau du Premier ministre, à Paul Bérenger, à l'Attorney General et à la police. Ceux qui espéraient y trouver une mention de l'ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, en seront pour leurs frais : son nom n'y figure pas.
Un rôle central pour Ziyad Bundhun et Harvesh Seegolam
Selon l'affidavit, c'est le financier Ziyad Bundhun qui aurait joué un rôle clé dans les démarches de Menlo Park Ltd (MPL). «Mr. Ziyad Bundhun contacted Harvesh Seegoolam on 11th June via WhatsApp,» rapportent les documents. Bundhun aurait également transmis les coordonnées de Marie-Queenie Adam, directrice de MPL, à Harvesh Seegolam. Ce dernier aurait ensuite contacté Adam pour l'encourager à postuler au programme Innov8, s'inspirant du modèle DIFC Innovation Hub de Dubaï. «Mrs. Mary-Queenie Adam is the only Mauritian citizen to be a member,» souligne l'affidavit.
Le 29 août 2024, sur demande de Ziyad Bundhun, MPL aurait été autorisée à présenter son projet à la Mauritius Investment Corporation (MIC), représentée par Mary-Queenie Adam et Hashim Varsally.
Des négociations serrées avec la MIC
Jitendra Bissessur, alors CEO de la MIC, aurait mené des négociations difficiles avec les représentants de MPL. L'affidavit mentionne que «Mr. Jitendra Bissessur, CEO, had tough negotiations with Menlo Park Ltd and finally received nearly twice the number of shares that was initially proposed.» Grâce à ces discussions, la MIC est devenue actionnaire de MPL, obtenant 9,9 % des parts, contre 5,3 % initialement proposés selon un rapport de KPMG.
Sithanen dénonce une diversion
Dans l'entourage de Rama Sithanen, cette affaire est qualifiée de «diversion». Un ancien membre du barreau, cité dans ce contexte, a déclaré : «L'affaire Menlo Park Ltd révèle une fraude massive contre les deniers publics, dissimulée derrière un volumineux affidavit.» Il justifie l'intervention du gouverneur de la Banque centrale pour protéger les Rs 34,5 millions restant dans les caisses publiques. Selon lui, «l'argument de menace par message WhatsApp est une diversion cynique.» Il ajoute : «La propriété intégrale de la MIC par la Banque de Maurice crée une responsabilité fiduciaire directe. Chaque heure d'inaction augmentait le risque de voir les fonds publics disparaître à l'étranger. L'intervention du Gouverneur était une nécessité, et non une violation de la gouvernance.»
Les enquêteurs face à une montagne de documents
Aux Casernes centrales, l'enquête se poursuit. Les officiers prévoient d'analyser minutieusement les 644 pages de l'affidavit et ses annexes avant de reprendre les interrogatoires. Cette étape pourrait cependant prendre du temps, tant le dossier s'annonce dense et complexe.
L'affaire Menlo Park, qui mêle intérêts financiers et enjeux institutionnels, continue de susciter de nombreuses interrogations sur la gestion des fonds publics et la gouvernance. Les prochains développements seront scrutés de près.