Actuellement, 316 crèches sont enregistrées et reconnues par le ministère de l'Égalité des genres et du bien-être de la famille. Parmi elles, certaines sont en attente du renouvellement de leur certificat ou ont été suspendues. La police a également été saisie dans des affaires de négligence alléguée après le décès de nourrissons en crèche.
Le dernier drame en date s'est produit le 26 décembre, lorsqu'un nourrisson de quatre mois est décédé dans une crèche située à morcellement St-André. L'autopsie a révélé que la cause du décès était une asphyxie due au contenu de son estomac. La gérante de la crèche a été arrêtée pour homicide involontaire par négligence.
Dans cette optique, et afin de mieux répondre aux besoins des familles tout en améliorant la qualité des services des crèches, le ministère envisage de modifier les Child Day Care Centres Regulations de 2022. Les principaux changements concerneront : l'âge des enfants admis, les qualifications du personnel, les normes d'espace, les horaires d'ouverture et de fermeture, et la sécurité, entre autres.
Ces réformes visent à offrir des services plus sûrs, inclusifs et adaptés. La ministre de tutelle, Arianne Navarre-Marie, et la junior minister de l'Égalité des genres et du bien-être de la famille, Anishta Babooram, ont entrepris une série de réunions avec les responsables de crèches et les acteurs du secteur de la puériculture.
La question des qualifications du personnel occupe une place centrale dans ces réformes. Des normes de formation et de certification seront instaurées afin de garantir un haut niveau de compétence chez les éducateurs et les autres membres du personnel des crèches.
Pour Rita Venkatasawmy, ancienne Ombudsperson for the Children, qui milite pour la protection des droits des enfants, il est urgent de revoir la formation des caregivers, comme l'a souligné la ministre Arianne Navarre-Marie. «Pour offrir un cadre optimal aux enfants dans une crèche, il est essentiel de disposer d'un personnel qualifié et d'un espace adapté. La gestion des repas, comme le biberon, nécessite également un encadrement rigoureux. L'environnement doit être spacieux, bien aéré et conçu pour le confort des bébés, notamment en cette période de crise climatique. L'hygiène doit être une priorité absolue», confie-t-elle.
Elle explique qu'il serait souhaitable d'inclure des activités extérieures pour les bébés, comme cela se fait dans de nombreux pays, tout en veillant à ce que le personnel soit formé pour gérer ces sorties. La formation initiale et continue du personnel est cruciale, incluant une standardisation des pratiques. Un système de rotation (roster) et des salaires attractifs permettraient de motiver les employés, car le travail avec les bébés est exigeant. Elle insiste également sur l'inclusion des enfants ayant des besoins spéciaux, tels que les enfants en situation de handicap. «Il ne faut pas qu'un enfant en situation de handicap soit privé d'accès à une crèche», souligne-t-elle.
Un personnel formé pour accompagner ces enfants doit être prévu. Rita Venkatasawmy estime qu'une crèche idéale serait un lieu où le nombre d'enfants est limité, afin de garantir une attention personnalisée. «Est-ce que la crèche est orientée vers le bien-être des enfants ou vers un objectif commercial ? Un équilibre doit être trouvé pour répondre aux attentes des familles et offrir un service de qualité. Les bébés ont aussi des droits», conclut-elle.
Renforcer les pratiques professionnelles
De son côté, Sylvette Paris-Davy, directrice de la crèche et de l'école maternelle Bethléem, estime que pour éviter les tragédies liées à la négligence, chaque auxiliaire doit suivre une formation pratique et théorique. «Une personne ne peut pas simplement suivre un cours théorique sans pratique. Avant de commencer à travailler, il faut d'abord effectuer un stage. Le secteur est devenu un business lucratif. Il faut être conscient et attentif lorsqu'on travaille avec des enfants. La puériculture est une science qui permet de comprendre le développement de l'enfant et la pédagogie est l'art de l'accompagner», souligne-t-elle.
Elle insiste également sur l'intégration des parents dans le processus éducatif. «Il ne faut pas croire qu'on peut simplement déposer son enfant et venir le récupérer ensuite. L'implication des parents dans le projet d'éveil des petits est essentielle.»