Alger — La révision de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) sur la base du principe gagnant-gagnant, comme l'a affirmé hier le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a vocation à rééquilibrer les relations économiques entre les deux parties, notamment après l'essor économique qu'a connu l'Algérie ces dernières années, ont estimé des économistes.
Ces spécialistes ont déclaré à l'APS que la révision de l'accord s'association s'inscrit dans le cadre de la construction d'un partenariat équilibré et pérenne qui tient compte des intérêts communs des deux parties, en se focalisant sur la création d'un environnement économique attractif et le développement de projets mutuellement bénéfiques sur la base du principe gagnant-gagnant.
A cet égard, l'économiste Mahfoud Kaoubi a fait remarquer que "les résultats de près de 20 ans de mise en oeuvre de cet accord d'association ont été déséquilibrés et préjudiciables pour l'économie nationale, dans la mesure où l'aspect commercial a pris le dessus au détriment de l'investissement et du développement", relevant l'importance pour les deux parties de procéder à un "diagnostic objectif" afin de cerner les causes qui ont empêché la réalisation des objectifs escomptés.
La révision de cet accord sera profitable aux deux parties, a-t-il dit, expliquant que "l'UE a besoin d'un partenaire fiable et l'Algérie offre une porte d'entrée stratégique vers le marché africain".
De son côté, l'économiste Abdelkader Slimani a indiqué que l'Algérie cherche à promouvoir l'accord d'association en adéquation avec la nouvelle donne économique dans le pays, notant que "la situation actuelle impose aux deux parties de réexaminer cet accord et de parvenir à un véritable partenariat reposant sur le principe gagnant-gagnant, à même de garantir la pérennité des investissements européens et le transfert de technologies et de savoir".
L'expert Houari Tighersi a affirmé, pour sa part, que l'Algérie n'est plus ce qu'elle était en 2005, le pays ayant connu des mutations économiques profondes : diversification de l'économie nationale, renforcement de la production locale et autosuffisance dans plusieurs secteurs, tels que l'agriculture.
Pour M. Tighersi, "90% des clauses de l'accord actuel avec l'UE n'ont pas été activées, notamment celles visant à créer une zone de libre-échange, à soutenir le développement économique et à renforcer les investissements européens en Algérie". C'est d'ailleurs ce qui explique "l'échec de l'accord", a-t-il dit.
C'est pourquoi "il est nécessaire de revoir cet accord, clause par clause, en veillant à consacrer le principe gagnant-gagnant", a-t-il insisté.
Il importe aussi d'attirer les technologies et les capitaux européens pour renforcer les secteurs vitaux comme la recherche scientifique et l'enseignement, tout en s'employant à développer une infrastructure technologique avancée à même de contribuer à l'amélioration de l'économie nationale", poursuivi l'expert.
Il avait également exprimé son souhait de voir les deux parties travailler "dans le cadre de la solidarité européenne et de tous les Etats membres de l'UE avec l'Algérie, qui est un partenaire privilégié, essentiel et fondamental de l'Europe".