Afrique de l'Est: Crise RDC-Rwanda - Les solutions pour le retour de la paix

27 Janvier 2025

Le Conseil de sécurité des Nations unies n'exclut pas des sanctions contre le Rwanda et réfléchit au rôle des pays voisins de la RDC et du Rwanda.

Réuni en urgence, ce 26 janvier, le Conseil de sécurité des Nations unies a entendu de nombreux appels, dont celui de la Représentante spéciale pour la République démocratique du Congo (RDC), Bintou Keita, afin que le Rwanda retire ses troupes du territoire congolais et cesse son appui au M23.

Le Conseil devrait imposer des sanctions ciblées contre les décideurs militaires et les politiques responsables de cette agression, ainsi qu'un embargo sur les exportations des minerais étiquetés comme rwandais, a requis la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner.

En dehors de l'ancien président américain Barack Obama, qui avait décidé de sanctionner certaines personnalités rwandaises, jamais l'Etat rwandais n'a été touché par des sanctions, a rappelé le politologue Jean-Claude Mputu.

Bob Kabamba enseigne pour sa part les sciences politiques à l'université de Liège, en Belgique. Il souligne que le régime des sanctions est un processus long qui implique de nombreux acteurs.

" Vous avez des acteurs qui sont des acteurs étatiques, vous avez des acteurs qui sont des acteurs régionaux et vous avez des acteurs internationaux. Or, parmi ces différents acteurs, pour pouvoir prendre des sanctions, il faudrait qu'il y ait un point de vue commun, il faudrait qu'il y ait une cohérence au niveau des décisions qui doivent être prises," constate le politologue.

"Cette recherche de décision ou de cohérence prend toujours beaucoup de temps et ne permet pas de pouvoir parler d'une seule voix. Chaque pays, ayant des intérêts différents avec les pays impliqués dans la crise, fait en sorte que le dossier se retrouve généralement gelé."

Où en est la médiation kényane?

Le Kenya a annoncé que les présidents congolais et rwandais devraient se rencontrer très prochainement dans le cadre d'un sommet de la Communauté d'Afrique de l'Est.

La réaction congolaise n'a pas tardé à se faire entendre par la voix de Tina Salama, porte-parole du chef de l'Etat congolais : ''la participation du président Félix Tshisekedi au sommet extraordinaire d'urgence sur la situation dans l'est de la République démocratique du Congo, initié par le président kenyan William Ruto, n'est pas encore à l'ordre du jour ".

Pour être un bon médiateur, il faut avoir la confiance des deux parties, or le Kenya n'aurait plus celle de la RDC, précise le politologue Jean-Claude Mputu.

"Je vois mal, dans la situation actuelle, s'il n'y a pas d'évolution sur le terrain auprès des principaux acteurs, je ne vois pas comment la médiation kényane va réussir. Surtout, lorsque l'on voit que le M23 ne veut pas être vu comme un groupe rebelle parmi d'autres, que le gouvernement de Kinshasa continue à les traiter de groupe terroriste", soutient Jean Claude Mputu.

"Dans ce dialogue de sourds, je ne vois pas de quel levier dispose le Kenya pour agir, surtout face à l'impuissance de la communauté internationale qui, aujourd'hui, est totalement perdue. Il suffit de voir l'aveu d'impuissance de madame Bintou Keita, hier, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. "

Quelle solution pour sortir de la crise ?

Pour Bob Kabamba,la solution est à la fois congolaise et régionale. " Il y a un premier aspect qui est qu'il s'agit d'une crise congolo-congolaise. Et cette crise est née d'abord des questions communautaires sur lesquelles on n'a jamais trouvé de solution. Ensuite, il y a une dimension régionale qu'il est impératif de prendre en considération, " explique l'enseignant.

Pour Bob Kabamba, "la solution au niveau régional, c'est de pouvoir imposer des rapports interdépendants entre les différents pays. De cette interdépendance naît ce qu'on appelle une dynamique régionale et lorsque cette dynamique régionale se renforce, elle va rendre inutile la résolution des problèmes par des solutions militaires. On aura la résolution des problèmes par des voies de discussions et de négociations. "

Lors de la réunion de ce 26 janvier au Conseil de sécurité des Nations unies, la représentante du Secrétaire général en RDC, Bintou Keita, appuyée par la quasi-totalité des délégations, a appelé Kinshasa et Kigali à poursuivre les négociations dans le cadre de la feuille de route de Luanda.

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