Une nouvelle dimension semble s'ajouter aux tensions autour du dossier des Chagos. Alors que l'île Maurice cherche à récupérer l'archipel, un article publié dans The Telegraph, le 25 janvier, rapporte que des alliés de Donald Trump ont exhorté Keir Starmer, Premier ministre britannique, à bloquer l'accord sur les Chagos. Selon The Telegraph, ces alliés craignent que les liens croissants entre Maurice et l'Iran posent un risque majeur en termes de sécurité internationale et d'espionnage. Cette situation pourrait ainsi compromettre les négociations.
Le 22 janvier, il y a eu une rencontre entre le ministre de l'Éducation, le Dr Mahend Gungapersad, et l'ambassadeur non-résident d'Iran pour Maurice, Hassan Ali Bakhshi, afin de renforcer leurs liens à travers des opportunités éducatives et des échanges. Selon le Dr Gungapersad, ces initiatives visent à autonomiser la jeunesse et à répondre à une demande croissante de compétences spécialisées. Lors de son passage à Maurice, l'ambassadeur a aussi rencontré différents ministres.
Cependant, The Telegraph souligne que cet accord pourrait avoir des implications géopolitiques majeures. Les ÉtatsUnis et le Royaume-Uni, qui considèrent l'Iran comme un adversaire stratégique, pourraient voir cette alliance comme une menace. Selon le journal, certains responsables américains et britanniques craignent que cette relation ne facilite des activités d'espionnage ou d'influence dans l'océan Indien.
Une affaire hautement stratégique
D'après The Telegraph, des responsables politiques américains et britanniques estiment que les liens entre Maurice et l'Iran affaiblissent la confiance. John Kennedy, sénateur de Louisiane, a exprimé ses inquiétudes sur les tentatives de l'Iran de «renforcer ses relations» avec Maurice, affirmant que céder les îles Chagos mettrait en danger la sécurité du Royaume-Uni et des États-Unis. «Si Maurice renforce ses amitiés avec la Chine et l'Iran, comment pouvons-nous espérer qu'il éloigne les espions de nos adversaires de notre base ?», a-t-il écrit. Dans une critique acerbe adressée à Keir Starmer, il a ajouté : «Les amis ne concluent pas d'accords dans le dos les uns des autres, surtout lorsque notre sécurité commune est en jeu.»
Hassan Ali Bakhshi : «Ce ne sont que des allégations»
L'ambassadeur de la République islamique d'Iran à Madagascar et ambassadeur non-résident pour Maurice, les Comores et les Seychelles, Hassan Ali Bakhshi, déclare : «Ces accusations ne sont que des prétextes pour éviter de respecter les engagements pris par le Royaume-Uni. L'Iran et Maurice entretiennent des relations d'amitié, basées sur des partenariats et coopérations établis dans l'intérêt mutuel des deux nations. Il n'existe aucun pacte spécial dirigé contre un autre pays. Notre présence à Maurice n'a jamais eu pour but de gêner qui que ce soit. L'Iran est présent à Maurice depuis plus de 80 ans, notamment grâce au château de Val Ory, le symbole d'une amitié traditionnelle et pacifique qui ne vise pas à porter atteinte à d'autres nations.
L'ambassadeur non-résident d'Iran, Hassan Ali Bakhshi.
Si la nouvelle administration américaine choisit de ne pas respecter ses engagements envers Maurice, cela reflète une attitude déjà observée dans d'autres contextes. Ce sont des prétextes infondés. L'Iran ne doit pas être impliqué dans cette affaire. Nous soutenons fermement que l'archipel des Chagos appartient à Maurice, conformément à la décision de la Cour internationale de justice. Les allégations relayées par certains médias, en particulier américains, sont dénuées de fondement et n'ont aucun lien avec nos relations bilatérales. Maurice et l'Iran sont des États souverains qui décident librement de leurs partenariats.
En tant qu'ambassadeur en fin de mission, je tiens à préciser que cette collaboration avec Maurice, centrée sur l'éducation, la formation, les accords universitaires et l'agriculture, a été lancée il y a plusieurs années. Elle n'a aucun rapport avec les Chagos ou d'autres dossiers sensibles. Si les États-Unis refusent de tenir leurs engagements, ils ne doivent pas utiliser des prétextes infondés pour s'ingérer dans les relations bilatérales entre deux pays amis. Je dénonce fermement ces allégations et les rejette totalement.»
Le château de Val Ory : Un symbole historique
Il ajoute : «Le château de Val Ory est une propriété du gouvernement iranien sur le sol mauricien. Cette demeure historique fut le lieu d'exil du roi Reza Shah, déposé par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1972, le gouvernement iranien a acheté cette propriété, qui symbolise aujourd'hui l'amitié entre les peuples mauricien et iranien. Nous avions envisagé de transformer le château de Val Ory en ambassade, à condition que les relations bilatérales atteignent ce niveau et que d'autres pays cessent de s'immiscer dans nos affaires. Ce projet reflète notre volonté de renforcer une amitié sincère et respectueuse entre nos deux nations.»
Ritish Ramful, ministre des Affaires étrangères: «Aucun accord ou échange avec l'Iran à ce jour»
Ritish Ramful, ministre des Affaires étrangères, souligne qu'Hassan Ali Bakhshi était en visite à Maurice car son mandat d'ambassadeur pour l'île est sur le point de se terminer. Il va retourner dans son pays. «Depuis l'arrivée de ce gouvernement, tous les échanges, qu'ils soient commerciaux ou diplomatiques, doivent passer par mon ministère. Je peux confirmer qu'à ce jour, il n'y a eu aucun échange commercial ni programme d'échange, comme certains médias internationaux l'ont suggéré concernant l'Iran. Au niveau de mon ministère, il n'y a rien de nouveau qui a été discuté puisque l'ambassadeur est sur le départ. Je démens catégorique les allégations selon lesquelles un rapprochement entre l'Iran et Maurice aurait pour but de permettre à l'Iran de mener des activités d'espionnage contre les États-Unis. Au départ, il y avait des préoccupations concernant la Chine, et maintenant, c'est l'Iran. J'ignore qui sont ces personnes qui propagent de fausses allégations et influencent l'opinion publique de manière négative.»
Concernant l'accord sur les Chagos, le ministre précise qu'il existe des clauses garantissant la sécurité de la base américaine sur Diego Garcia. «Au contraire, il serait dans l'intérêt des États-Unis et du Royaume-Uni de signer cet accord afin de régulariser leur présence sur l'île, avec les termes et conditions qui y sont inclus, et qui assureront davantage la sécurité de la base de Diego Garcia. Je ne vois pas comment les relations de Maurice avec un autre pays pourraient être en contradiction avec cet accord sur les Chagos.»
Dans la presse internationale «Express» : critiques envers Lammy
Le journal britannique «Express» a publié un article mettant en lumière les critiques envers David Lammy, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, sur le traité relatif aux Chagos. Des allégations de manque de consultation avec les Chagossiens ont été soulevées, remettant en question la véracité des déclarations de David Lammy. Des voix dénoncent l'absence d'engagement concret envers les droits des communautés indigènes. L'article souligne également les craintes internationales liées à l'influence chinoise accrue dans l'océan Indien, ainsi que la méfiance de certains alliés comme les États-Unis.
«The Independent» : Chagossian voices dénonce leur exclusion des négociations
Le journal britannique «The Independent» a récemment publié un article détaillant les défis croissants auxquels fait face l'accord sur les Chagos entre le Royaume-Uni et Maurice. Cet accord essuie une forte opposition de la part des communautés chagossiennes, représentées par le groupe Chagossian Voices. Ces derniers dénoncent leur exclusion des négociations et soulignent leur identité culturelle distincte de celle de Maurice. Ils envisagent même des actions en justice pour contester cet accord.
«GB News» : David Lammy accusé de déclarations trompeuses
Le média britannique «GB News» rapporte que David Lammy est accusé par des membres du Labour et des représentants de la communauté chagossienne de déclarations trompeuses au Parlement. Selon le groupe Chagossian Voices, les consultations avec les Chagossiens ont été insuffisantes, ce qui soulève des préoccupations sur l'inclusion et le respect des droits des communautés concernées. L'article met également en lumière les frustrations des Chagossiens, qui continuent de se battre pour leurs droits après avoir été déplacés de force il y a plus de 50 ans.