À Grand Yoff, un quartier de Dakar, de nombreux jeunes vivent de la livraison à moto, un métier qu'ils exercent depuis plusieurs années pour subvenir aux besoins de leurs familles. Cependant, depuis la publication d'une circulaire en décembre, ils sont désormais contraints de régulariser leur situation en immatriculant leur moto dans un délai de trois mois.
Adama Lo, livreur à moto, est dans l'incapacité de réunir tous les documents nécessaires, notamment la pièce d'identité légalisée du vendeur de sa moto. "Celui qui m'a vendu la moto, je ne l'ai jamais revu: on m'a dit qu'il était mort. Je ne peux plus le retrouver" , explique-t-il. Une situation complexe pour ceux dont le vendeur a disparu ou quitté le pays, laissant l'acheteur dans l'impasse.
C'est impossible dans ce cas, comme pour ceux dont le vendeur a quitté le pays. Certains ont bradé leur moto à 300 000 francs CFA au lieu de 500 000 avant de voyager et partir. Si l'acheteur de moto n'a plus de contact avec le vendeur, ça sera une perte pour lui.
Le secteur des motos-taxis, surnommés Jakarta ou Thiak Thiak, connaît une croissance rapide avec plus de 500 000 motos recensées à travers le pays, notamment à Dakar, Ziguinchor et Kaolack. Ce chiffre reste approximatif, le secteur étant largement dominé par l'informel.
Seydina Alioune Fall, président des livreurs Thiak Thiak, se réjouit de la grande opération de régularisation, mais plaide aussi pour un assainissement du secteur. Il demande aux autorités de faire preuve de flexibilité.
"Notre combat c'est d'aller vers les autorités étatiques pour qu'elles nous aident à assainir le métier. Nous voulons un secteur assaini, sécurisé et rationalisé. Raison pour laquelle nous nous battons pour que les conducteurs de deux-roues aillent faire la mutation gratuite. Ça pourrait nous permettre d'identifier qui est livreur, agresseur ou malfaiteur car il y a des malfaiteurs à l'intérieur de notre métier", confie Seydina Alioune Fall.
Le ministère des Infrastructures et des Transports a déjà immatriculé 8.000 motos en seulement deux semaines, un bon début pour l'opération, qui vise 20.000 immatriculations d'ici fin 2024.
Mandiaye Faye, directeur de la circulation routière et de la mobilité au ministère des infrastructures, transports terrestres et aériens , souligne que l'immatriculation est gratuite jusqu'au 13 mars, avec des frais de 28 000 francs pour la carte grise et la plaque d'immatriculation.
"Le gouvernement du Sénégal a vraiment initié des dispositifs de facilité, notamment pour accéder à la légalisation des documents comme l'acte de vente au niveau des commissariats. Jusqu'au 13 mars, l'immatriculation reste gratuite. L'usager ne s'acquittera que des droits de plaques d'immatriculation et de carte grise qui sont confectionnées par un autre concessionnaire", note le fonctionnaire.
Cela équivaut à 28 000 francs CFA. Actuellement, seul le centre de Colobane à Dakar est opérationnel, mais quatre nouveaux sites seront ouverts la semaine prochaine pour faciliter le processus.