Les élections de l'Assemblée provinciale du 29 janvier 1947 ont marqué l'histoire de Madagascar. Pourtant, cette date charnière reste méconnue. Le MDRM (Mouvement Démocratique pour la Rénovation Malgache) a triomphé, remportant 64 sièges sur les 92 en jeu. Les résultats furent impressionnants : 100% des suffrages à Antananarivo et à Toamasina, 13 élus à Toliara, 10 sur 18 à Fianarantsoa, et 5 sur 8 dans la province de Mahajanga. Ces indépendantistes ont su gagner le cœur des électeurs, dominant ainsi largement les candidats du Parti des Déshérités de Madagascar (PADESM), soutenus par l'administration coloniale.
Le rôle des membres de l'Assemblée provinciale consistait à écouter les aspirations de leurs compatriotes. Cependant, ces élites politiques ne siégèrent que deux mois. L'insurrection de la nuit du 29 au 30 mars 1947 les obligea à quitter leurs postes. Par la suite, la plupart furent arrêtés par l'administration coloniale. Le 10 mai 1947, le MDRM fut officiellement dissous. En conséquence, le PADESM s'appropria les postes de pouvoir au début des années 1950.
Entre 1946 et 1947, le MDRM, fondé à Sainte-Geneviève à Neuilly-Paris par le Dr Delphin Joseph Raseta, le Dr Andrianavalona Ravoahangy, le Dr Rakoto Ratsimamanga, ainsi que Jacques et Raymond William Rabemananjara, occupa une place centrale sur la scène politique malgache. Ces érudits, par leur idéologie, ont laissé une empreinte indélébile dans la culture politique de la Grande île. Il faut bien reconnaître que les politiciens contemporains ont, à leur manière, modelé cet héritage pour prolonger leur emprise sur le pouvoir.