Madagascar: Protection des forêts - Des migrants indésirables dans le Menabe

La région Menabe constitue la principale destination des migrants venant du Grand Sud. Ses autorités tiennent à instaurer des règles pour éviter la déforestation dans cette région.

La région Menabe trie les migrants du Grand Sud qui peuvent rester chez elle. « Si les migrants viennent chez nous et sont prêts à travailler dans le respect des règles, ils sont les bienvenus. Mais s'ils défrichent nos forêts, nous ne pouvons pas les accueillir », note le gouverneur de la région Menabe, Mong Wai-Tune Randriantsoa, hier. Des migrants auraient réduit en cendres plusieurs milliers d'hectares de forêts dans cette région, pendant ces dernières années. « Ils s'introduisent dans les forêts, coupent la végétation, et lorsqu'elle s'assèche, ils la brûlent. Résultat, plusieurs hectares de forêts sèches sont réduits en cendres, qu'ils utilisent comme compost, par la suite. Puis, ils ensemencent les graines de maïs dans la terre », poursuit-il, pour expliquer le mode opératoire des défricheurs.

Menabe ne plaisante pas avec cette décision. Plusieurs opérations ont été menées durant le second semestre de l'an 2024, pour chasser les destructeurs de forêts dans l'aire protégée Menabe Antimena, particulièrement. Les affrontements entre les Forces de l'ordre et les migrants se sont conclus par la mort de plusieurs migrants. Une source locale affirme que des migrants continuent à débarquer et à défricher.

Quatre-vingt-dix mille individus issus de dix-sept mille ménages dans vingt communes du Sud ont quitté le Grand Sud, entre 2019 et 2022, selon le rapport de suivi des déplacements effectué par l'Organisation internationale pour la migration (OIM). La sécheresse chronique qui sévit dans le Sud, depuis plusieurs années, et qui entraîne une situation d'insécurité alimentaire sévère, les pousse à cette migration de masse, selon les résultats de l'Indice de solution et de mobilité (ISM) dans le Grand Sud, présenté à l'hôtel Ibis, hier. Cette migration massive n'est bénéfique, ni pour les régions abandonnées, ni pour les régions qui accueillent.

Blocage

À part la destruction de l'environnement, elle présente un blocage au développement. « Les répercussions de la sécheresse sont énormes au point où ça va toucher aussi la planification et la gestion du développement au niveau national et local. Si aujourd'hui, vous planifiez pour quarante mille habitants et qu'au final, il n'y a que vingt mille et que l'on s'est laissé surprendre, ce sont des ressources qui sont mal allouées. Par contre, là où on ne les attendait pas, on avait planifié pour cinq mille et finalement, on en a vingt-cinq mille, on se retrouve dans une situation d'urgence parce que ces ressources n'ont pas été planifiées là où il fallait », a noté Karim Ali Ahmed, conseiller environnement auprès du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

L'ISM propose diverses solutions aux autorités locales pour améliorer la gestion des migrations mal gérées à la base. « Les solutions sont multiples, telles que la relocalisation et la délocalisation de ces personnes, notamment en les déplaçant des aires protégées. L'ISM opte pour des offres qui permettent de déplacer ces personnes des aires protégées vers des endroits beaucoup plus viables, habitables et qui puissent accueillir ces personnes et renforcer la cohésion sociale entre ces personnes », a déclaré le représentant de l'OIM à Madagascar, Charles Evina. Il permettra au gouvernement, par ailleurs, de mieux planifier et mieux gérer ses ressources et d'éviter des déperditions dans la gestion du développement et du renforcement de la résilience de la population.

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