Le tirage au sort de la CAN 2025, effectué ce lundi 27 janvier, 11 mois avant le début du tournoi, est « un avantage » pour la plupart des sélectionneurs. Mais c'est une durée aussi qui pourrait être également fatale à certains.
C'est inédit, pour la première fois de l'histoire de la Coupe d'Afrique des nations, le tirage au sort est effectué presque un an avant le début de la compétition. Onze mois précisément qui vont être mis à contribution par les sélectionneurs pour préparer leurs équipes, observer leurs adversaires et parfaire leurs tactiques.
Après le tirage au sort, la plupart des techniciens se félicitaient plutôt de cette si longue attente. « C'est un avantage », affirme sans hésiter Stefano Cusin, sélectionneur des Comores qui disputera le match d'ouverture face au Maroc. « On aura beaucoup de temps pour, non seulement se concentrer sur notre équipe, faire nos matchs, grandir comme équipe. » Mais aussi pour suivre nos adversaires, bien les étudier et bien se préparer », analyse le coach des Coelacanthes.
Le danger des qualifications au Mondial
Juan Micha, sélectionneur de la Guinée équatoriale, est logé, avec son équipe, dans le groupe E avec l'Algérie, le Burkina Faso et le Soudan. Déjà tombeur des Fennecs en 2022, bourreau de la Côte d'Ivoire en 2024, le coach du Nzalang nacional apprécie d'avoir le temps de mieux préparer son équipe face à ses adversaires connus à l'avance. « On connaît maintenant notre groupe, cela ne peut être qu'un avantage pour nous. » C'est vrai qu'on connaît bien l'Algérie qu'on a battue en 2022, mais les joueurs et l'équipe ont évolué. Ce n'est plus la même équipe, le Burkina a également changé depuis qu'on l'a rencontré (en amical en octobre 2023). D'ici au début de la CAN, chaque équipe va forcément essayer de voir comment surprendre son adversaire quand la compétition va commencer .»
Pour Eric Chelle, nouveau sélectionneur du Nigeria, ces mois d'attente ne changent rien à sa priorité du moment. « Nous restons focus sur le mois de mars et les qualifications à la Coupe du monde. Nous avons deux matches importants contre le Rwanda et le Zimbabwe. Et après, en octobre, on pourra penser à la Coupe d'Afrique », lâche le patron des Super Eagles.
Car avant le début de la CAN, le 21 décembre, il y aura effectivement la fin des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Un moment crucial pour les équipes, mais aussi les sélectionneurs. Il n'est pas dit que ceux qui sont en poste au moment du tirage au sort le soient au moment de la CAN. Un Marc Brys, en conflit ouvert avec la Fecafoot, sera-t-il maintenu si le Cameroun échoue à se qualifier à la Coupe du monde ? Qu'en sera-t-il d'Eric Chelle (Nigeria) ou de Pape Thiaw (Sénégal) dont l'un des objectifs assignés est justement de décrocher le ticket pour le Mondial américain ?
C'est sans doute cette situation qui contrarie le journaliste et consultant à RFI, Philippe Doucet qui ne comprend pas l'intérêt d'effectuer le tirage 11 mois avant la compétition. « D'ici là, il y a des matchs tout à fait essentiels et qui, souvent, sont des tueurs d'entraîneurs, rappelle Doucet. Les qualifications pour la Coupe du monde, très souvent, rebattent les cartes. Et donc, est-ce que vous pouvez demander à un entraîneur, aujourd'hui, de se projeter sur la prochaine CAN dans 11 mois, alors qu'en fait, peut-être que dans deux mois, en mars, il va sauter ? »
Eric Chelle avait peut-être raison de lancer juste après le tirage cette phrase : « Le temps est l'ennemi de l'entraîneur... »