Le 13e congrès du Mouvement patriotique du salut (MPS) s'est tenu ce mercredi au palais du 15, le palais des arts et de la culture de N'Djamena. Mahamat Idriss Déby, jusque-là président d'honneur, est désigné aujourd'hui président national du parti au pouvoir.
Un nouveau secrétaire général a été choisi aujourd'hui pour le MPS. Il s'agit d'Aziz Mahamat Saleh, actuel ministre des infrastructures et du désenclavement et porte-parole de la commission en charge de la gestion du départ des militaires français. Il remplace Mahamat Zen Bada, figure historique du parti, écarté après les élections législatives du 29 décembre lorsque l'agence nationale de gestion des élections avait rejeté sa candidature, rapporte notre correspondante à N'Djamena, Nadia Ben Mahfoudh.
L'autre information, c'est la désignation à l'unanimité par la direction du parti de Mahamat Idriss Déby comme président national du MPS. Il était jusque-là président d'honneur. « Au lieu que ce soit une présidence d'honneur, les militants et militantes ont intégré le concept du président du parti. Camarade Président, vous pouvez prendre toutes les décisions qui s'imposent pour le bon fonctionnement et la bonne organisation de notre parti », déclare Haroun Kabadi, cadre historique du MPS.
C'est d'ailleurs qui a annoncé avoir choisi Aziz Mahamat Saleh comme secrétaire général : « Conformément au texte qui me confère le droit de désigner les dirigeants des instances du parti, vous annoncer mon choix porté sur le camarade Aziz Mahamat Saleh. »
Après avoir remporté les dernières élections, la présidentielle, les législatives, les municipales et les provinciales, le parti au pouvoir depuis 30 ans dit vouloir s'inscrire dans une dynamique de réformes pour répondre à « l'envie de changement exprimée par les Tchadiens. »
L'implication du président au sein du MPS est critiquée par une partie de l'opposition qui évoque l'article 77 de la constitution. Celui-ci interdit au chef de l'État d'exercer des fonctions au sein d'un parti politique.
Vers un rapprochement avec Succès Masra ?
Par ailleurs, le président tchadien a salué Succès Masra opposant et président des Transformateurs, pour la main qu'il lui a tendue, se disant « prêt à travailler avec lui ». Le nom de Succès Masra a été acclamé par la salle remplie de cadres du MPS, une image qu'il aurait été difficile d'imaginer il y a ne serait-ce que quelques jours, pointe notre correspondant à N'Djamena, Victor Mauriat. Jusqu'à sa prise de parole mardi soir, le chef de file des Transformateurs se déclarait encore vainqueur de la présidentielle de mai 2024 et demandait une nouvelle transition fin décembre 2025, après les législatives qu'il avait appelé à boycotter.
Aujourd'hui, Succès Masra justifie son pas vers le président de la République par une « nouvelle donne » instaurée par Mahamat Déby lui-même le 22 janvier 2024 dans un discours où le chef de l'État appelait à l'unité. Succès Masra dit « renoncer à une guerre de couronnement pour le bien du peuple tchadien ». « Le président a compris qu'il ne pouvait pas gouverner seul » et il faut « tout faire pour éviter la fracture du pays » ajoute-t-il.
Une décision « courageuse », selon le sociologue Ladiba Gondeu compte tenu « que tous les leviers de pouvoirs sont aux mains du président ». Pour autant, explique le chercheur, les accords entre Succès Masra et Mahamat Déby, comme à Kinshasa en novembre 2023, ne sont jamais rendus publics dans leurs ensembles. Ce qui rend leur appréciation difficile, selon lui.