Un vent de sagesse et de lucidité souffle sur la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Et pour cause, dans un contexte de tensions politiques et diplomatiques entre elle et la Confédération des Etats du Sahel (AES) consécutivement au retrait des pays membres de la Confédération de l'espace sous régional, la CEDEAO se met de l'eau dans son vin.
Dans un communiqué en date d'hier 29 janvier 2025 marquant la sortie officielle du Burkina, du Mali et du Niger de l'instance communautaire, la Commission de la CEDEAO, tout en maintenant ouvertes les portes du dialogue, a décidé d'une batterie de mesures, « jusqu'à nouvel ordre ».
Il s'agit notamment de reconnaître les passeports et cartes d'identité nationaux portant le logo de la CEDEAO détenus par les citoyens des trois pays, de continuer à accorder aux biens et services provenant de ces pays le traitement prévu par le Schéma de libéralisation des échanges (SLEC) et la Politique d'investissement de la CEDEAO et de permettre aux citoyens des pays concernés de continuer à jouir du droit de circulation, de résidence et d'établissement sans visa, conformément aux protocoles de la CEDEAO en la matière.
Une décision empreinte de sagesse et de bon sens, puisqu'en prélude à ce divorce, la Confédération AES avait pris les devants des choses, et ce, conformément à l'esprit de ses textes fondateurs, en décidant, le 14 décembre 2024, que son espace restera « sans visa » pour tout ressortissant des Etats membres de la CEDEAO.
Si tant est que l'intérêt supérieur des populations et l'intégration des peuples sous-tendent la création de ces désormais deux organisations sous régionales ouest-africaines, il serait inapproprié d'ériger des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ainsi qu'aux droits de résidence et d'établissement. Les populations qui n'aspirent qu'à la sécurité, la paix et la libre circulation ne sauraient donc être l'otage d'une quelconque séparation.
Chaque Etat membre étant libre de quitter l'institution comme l'a déjà fait la Mauritanie en 2000 et que rien n'interdit la création d'une organisation autre, cette transition doit être gérée avec tact et une grandeur d'esprit afin d' « éviter toute confusion et toutes perturbations dans la vie et les affaires de nos populations », comme le mentionne le communiqué de la CEDEAO. Les pays de l'AES ayant déjà accordé leurs violons en vue des négociations à venir, il reste à espérer une « happy end » des tractations, avec la structure que la Commission de la CEDEAO dit avoir mise en place « pour faciliter les discussions sur ces modalités avec chacun des trois pays ».