Résidence Richelieu était plongée dans le deuil et l'émotion hier, lors d'une marche blanche en hommage à la petite Marie Catalea,18 mois. La fillette a perdu la vie dans des circonstances tragiques le 1er janvier, après avoir été violemment projetée au sol, selon sa mère. Un homme de 42 ans de la localité, connu sous le nom de «Touloute» et actuellement en cellule policière, est au centre de cette affaire qui a choqué toute l'île.
Vêtues de blanc, des centaines de personnes ont défilé en silence de la grotte de Résidence Richelieu jusqu'au cimetière pour un moment de recueillement. La marche s'est terminée par une messe animée par le père Jérôme Pollayil Devassy, dans un climat de tristesse et de colère face à la violence qui continue de faire des victimes innocentes. Au fil du cortège, les participants brandissaient des pancartes dénonçant la violence et la drogue, avec des messages comme «non à la violence» et «protégeons nos enfants».
Anoushka Nalatambee, la mère de la petite Catalea, était inconsolable mais tenant fermement une pancarte malgré les larmes qui coulaient sur son visage. «Mo zanfan mank mwa. Mo zis anvi retrouv li, ser li dan mo lebra», a-t-elle confié, le coeur brisé. Le grand-père de Catalea, Judex, n'a pu conte- nir son chagrin et a interpellé les autorités, en particulier la ministre de l'Égalité des genres : «Il faut agir vite car aujourd'hui c'est notre petit ange Catalea, mais demain, ce sera peut-être un autre enfant qui s'en ira dans des circonstances tragiques. Il faut un fast track pour ces mères célibataires sans logement», a-t-il déclaré.
Les autorités face aux enjeux de la violence et de la drogue
Plusieurs personnalités politiques étaient présentes pour témoigner leur soutien aux proches de Catalea et à la communauté meurtrie. Kugan Parapen, junior minister à la Sécurité sociale, s'est dit choqué et a souligné l'urgence d'agir face à la montée de la drogue dans le pays. Il a rappelé que la question de la dépénalisation du cannabis avait été évoquée durant la campagne électorale et que des discussions étaient déjà en cours à ce sujet. De son côté, la ministre de l'Égalité des genres et de la Protection de la famille, Arianne Navarre-Marie, a abordé la précarité des mères célibataires sans logement.
Elle a annoncé qu'un plan d'action était en préparation pour répondre à ce problème, en collaboration avec le ministère du Logement : «Ce manque de logement provoque des problèmes sociaux. Nous allons proposer des solutions pour soulager les mères célibataires sans toit, en tenant compte des directives du président qui a récemment insisté sur la nécessité de construire plus de logements pour les familles.»
Le ministre délégué à la Pêche et à l'économie bleue, Fabrice David, a quant à lui insisté sur l'impact destructeur de la drogue dans la société : «Nous perdons toute une génération. Avec le gouvernement et les ONG, nous poursuivrons sans relâche notre combat contre le trafic et les trafiquants, car ces drogues détruisent notre pays.»
La mort tragique de la petite Catalea a bouleversé le pays. Cette marche blanche a été l'occasion pour la population d'exprimer son indignation face à la violence et à la drogue qui gangrènent les communautés. Désormais, les regards sont tournés vers les autorités, qui doivent transformer les promesses en actions concrètes pour éviter qu'un autre drame similaire ne vienne briser une famille.
Une question demeure : combien de petits anges faudra-t-il encore pleurer avant qu'un réel changement ne s'opère ?