Madagascar: Objectif «électrifier» 80% de la population à l'horizon 2030

En produisant de l’électricité pour les foyers, les entreprises et les services locaux, les mini-réseaux soutiennent l’autonomie et l’autosuffisance des villages.

À l'occasion du Sommet Africain sur l'énergie tenu en Tanzanie ce 27 janvier, un événement de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) destiné à accélérer l'accès à l'électricité sur le continent, Madagascar a présenté son Pacte national pour l'Énergie.

Cette feuille de route lie pour la première fois l'État, les bailleurs et le secteur privé dans une mise en oeuvre commune de la politique énergétique du pays. Le texte fixe un cap ambitieux en visant plus que le doublement, en seulement cinq ans, du nombre de bénéficiaires de l'électricité. Ce qui permettrait de passer de 36% de la population, actuellement, à 80% des 31 millions de Malgaches en 2030 et offrir ainsi à la moitié de la population un mode de cuisson propre ou amélioré.

7,2 milliard de dollars d'investissement sont mis sur la table à Madagascar pour atteindre les objectifs fixés par le Pacte. Des montants sans précédent, estime Olivier Jean-Baptiste, ministre malgache de l'Énergie et des Hydrocarbures, et à la hauteur des ambitions de l'État : accélérer l'électrification du pays, sans sacrifier l'accès à une énergie propre, fiable et abordable pour la population.

« Aujourd'hui, l'accès à l'électricité ne doit plus être un luxe réservé à une certaine catégorie de la population, c'est une obligation. J'appelle donc à la mobilisation des bailleurs traditionnels et d'autres bailleurs qui sont prêts à financer des projets, que ce soit des projets publics ou des projets privés. Il faut les aider à obtenir des dons, des prêts à taux concessionnels ».

Le secteur privé en pointe

Si plus d'1 milliard de dollars ont déjà été sécurisés par les bailleurs, le secteur privé est appelé à porter l'essentiel des financements avec 60% de l'investissement total attendu. La majeure partie de la population « électrifiée » le sera également grâce aux solutions du privé : onze millions de nouvelles connexions issues des mini-réseaux ou des kits solaires individuels doivent être atteintes d'ici à 2030, contre deux millions de personnes supplémentaires raccordées au réseau de la Jirama, la compagnie nationale d'électricité, sur la même période. Pour le ministre de l'Énergie, l'électrification des zones rurales portées par les opérateurs privés, doit être une priorité absolue.

« Aujourd'hui à Madagascar, à peine 15% du milieu rural a accès à l'électricité. Dans ces zones rurales, il y a actuellement deux-cents mini-réseaux et nous voulons aller au-delà de mille mini-réseaux. Donc il y a de la place pour des investissements publics, mais aussi et surtout privés, car ce sont les localités que la Jirama ne pourra pas connecter ».

Changement d'échelle

Au-delà du seul défi financier, l'enjeu central de ce pacte réside dans la capacité des opérateurs privés à passer rapidement à l'échelle en produisant davantage. Ces derniers, jusqu'alors contenus à des projets de plus petite capacité, devront pouvoir absorber les fonds conséquents mis à disposition et déployer les moyens logistiques suffisants pour des chantiers d'une dimension supérieure.

Madagascar continue par ailleurs de miser sur les centrales hydroélectriques de Sahofika et Volobe, deux projets jugés cruciaux pour mettre fin aux délestages dans la capitale et raccorder de nouveaux bénéficiaires au réseau national (ces deux projets représentent plus de 300 mégawatts). La réussite du Pacte national pour l'Énergie n'est toutefois pas conditionnée à l'avancée de ces projets, sur les rails depuis huit ans et freinés par des négociations tarifaires difficiles entre les investisseurs et l'État.

Selon le ministre de l'Énergie, les travaux n'ont pas débuté. « Nous sommes dans la phase du closing financier, qui est une phase importante dans la mobilisation des financements », assure Olivier Jean-Baptiste. En l'état, ces centrales ne devraient être mises en service qu'en 2031.

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