Tchad: Une cérémonie clôt la présence militaire française, la Turquie y installe ses drones

Le Tchad a célébré, vendredi 31 janvier au matin, la fin de la présence militaire française dans le pays, deux mois après la rupture des accords de défense entre les deux pays. Une cérémonie en présence du président Mahamat Idris Déby a été organisée sur la piste de l'aéroport de la base d'Adji-Kossé, dont est parti le dernier avion français la veille.

Tout au long de son discours, le chef de l'État tchadien a mis l'accent sur la souveraineté, rapporte notre correspondant à Ndjamena, Victor Mauriat. Selon Mahamat Idriss Déby, cette souveraineté est désormais pleinement retrouvée : « La souveraineté n'a jamais été un cadeau. Elle est une conquête le fruit de lutte de sacrifice et d'un engagement constant, nos ancêtres ont combattu pour nous offrir cette liberté. Pour que nous puissions vivre dans une nation indépendante fière et respectée. »

Face à l'ensemble des hauts personnages de l'État - allant des institutions régaliennes aux membres du Conseil national de Transition -, Mahamat Idriss Déby assure que le Tchad restera « ouvert » au dialogue avec la France : « En reprenant le contrôle total de toutes les bases militaires françaises établies dans notre pays, nous ne rompons pas nos relations avec la France. Mais nous mettons un terme à la dimension militaire de cette relation. »

Comme un symbole de l'unité nationale voulue par les autorités pour l'occasion, les deux leaders de l'opposition Albert Pahimi Padacké et Succès Masra ont assisté à la cérémonie.

Des drones turcs s'installent sur l'ancienne base française

Alors que l'armée française s'en va, RFI apprend au même moment que des drones turcs vont s'installer sur la base de Faya-Largeau. Les Turcs sont déjà présents dans cette ancienne base française et pourraient bientôt l'être à Abéché également.

Cela ne veut toutefois pas dire qu'il s'agit d'une présence militaire au sens propre. Car ce sont plutôt des techniciens qui y sont, soit des spécialistes chargés de mettre en oeuvre les drones aériens Bayraktar acquis par le Tchad. Les personnels déployés à Faya-Largeau sont donc des pilotes de drones ou encore des employés de Bayraktar.

Cette entreprise turque, dont le PDG est un proche du président turc Recep Tayyip Erdogan, a vendu de nombreux drones de moyenne altitude et de longue endurance en Afrique. Autant d'engins destinés à la surveillance des territoires mais qui peuvent aussi être armés.

Ankara, un partenaire privilégié des armées africaines

La Turquie devient un partenaire de plus en plus en privilégié des armées africaines. La nature ayant horreur du vide, la Turquie, qui a de grandes ambitions en Afrique, s'impose dans de nombreux pays avec une véritable maestria.

La force d'Ankara est de proposer des offres « tout compris » : des matériels militaires avec ses entreprises très concurrentielles - comme Bayraktar pour les drones ou Autokar pour les véhicules blindés -, des financements, des formations, mais aussi des débouchés aériens. Ces dernières années, Turkish Airlines a ouvert des dizaines de destination vers l'Afrique.

L'offre, séduisante, ne vient pas heurter le désir de souveraineté qui souffle en Afrique. Car en aucun cas la Turquie n'y déploie des troupes. Il s'agit d'une influence, un soft power réussi, notamment dans le très stratégique Tchad : Ankara l'a bien compris, car qui est au Tchad peut rayonner dans l'ensemble de l'Afrique.

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