Débarqué avant même d'avoir attaché sa ceinture. C'est le cas de le dire pour Dass Thomas, annoncé par le Premier ministre Navin Ramgoolam lui-même, il y a dix jours, comme le Chief Executive Officer (CEO) à venir d'Air Mauritius (MK). Comme lot de consolation, Dass Thomas reste membre du conseil d'administration reconstitué le 9 janvier.
C'est finalement André Viljoen, ancien dirigeant de la compagnie, attendu au pays dans quelques jours, qui sera aux commandes de la compagnie aérienne nationale. Sauf nouveau revirement.
Du côté du Prime Minister's Office, ministère de tutelle de MK, il nous revient que c'est une affaire de non-respect de règles à un tournoi de golf au gymkhana qui a fait tomber Dass Thomas. Le principal concerné aurait reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Aussi selon d'autres sources, ses liens fraternels avec le contesté Ken Arian, qui tente tant bien que mal de faire jouer ses connexions pour un come-back de ses protégés, auraient aussi joué en défaveur de Dass Thomas.
Plus est que, toujours dans l'entourage du PM, l'on fait ressortir que Dass Thomas, en tant que numéro 2 de Nash Mallam Hassam lorsque celui-ci était dans le cockpit de MK de 1996 à 2000, avait plutôt comme responsabilités les ressources humaines et pas la gestion même d'une compagnie aérienne. N'empêche que Dass Thomas a été le président du board de MK de septembre 2012 à novembre 2014, toujours sous le règne de Ramgoolam.
Dans un entretien accordé à Week-End le 19 janvier, le chef du gouvernement Navin Ramgoolam avait affirmé que Kishore Beegoo était son premier choix comme CEO de MK mais que celui-ci avait décliné l'offre, préférant le rôle de président. Précisant par la suite que Dass Thomas allait être le CEO car il «a choisi des personnes qui ont les capacités de faire redécoller Air Mauritius».
En dix jours, la donne a changé. Dans l'entourage du Premier ministre, l'on affirme que désormais Navin Ramgoolam mise beaucoup sur André Viljoen «qui avait fait bonne impression lors de son passage à MK, alors que la compagnie se relevait d'un scandale de hedging, et qui a aussi ensuite redressé Fiji Airways».
Il est aussi vrai que le PM n'oublie pas ceux qui ne l'ont pas lâché, voire «vendu», durant sa traversée du désert depuis sa première lourde défaite électorale de décembre 2014.
La nomination de Viljoen intervient donc alors que Navin Ramgoolam cherche à s'appuyer sur des figures qui lui sont restées loyales. Le cas de Viljoen est significatif, car son refus de témoigner contre Ramgoolam dans l'affaire Frank Gleeson - conseiller irlandais de Ramgoolam aussi surnommé Mr Sharp et lié à l'acquisition de six Airbus A350-900 - a pesé lourd dans la balance.
Cinq mois après l'installation du gouvernement Lepep mené par Sir Anerood Jugnauth, un communiqué officiel de MK, en date du 15 mai 2015, annonçait que Viljoen ne renouvellerait pas son contrat en tant que CEO et directeur du conseil d'administration.
André Viljoen connaît bien Air Mauritius. Lorsqu'il a occupé le poste de CEO de décembre 2010 à août 2015, il avait mis en place un plan de redressement en sept étapes. Il avait fait ses adieux de la compagnie en août 2015 et avait alors mis le cap sur les îles Fiji pour prendre les commandes de Fiji Airways comme CEO et Managing Director. Poste qu'il a occupé jusqu'à ce début d'année.
Avant cela, le Sud-Africain avait dirigé la South African Airlines, qu'il a quittée en 2004, soit deux ans avant la fin de son contrat et à un moment où la compagnie sud-africaine enregistrait de mauvais résultats financiers.