Les récentes et incessantes saisies de cannabis font de plus en plus sourciller la population aussi bien que les internautes sur les réseaux sociaux. Surtout ceux qui ont voté pour le changement.
Pas plus tard que lundi, 13 plants de gandia, mesurant entre 25 cm et 45 cm, ont été déracinés dans le spot appelé Bois-Noir sur l'île d'Ambre. C'était lors d'une opération menée vers minuit 10 par les officiers de la brigade antidrogue de la Mauritius Revenue Authority (MRA) aux côtés des limiers de la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) après avoir obtenu, plus tôt dans la soirée, des informations du personnel de la MIC.
Lors de la fouille sur place, les policiers ont découvert les plants dans des pots en plastique et bien qu'ils y soient restés cachés jusqu'à 6 heures du matin pour tenter de mettre la main sur le ou les cultivateurs, personne ne s'est pointé. C'est alors que les 13 plants ont été embarqués au poste de police de Poudre-d'Or avant d'être remis au quartier général de l'Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) en attendant d'être envoyés au Forensic Science Laboratory (FSL) aux fins d'analyses.
Vendredi dernier, c'est un fermier de Chamarel qui s'est fait prendre en possession de 50 plants qu'il cultivait, selon l'ADSU, en plein air. Or, depuis quelques jours, des vidéos circulent sur la Toile montrant les ravages que provoquent les drogues dites dures et celles à base de produits chimiques, qui se vendent à petit prix à ceux qui sont désespérés d'en consommer quotidiennement.
Selon les travailleurs sociaux et ONG qui militent en faveur de la dépénalisation, voire la légalisation du cannabis, bien que les images révoltent et laissent penser que la situation est récente, elle ne date, hélas, pas d'hier. Ce qui a récemment changé, c'est le fait que les membres du public ont tendance à exposer davantage les victimes de la toxicomanie lorsqu'ils croisent ces derniers en mode «zombie» dans les rues alors qu'auparavant l'on ne voyait ce phénomène qu'à l'étranger.
Danny Phillipe, travailleur social et responsable de l'ONG Développement, Rassemblement, Information et Prévention (DRIP), se dit dans l'attente de la concrétisation des promesses faites par le nouveau régime, conduit au pouvoir par une population, alors, dépassée. «Nou pe atann ki ena enn reaksion bann promes ti dir.» Il estime qu'au lieu de mettre autant l'accent sur la répression du cannabis «ti kav met li lor bann prodwi ki pe fer dega depi boukou banane kouma eroin ek simik parski kanabis pa fer dega sa.»
Pour le travailleur social, tous sortiraient gagnants si les autorités concentraient leurs efforts pour venir à bout des drogues ciblées qui font plus de ravages que celle qui a été diabolisée et qui contient de multiples bienfaits et ne fait aucun mort d'homme, selon la science. «Dan plas elikopter pe al eklat karo gandia ti kapav par exanp met tou zot zefor pou redwir sa linpak ki nou pe gagne ek simik la.»
Il concède et précise que la situation était déjà bien alarmante avant même l'arrivée du nouveau gouvernement. Toutefois, compte tenu de la situation, il a tenu à lancer un appel car les représentants des ONG ne se rencontrent plus, comme ils le devraient et faisaient, depuis les dernières élections générales. Cela fait deux mois, dit-il, que les organisations non gouvernementales du pays fonctionnent sans structure concernant la drogue car chaque régime au pouvoir en a une propre à ses principes.
Danny Philippe plaide pour que, de ce fait, le National Drug Secretariat continue de fonctionner le temps qu'il soit remplacé par le Select Committee annoncé dans le discours programme, car cela permettrait à ceux qui ont fait du combat contre la drogue leur métier de se réunir pour que continuent les échanges, partages et consultations afin de limiter la casse.