À l'issue d'un congrès extraordinaire, le Parti démocratique gabonais (PDG), l'ex-parti au pouvoir au Gabon, s'est doté d'une nouvelle direction, jeudi 30 janvier. Entouré de trois vice-présidents et d'une secrétaire générale en la personne d'Angélique Ngoma, Blaise Louembé a été désigné à sa présidence en remplacement d'Ali Bongo, qui occupait encore formellement la fonction. Mais alors qu'elle doit s'attacher à refonder la formation avec la présidentielle du 12 avril en toile de fond, la nouvelle équipe est déjà contestée.
En intégrant massivement les institutions de la transition au lendemain du coup d'État du 30 août 2023, les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG) ont évité sa désagrégation lors de la chute d'Ali Bongo. Mais aujourd'hui, avec la perspective du retour à l'ordre constitutionnel à la suite de l'organisation de nouvelles élections, la formation doit se réinventer. Intimement liée aux présidents Bongo père et fils, elle est à ce titre, en effet, honnie par de très nombreux Gabonais.
À cette fin, les dirigeants du PDG ont donc décidé de faire confiance à une nouvelle direction, à l'issue d'un congrès extraordinaire qui s'est achevé dans la soirée du jeudi 30 janvier. Le parti est désormais présidé par Blaise Louembé, un ancien homme de médias de 64 ans passé par plusieurs ministères qui est originaire de Koulamoutou, dans l'Ogooué-Lolo, là même où la formation a été fondée en 1968. Défini comme « consensuel et capable d'apaiser les tensions internes » par l'un de ses camarades, Blaise Louembé serait, en outre, resté proche du clan Bongo.
Si, à terme, celui-ci aura pour principale mission l'organisation d'un congrès ordinaire dans le but de refonder le parti, il devra avant cela résoudre la délicate équation que représente l'élection présidentielle du 12 avril pour le PDG, scrutin au cours duquel il devrait choisir de rallier le général Brice Oligui Nguema une fois celui-ci candidat, selon plusieurs observateurs.
Direction parallèle
Reste qu'au sein de la formation, ce probable alignement sur l'actuel président de la transition ne fait pas l'unanimité. Certains cadres emmenés par les ex-ministres Francis Nkea et Ali Akbar Onanga Y'Obegue le rejettent même catégoriquement et ont décidé de créer une direction parallèle, vendredi 31 janvier. « Nous avons décidé de constituer un directoire provisoire de redressement pour le retour à la légalité statutaire de l'organisation et du fonctionnement du parti pour mettre un terme à cette crise et rétablir l'ordre », déclare ainsi le second.
Résultat : 57 ans après sa création et à quelques semaines seulement d'une élection majeure, le PDG se retrouve pour la première fois coupé en deux avec, d'un côté, un groupe aux commandes depuis 10 mois dont les membres affirment être les héritiers d'Omar Bongo et, de l'autre, des cadres plutôt proches d'Ali Bongo qui disent vouloir rester fidèles aux statuts de la formation. Une scission face à laquelle le nouveau président Blaise Louembé entend, pour sa part, se montrer ferme : « Nous ne pouvons pas faire de la politique spectacle. Le parti est organisé. Nous prendrons donc les dispositions nécessaires pour pouvoir arrêter le désordre, arrêter la cacophonie », a-t-il ainsi répliqué.