Afrique Centrale: Rwanda - Assurer que l'aide humanitaire parvienne à Goma

communiqué de presse

Nairobi — Il faut rétablir d'urgence l'accès à l'aide et protéger les personnes déplacées

Les forces rwandaises et le groupe armé M23 responsable d'abus devraient d'urgence faciliter la livraison et l'accessibilité de l'aide humanitaire à la population de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les récents combats ainsi que les bombardements d'infrastructures médicales de la ville, dont le M23 s'est emparé le 27 janvier 2025, ont gravement limité l'accès à l'aide pour les personnes qui en ont besoin.

Les Forces rwandaises de défense (Rwanda Defence Force, RDF) et le M23 qui occupent Goma devraient immédiatement s'assurer que les civils, y compris les personnes déplacées, ne se voient pas refuser l'accès à des denrées essentielles à leur survie, telles que l'eau, la nourriture et les médicaments. Les forces occupant la ville devraient également faciliter un passage en toute sécurité vers les zones actuellement contrôlées par les forces congolaises pour les civils qui font le choix de quitter la ville.

« Les forces rwandaises et du M23 devraient urgemment apporter une réponse à la catastrophe humanitaire liée à l'arrivée à Goma de centaines de milliers de personnes déplacées qui ont fui les combats ces dernières semaines », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Toutes les parties au conflit devraient assurer à la population l'accès à de la nourriture et à des soins médicaux, et faire en sorte que les travailleurs humanitaires puissent se déplacer librement pour acheminer l'aide. »

Les forces du M23 et du Rwanda ont affronté les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et une coalition de milices responsables d'abus connue sous le nom de « Wazalendo » (« patriotes » en swahili), ainsi que les forces de maintien de la paix des Nations Unies et les forces des pays d'Afrique australe qui étaient déployées pour bloquer l'avancée du M23.

Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, compte normalement plus d'un million d'habitants et abritait déjà plus d'un demi-million de personnes déplacées avant les récents combats et l'arrivée de milliers d'autres personnes déplacées, selon l'ONU. Les combats à Goma ont interrompu les activités des agences et des organisations humanitaires, notamment celles qui fournissent une aide essentielle aux populations déplacées et vulnérables dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.

L'étendue des torts et préjudices causés aux civils et infrastructures civiles par les bombardements et les échanges de tirs à l'intérieur de la ville de Goma lors de l'offensive du M23, entre les 26 et 29 janvier, reste incertaine. Le nombre de morts à Goma est également encore inconnu. Les combats de ces derniers jours auraient fait au moins 2 800 blessés et 700 morts, selon l'ONU.

Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué qu'environ la moitié des patients soignés depuis début janvier étaient des femmes et des enfants. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a affirmé que des bombes ont frappé au moins trois camps pour personnes déplacées entre les 20 et 23 janvier, et que les abus commis contre les personnes déplacées avaient augmenté, y compris les meurtres, les actes de violence, les enlèvements et les arrestations arbitraires.

La situation humanitaire pourrait empirer du fait du démantèlement forcé de camps pour personnes déplacées par le M23, a déclaré Human Rights Watch. Dans la ville de Minova, au Sud-Kivu, située à environ 40 kilomètres de Goma, le M23 a démantelé des camps pour personnes déplacées et expulsé les résidents. Une source à Minova a affirmé à Human Rights Watch que le M23 a dit aux résidents de ne pas s'attendre à recevoir davantage de soutien et de retourner chez eux.

La plupart des camps pour personnes déplacées installés aux alentours de Goma ont été partiellement ou entièrement vidés, et on ignore si les plus d'un demi-million de personnes qui vivaient dans les camps auront de nouveau accès à une aide humanitaire. Les forces rwandaises et du M23 devraient s'assurer qu'aucune personne déplacée ne soit contrainte par la force de retourner dans un lieu où elle serait en danger, a affirmé Human Rights Watch.

L'organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a indiqué qu'elle soignait de nombreuses victimes blessées par des tirs d'armes à feu ou par des bombardements, que ses fournitures médicales avaient été pillées et que le 29 janvier, une balle avait traversé son bloc opératoire. Human Rights Watch a reçu des informations indiquant que deux autres hôpitaux - l'hôpital Charité, dans le centre de Goma, et l'hôpital Général de Référence Virunga, dans le nord-est de la ville, ont essuyé des tirs lors des combats. Il n'a pas encore été possible d'établir si ces hôpitaux avaient été pris pour cibles.

L'aéroport de Goma a été fermé après la prise de la ville par le M23, coupant Goma de réapprovisionnements essentiels. Le 28 janvier, des attaquants non identifiés ont pillé un entrepôt contenant des fournitures humanitaires, selon l'ONU.

Le prix de la nourriture a augmenté à Goma, où les denrées alimentaires se font rares. Un habitant a déclaré qu'il avait dû parcourir 10 kilomètres à pied et traverser la frontière avec le Rwanda pour acheter des denrées de base. Le 27 janvier, l'eau et l'électricité ont été coupées dans la ville. L'ONU a signalé que des habitants de Goma en avaient été réduits à boire de l'eau non traitée du lac Kivu jusqu'au 30 janvier, lorsque l'eau potable a été partiellement rétablie dans la ville. L'électricité a également été partiellement rétablie ce jour-là.

En vertu du droit international humanitaire applicable au conflit armé dans l'est de la RD Congo, il incombe à toutes les parties au conflit, y compris aux groupes armés non étatiques, de permettre et de faciliter le passage rapide et sans entrave de l'aide humanitaire vers les civils qui en ont besoin. Elles doivent respecter et protéger les travailleurs humanitaires, les entrepôts et tout autre outil utilisé pour les opérations de secours.

L'ONU, les organismes régionaux et les bailleurs de fonds devraient insister auprès du gouvernement rwandais et du M23 pour qu'ils s'assurent de la bonne santé et du bien-être des populations vivant sur les territoires qu'ils contrôlent, en conformité avec le droit international humanitaire et relatif aux droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Ils devraient exhorter toutes les parties au conflit à faciliter l'accès aux personnes qui fournissent une assistance humanitaire.

« La situation humanitaire à Goma est devenue de plus en plus grave pour des centaines de milliers de personnes depuis que le M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de la ville », a conclu Lewis Mudge. « L'ONU et les gouvernements concernés devraient faire pression sur ces forces pour s'assurer que l'aide vitale parvienne à toutes les personnes en danger. »

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