L'arrivée de la première voiture à Maurice, le modèle Dion Bouton, marque un tournant important dans l'histoire du pays. Importée de France par l'arrièregrand-père du père Philippe Goupille, un passionné de voitures, elle a débarqué à Maurice en 1901 à bord du paquebot des Messageries Maritimes, l'Iraouady. Le mardi 28 janvier, le 124e anniversaire de cet événement historique a été célébré au Port-Louis Waterfront, lors d'une cérémonie organisée par SOS Patrimoine en Péril, soulignant l'importance de cette première automobile dans l'évolution du pays.
Le véhicule a débarqué au front de mer de Port-Louis, là où se trouvait autrefois le quai. Pour cela, il a fallu retirer le bateau et transférer la voiture dans un chaland, qui l'a ensuite conduite jusqu'au front de mer, explique Christophe Leroux, vice-président de l'association SOS Patrimoine en Péril. Cette arrivée historique s'est déroulée dans un contexte de tension, puisque cela a eu lieu juste avant le passage d'un cyclone sur l'île. Le bateau transportant la voiture a d'ailleurs dû être réparé avant de pouvoir repartir.
À l'époque, les routes étaient en mauvais état. L'un des premiers trajets de la voiture a eu lieu entre Port-Louis et Beau-Bassin. Malgré les conditions difficiles des routes, ce premier voyage a été un succès. Ce n'est que deux ans plus tard qu'une deuxième voiture a été importée.
La voiture, fonctionnant à l'essence, a marqué une véritable révolution sur l'île, passant de la calèche au véhicule motorisé. A cette époque posséder une voiture était un luxe. Les habitants impressionnés se pressaient dans les rues pour observer ce nouveau moyen de transport. Dès qu'ils apprenaient qu'elle passerait à une certaine heure à Port-Louis, ils se rassemblaient le long de la route, impatients de la voir.
La cousine du père Goupille, se souvient que l'arrière-grand-père Goupille était un passionné de voitures. «Il avait une grande maison coloniale à Beau-Bassin, et chaque fois que la voiture démarrait avec la manivelle, tous les enfants se rassemblaient pour l'observer, émerveillés», raconte-t-elle. «Nous le remercions d'avoir lancé ce parc automobile qui, aujourd'hui, inonde l'île.»
Mardi, pour célébrer cet événement historique, deux voitures exceptionnelles ont été exposées au Port-Louis Waterfront : une Citroën de 1922 et une Bentley de 1935 (voir photo). Ces véhicules, avec un siècle d'écart par rapport à ceux d'aujourd'hui, illustrent les grandes différences dans leur conception : des carrosseries uniques et des formes variées, contrairement aux voitures modernes qui se ressemblent souvent. Même après un accident, leur apparence restait presque inchangée. Loin des technologies actuelles telles que les GPS et la climatisation, ces voitures témoignent d'une époque bien différente, soutient Christophe Leroux.
Les racines de notre histoire
Lors de la commémoration, des fleurs ont été jetées à la mer et les trompettes des bateaux ont retenti, soulignant la solennité de l'événement, suivi de la coupe du gâteau. Pour le père Philippe Goupille, il est essentiel de rappeler les racines de notre histoire. Ce moment marquant le 124e anniversaire inaugure également les préparatifs pour la célébration des 125 ans de l'arrivée de la première voiture sur l'île, prévue pour l'année prochaine.
Ce moment historique sera célébré en grande pompe, avec, très probablement, un mémorial au front de mer pour immortaliser l'arrivée de ce véhicule. Une équipe composée d'importateurs de voitures neuves, de représentants du ministère des Transports et de SOS Patrimoine collaborera à la mise en oeuvre de cette commémoration en 2026.
Osman Mahomed, ministre des Transports, salue, pour sa part, cette initiative en préparation du 125e anniversaire et évoque les défis liés à l'augmentation des ventes de voitures et à la gestion du trafic. «En janvier, il y a eu un grand nombre de ventes de voitures. Le gros problème, c'est comment gérer tout ça, un vrai casse-tête. Dès l'ouverture du nouveau pont SAJ, le trafic à Port-Louis a beaucoup ralenti. Il va falloir gérer tout ça», a-t-il déclaré.
