Afrique: Africa CDC appelle à une action immédiate pour protéger des vies face à l'escalade des crises sanitaires et sécuritaires

communiqué de presse

Addis Abeba, Éthiopie — L'Afrique est confrontée à une convergence sans précédent de crises menaçant d'anéantir des décennies de progrès en matière de sécurité sanitaire. Le nombre d'urgences sanitaires sur le continent a explosé, passant de 153 flambées épidémiques en 2022-2023 à 242 en 2024, augmentant ainsi le risque d'une nouvelle pandémie émergente en Afrique.

Parallèlement, un changement dans les priorités mondiales a conduit de nombreux pays riches à se replier sur eux-mêmes, réduisant l'aide au développement pour privilégier leurs besoins nationaux, notamment avec l'annonce d'une suspension de 90 jours de l'aide étrangère américaine.

Les conséquences sont alarmantes. Selon les projections d'Africa CDC, sans intervention urgente, ces contraintes financières pourraient inverser les progrès réalisés en matière de santé, ramenant les taux de morbidité et de mortalité à ceux du début des années 2000. On estime que 2 à 4 millions de décès supplémentaires par an pourraient survenir en raison de maladies évitables et traitables. Ce lourd bilan humain entraînerait également des pertes économiques massives, coûtant des milliards de dollars à l'Afrique et plongera environ 39 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté. Il ne s'agit pas seulement d'une crise africaine, mais d'une crise mondiale en devenir.

Africa CDC n'est pas restée silencieuse. Dès l'annonce de la suspension des financements américains, nous avons immédiatement engagé le dialogue avec l'administration américaine. Notre Directeur Général, S.E. Dr Jean Kaseya, a porté ce message sur des plateformes mondiales, y compris CNN, plaidant pour une exemption permettant la poursuite des aides humanitaires vitales. Grâce à cette intervention, une dérogation a été accordée, garantissant la continuité des interventions essentielles. Mais ce n'est qu'une bataille parmi tant d'autres. Cette situation doit être un signal d'alarme pour les dirigeants africains afin de mettre en oeuvre des mécanismes de financement innovants et d'accroître les investissements nationaux dans la santé publique.

Alors que l'Afrique s'efforce de protéger ses populations, la paix reste l'élément manquant. Nulle part cela n'est plus évident qu'à Goma, dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Il ne s'agit pas seulement d'un problème de sécurité, mais d'une véritable urgence de santé publique. Goma, ville de trois millions d'habitants, dont un million de personnes déplacées, affiche l'une des densités de population les plus élevées au monde--39 620 personnes par kilomètre carré--sans infrastructures de santé adéquates ni services de base tels que l'eau, l'assainissement et l'hygiène.

Ces conditions extrêmes, combinées à l'insécurité et aux déplacements massifs, ont favorisé la mutation du virus Mpox, donnant naissance au variant mortel Clade 1b en 2023. Cette souche a déjà causé la mort de milliers d'enfants et de jeunes et se transmet fortement par voie sexuelle. Goma est devenu l'épicentre de la propagation du Mpox dans 21 pays africains, y compris les États membres de la SADC et de la EAC. Ces mêmes conditions ont également alimenté des épidémies généralisées de rougeole et de choléra, entraînant des milliers de décès.

Africa CDC a travaillé sans relâche pour sécuriser des vaccins contre le Mpox et d'autres produits de santé essentiels pour Goma et l'est de la RDC. Mais sans paix et sécurité, ces fournitures ne peuvent pas atteindre les enfants et les mères qui en ont le plus besoin.

"Je suis prêt à me rendre sur place moi-même pour garantir la livraison de ces interventions vitales--mais nous avons besoin d'un accès sécurisé", a déclaré S.E. Dr Jean Kaseya, Directeur Général d'Africa CDC. "À mes homologues africains : mettons fin à cette guerre inutile. Si nous n'agissons pas, ce ne sont pas les balles qui nous tueront, mais les flambées épidémiques majeures et les pandémies qui émergeront de cette région, n'épargnant personne tout en ravageant nos économies et nos entreprises. Notre survie collective dépend d'une action urgente et décisive. Mettons fin à cette guerre. Choisissons la paix. Choisissons la vie. "

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